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Moyen-Orient - Tensions

Téhéran a repris l’enrichissement d’uranium à 20 %

L’Iran accuse Séoul de retenir « en otage » sept milliards de dollars.

Téhéran a repris l’enrichissement d’uranium à 20 %

Des installations nucléaires à l’usine de Fordo, à Qom. Atomic Energy Organization of Iran / Files/AFP

L’Iran a annoncé hier avoir repris de façon continue ses activités d’enrichissement de l’uranium à hauteur de 20 %, spectaculaire désengagement en matière nucléaire dans un climat de regain de tensions dans le Golfe.

Téhéran avait indiqué lundi avoir amorcé le processus destiné à produire de l’uranium enrichi à 20 % dans son usine souterraine de Fordo, à 180 km au sud de Téhéran, à rebours des engagements pris à Vienne en 2015 lors de la conclusion de l’accord international sur le nucléaire iranien.

Les cascades de centrifugeuses mises en route pour augmenter la teneur de l’uranium en isotope 235 sont rapidement montées en puissance. Désormais, « nous pouvons produire chaque mois 8 ou 9 kilogrammes d’uranium enrichi à 20 %, de façon à atteindre les 120 kilos (annuels) que la loi nous impose », a déclaré le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi.

M. Salehi faisait référence à une loi votée en décembre en riposte à l’élimination, fin novembre, dans une attaque attribuée par Téhéran à Israël, d’un physicien nucléaire iranien aussi vice-ministre de la Défense. Cette loi enjoint le gouvernement de reprendre immédiatement ses activités de production d’uranium enrichi à 20 %, que l’Iran avait accepté de suspendre lors de la conclusion de l’accord de Vienne.

Vive inquiétude européenne

Le gouvernement modéré-réformateur du président Hassan Rohani, principal artisan côté iranien de l’accord, s’était opposé à cette loi, mais avait dit qu’il n’aurait d’autre choix que de l’appliquer si elle devait entrer en vigueur.

Devant le refus de M. Rohani de la promulguer, Mohammad-Bagher Ghalibaf, le président du Parlement (tenu depuis février par les conservateurs), s’est saisi du texte et l’a publié au Journal officiel, comme le permet la législation.

« Nous notons avec une vive inquiétude les mesures prises par l’Iran (...) Cette action constituera un écart important par rapport aux engagements nucléaires de l’Iran (...) et nous allons redoubler d’efforts pour préserver l’accord », a réagi l’Union européenne, garante du pacte. L’accord avait été conclu après des années d’âpres négociations entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité – Royaume-Uni, Chine, France, Russie, États-Unis – plus l’Allemagne.

Il offre à l’Iran un allégement des sanctions internationales en échange d’une réduction drastique de ses activités nucléaires et d’un régime d’inspection strict de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) destiné à garantir que le pays ne cherche pas à se doter de la bombe atomique.

L’accord menace néanmoins de voler en éclats depuis que le président américain Donald Trump en a retiré son pays en mai 2018 avant de rétablir de lourdes sanctions économiques ayant plongé l’économie iranienne dans une violente récession et privant Téhéran des bénéfices qu’il escomptait du pacte.

En riposte, l’Iran s’est affranchi, à partir de mai 2019, de la plupart de ses engagements-clés pris à Vienne. Le gouvernement iranien estime néanmoins que la loi va à l’encontre des efforts diplomatiques pour obtenir la levée des sanctions américaines à la faveur de la prochaine arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden. Celui-ci a dit sa volonté de faire revenir les États-Unis à l’accord de Vienne.

Coûts supplémentaires

Téhéran affirme que ses mesures de désengagement sont réversibles immédiatement en cas de levée des sanctions américaines.

« Nous rendons hommage aux déclarations régulières des dirigeants iraniens sur leur volonté de revenir au plein respect des exigences de l’accord », avait réagi mardi Moscou, tout en reconnaissant que « des efforts et des coûts supplémentaires seront désormais nécessaires pour rendre le site de Fordo conforme aux dispositions de l’accord ».

À l’inverse, le département d’État américain avait qualifié la veille la montée des activités d’enrichissement de « chantage nucléaire » voué à l’échec.

La reprise de l’enrichissement à 20 % par l’Iran survient dans un contexte de tensions accrues dans le Golfe, et entre Téhéran et Washington à environ deux semaines de la fin du mandat de Donald Trump.

Les forces armées iraniennes ont annoncé avoir entamé hier le début d’un exercice « à grande échelle » de 48 heures impliquant des drones dans le centre du pays.

Lundi, les gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, ont arraisonné dans les eaux du Golfe un navire-citerne sud-coréen accusé par les autorités iraniennes de pollution maritime. Téhéran a accusé hier la Corée du Sud de retenir « en otage » sept milliards de dollars lui appartenant, tout en assurant que la saisie de ce bâtiment, le Hankuk Chemi, n’était pas une mesure de représailles.

« Nous ne sommes pas des preneurs d’otages, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii. Nous avons l’habitude de faire l’objet de telles accusations. Mais (...) c’est le gouvernement de Corée qui a pris en otage, sans raison valable, sept milliards de dollars à nous. »

Séoul demande la libération du navire et de ses 20 hommes d’équipage, et a indiqué qu’un destroyer transportant des membres de son unité de lutte contre le piratage était arrivé dans les eaux proches du détroit d’Ormuz où il « effectue une mission pour garantir la sécurité » des ressortissants sud-coréens.

Source : AFP

L’Iran a annoncé hier avoir repris de façon continue ses activités d’enrichissement de l’uranium à hauteur de 20 %, spectaculaire désengagement en matière nucléaire dans un climat de regain de tensions dans le Golfe.Téhéran avait indiqué lundi avoir amorcé le processus destiné à produire de l’uranium enrichi à 20 % dans son usine souterraine de Fordo, à 180 km au...

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