Le RDCL World réclame un « groupe de travail d’urgence » avec la BM et le FMI

Le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais dans le monde (RDCL World) Fouad Zmokhol a appelé hier, lors d’une visioconférence avec le directeur régional de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient Saroj Kumar Jha, la BM et le Fonds monétaire international à la création d’un « groupe de travail d’urgence ».

L’objectif de cette instance ad hoc serait de mettre en place un nouveau « plan de restructuration complet » pour le Liban, alors que celui-ci s’enfonce dans un marasme économique et financier « destructeur », a précisé l’entrepreneur, qui a accusé « des mains invisibles » de vouloir détruire l’économie du pays. Il a en outre demandé à la BM d’aider le secteur privé à élaborer « une vision d’avenir claire pour l’économie libanaise » dans le but de consolider des stratégies objectives et réalistes « pour affronter 2021 ». Il a enfin appelé à ce que « toute aide internationale aille directement aux mains des particuliers et des entreprises ciblées, sans passer par l’État sous peine de disparaître », faisant allusion à de possibles détournements d’aide humanitaire versée dans le sillage de la double explosion meurtrière qui a ravagé Beyrouth et son port le 4 août.

De son côté, Saroj Kumar Jha a donné un aperçu de l’actuel programme de soutien au Liban, insistant sur « l’aide à la pauvreté, à l’importation du vaccin contre le Covid-19 et à la reconstruction du port de Beyrouth », dévasté par une double explosion l’été dernier. Le directeur a aussi réitéré le vœu international de voir l’exécution des réformes soumises aux autorités libanaises pour une assistance technique de la BM, notamment via le plan d’action, en coordination avec l’Union européenne et les Nations unies, intitulé « 3RF – réforme, relèvement, reconstruction » lancé au début du mois, et ce dans le but de faire face « aux crises et aux défis économiques et financiers qui dominent le pays ».

Craignant que le taux de pauvreté au Liban n’atteigne les 60 %, Saroj Kumar Jha a informé qu’un « filet de sécurité sociale d’urgence aux familles les plus pauvres » était en discussion, alors qu’un rapport de l’Escwa (la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale) datant d’août dernier avait déjà établi qu’entre 2019 et 2020 le taux d’extrême pauvreté était passé de 8 à 23 % et que plus de 55 % de la population libanaise vivait désormais dans la pauvreté.

Le RDCL local favorable à la rationalisation des subventions

Le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL, une entité distincte du RDCL World), présidé par Fouad Rahmé, a discuté hier du plan de rationalisation présenté par le ministre sortant de l’Économie et du Commerce Raoul Nehmé, concernant les subventions sur les importations de produits stratégiques et de première nécessité par la Banque du Liban (BDL). Le ministre a notamment proposé de remplacer les subventions des produits par un financement direct aux Libanais.

Une rationalisation substantielle des mécanismes de subventions sur certaines importations, mises en place par la Banque centrale depuis octobre 2019, semble inévitable, alors que des pourparlers à ce sujet entre la BDL et le gouvernement vont bon train depuis plusieurs semaines. Pour tenter d’amortir le choc de la crise économique et financière du pays, ayant pour conséquence une dépréciation abyssale de la monnaie nationale et une inflation galopante des prix à la consommation, la BDL avait instauré ces mécanismes dès octobre 2019. Pour ce faire, elle avait ponctionné plusieurs centaines de millions de dollars par mois, provoquant un abaissement drastique de ses réserves, qui étaient déjà à un niveau critique à l’aube de la crise. Cette situation a obligé l’institution financière à annoncer à la fin de l’été dernier l’arrêt prochain des subventions et la nécessité de leur trouver une alternative.