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Sport - Voile

Vendée Globe : de beaux bateaux pas vraiment verts, mais durables

Vendée Globe : de beaux bateaux pas vraiment verts, mais durables

Les bateaux à voile du Vendée Globe sont des bijoux de technologie, dont la fabrication a toutefois un lourd impact pour l’environnement. Loïc Venance/AFP

Les bateaux à voile du Vendée Globe sont des bijoux de technologie, durables, mais leur fabrication a un lourd impact pour l’environnement. « Dès lors que les bateaux sont construits, globalement l’impact environnemental est faible. On avance poussé par le vent, on produit notre énergie renouvelable. Quand on ouvre plus grand ses yeux et qu’on s’intéresse à la fabrication, là ce n’est plus la même histoire », explique l’un des skippers du Vendée Globe, Stéphane Le Diraison (Time For Oceans). « Notre terrain de jeu, c’est la mer, la nature, on est ambassadeur de la mer, la voile porte des valeurs vertueuses pour l’environnement, on doit être à la hauteur », poursuit le marin.

Le Vendée Globe est la course mythique autour du monde en solitaire et sans escale – qui a lieu tous les quatre ans – et pour pouvoir réussir une telle aventure, il faut des bateaux performants et solides pour résister aux mers démontées et aux rafales de vents violents. Ces machines sont des Imoca, des monocoques de 18 m de long (60 pieds) pesant 6 à 8 tonnes, régis par une classe (la classe Imoca) qui établit un cadre de construction. « Les bateaux sont fabriqués avec du carbone, du titane, de l’aluminium, de l’inox. Ce sont des matériaux idéaux pour la solidité, la durabilité et le poids, de la même façon que sont construits les avions, les voitures, les trains », souligne le président de la classe Imoca, Antoine Mermod. « Quatre-vingt-sept Imoca ont été construits en 35 ans. Et ces bateaux naviguent toujours, ce sont des bateaux extrêmement durables parce qu’ils sont bien construits », défend-il.

Pour cette neuvième édition qui comptait 33 partants, huit nouveaux bateaux ont été fabriqués. Le plus ancien de la flotte date de 1998 (barré par Alexia Barrier/TSE-4myplanet) et participe à son sixième tour du monde. Mais comme le souligne un consultant Énergie Climat, qui a procédé à une analyse, « de la construction jusqu’à la phase d’utilisation du bateau » du navigateur Sébastien Destremau (Merci) engagé sur ce Vendée Globe, « 99 % des impacts ont lieu avant la course, et pas pendant vu que c’est un bateau qui avance à la voile ». « Sur la partie avant la course, on a environ 80 % qui concerne la construction du bateau, et 20 % les déplacements (du skipper et du bateau). Parmi les matériaux qui pèsent le plus, il y a la fibre de carbone qui a une empreinte carbone assez importante », détaille Hippolyte Reignier, consultant chez EcoAct. La société de conseil a calculé l’empreinte carbone de Destremau et son projet Vendée Globe sur deux ans. « On arrive à un bilan de 89 tonnes d’émission carbone », annonce Destremau. Selon Reignier, « c’est environ 10 fois l’empreinte carbone d’un Français sur une année ». Les chiffres officiels du ministère de la Transition écologique évoquent « 11 tonnes équivalent CO2 par habitant en 2018 ».

Stéphane Le Diraison, qui travaille activement pour construire « un bateau éco conçu » pour le prochain Vendée Globe en 2024, rappelle qu’aujourd’hui « la construction de ces bateaux est très polluante ». « On utilise des matériaux énergivores, il y a beaucoup de déchets, de consommation d’énergie pour le stockage, la chaîne du froid pour certains tissus, la cuisson des pièces à 120 degrés, des moules fabriqués à l’unité et ensuite détruits. Donc ça ne va pas. » Certains évoquent de nouveaux matériaux, moins polluants, comme la fibre de lin ou des procédés moins coûteux en énergie comme la cuisson par infusion. Mais tout cela n’est encore qu’en gestation et les nouveaux matériaux sont encore loin d’avoir fait leur preuve. « Leur fiabilité n’est pas suffisante pour moi pour me lancer sur un Vendée Globe », prévient Alexia Barrier. Architecte naval de renom, Vincent Lauriot-Prévost abonde : « Les autres matériaux par lesquels on pourrait les supplanter n’existent pas encore. La première chose à faire aujourd’hui pour donner une conscience de développement durable sur ces bateaux-là, c’est qu’il faut faire des analyses de cycles de vie par projet pour savoir de quoi on parle. Là où je vois ces bateaux-là très profitables pour l’environnement, c’est que grâce à eux on est capable d’innover, et on peut le transférer pour une utilisation grand public ou professionnelle pour concurrencer des modes de transports très polluants. »

La classe Imoca va imposer de mesurer l’impact carbone à la construction dès 2021.

Sabine COLPART/AFP

Les bateaux à voile du Vendée Globe sont des bijoux de technologie, durables, mais leur fabrication a un lourd impact pour l’environnement. « Dès lors que les bateaux sont construits, globalement l’impact environnemental est faible. On avance poussé par le vent, on produit notre énergie renouvelable. Quand on ouvre plus grand ses yeux et qu’on s’intéresse à la fabrication,...

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