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Le gouvernement opposé à un plan des députés contre l'AIEA


Le gouvernement opposé à un plan des députés contre l'AIEA

Un drapeau iranien. Photo d'illustration AFP.

Le gouvernement iranien est monté au créneau mardi contre une initiative du Parlement visant à contraindre Téhéran à mettre un terme aux inspections de son programme atomique après l'assassinat d'un physicien nucléaire. L'exécutif juge que ce plan n'est "ni nécessaire ni utile", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, lors d'une conférence de presse.

Déclarant vouloir réaliser les "objectifs" du "martyr [Mohsen] Fakhrizadeh", éminent scientifique iranien assassiné vendredi dans une attaque attribuée à Israël, le Parlement iranien a approuvé mardi les grandes lignes d'une initiative de loi intitulée "Action stratégique pour la levée des sanctions et la protection des intérêts du peuple iranien". Selon cette ébauche devant être précisée en commission, le texte enjoindrait au gouvernement de "mettre fin" aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et de "produire et de stocker au moins 120 kilogrammes par an d'uranium enrichi à 20%" en isotope 235 "pour les besoins pacifiques de l'industrie nationale". Ces deux dispositions iraient à l'encontre des engagements pris par la République islamique lors de la conclusion de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Dominé depuis les législatives de février par les conservateurs, le Parlement ne cesse de décrier la politique du président Hassan Rohani, un modéré, dont l'élection en 2013, avait ouvert la voie à cette percée diplomatique.

"Aucune indication"
L'accord de Vienne offre à Téhéran un allègement des sanctions internationales prises à son encontre à cause de son programme nucléaire controversé en échange d'une limitation drastique de celui-ci et de garanties, vérifiées par l'AIEA, destinées à prouver que l'Iran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique. Mais ce pacte menace de voler en éclats depuis que le président américain, Donald Trump, en a retiré unilatéralement les Etats-Unis en mai 2018, avant de rétablir et d'intensifier des sanctions économiques ayant plongé l'Iran dans une violente récession.

En riposte, la République islamique s'est affranchie progressivement depuis mai 2019 de la plupart de ses engagements clef pris à Vienne.

Selon le dernier rapport disponible de l'AIEA, publié en novembre, Téhéran enrichissait de l'uranium à un degré de pureté supérieur à la limite prévue par l'accord de Vienne (3,67%) mais ne dépassait pas le seuil de 4,5%, et se pliait toujours au régime hyperstrict d'inspection de l'Agence. "Personne n'aurait à gagner d'une diminution, d'une limitation ou d'une interruption du travail que nous faisons ensemble" avec les Iraniens, a déclaré lundi le directeur général de l'AIEA, à l'AFP à Vienne, "nous espérons bien que ce sera le cas de leur côté et [...] je n'ai reçu aucune indication comme quoi cela serait différent".

Photos inédites
Le renvoi des inspecteurs de l'AIEA et la reprise d'activités d'enrichissement à hauteur de 20%, niveau que pratiquait l'Iran avant la conclusion de l'accord de Vienne, risqueraient de renvoyer le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'ONU et de torpiller définitivement ce texte.

Le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, a relativisé devant la presse l'initiative des députés, rappelant que la seule institution habilitée à décider sur la question nucléaire était le Conseil suprême de la sécurité nationale et que ses résolutions devenaient "exécutoires après l'approbation du guide suprême", l'ayatollah Ali Khamenei. L'Iran a présenté Fakhrizadeh après sa mort, comme un vice-ministre de la Défense avec grade de général de brigade dans le corps des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.

Homme de l'ombre, le scientifique avait été dépeint en 2018 par Israël comme le chef d'un programme nucléaire militaire secret dont Téhéran a toujours nié l'existence. Semblant répondre à ces accusations, M. Khatibzadeh, a déclaré au contraire qu'il avait "été l'un des principaux assistants dans les coulisses, lors des discussions sur l'accord" de Vienne.

L'agence officielle Irna a publié mardi des photos inédites, non datées, montrant Fakhrizadeh décoré par M. Rohani en récompense pour sa "contribution" à l'accord de Vienne.

Ajoutant leur voix à un concert de protestations internationales, le Koweït et Bahreïn ont condamné lundi soir l'assassinat du savant, appelant chacun à une réduction des "tensions", afin de garantir la "stabilité" du Moyen-Orient.

Le gouvernement iranien est monté au créneau mardi contre une initiative du Parlement visant à contraindre Téhéran à mettre un terme aux inspections de son programme atomique après l'assassinat d'un physicien nucléaire. L'exécutif juge que ce plan n'est "ni nécessaire ni utile", a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, lors d'une conférence...