Le président libanais, Michel Aoun, a affirmé mercredi que la lettre qu'il a adressé la veille au Parlement pour discuter du désistement récent du cabinet de conseil Alvarez & Marsal, qui avait été chargé d'auditer les comptes de la Banque du Liban (BDL), est "totalement indépendante de tous conflits politiques", rappelant que si ce problème n'était pas réglé, le sauvetage du Liban serait compromis.
"La lettre adressée au Parlement à propos de l'audit juricomptable est totalement indépendante de toutes querelles et conflits politiques, que ce soit sur la forme ou le fond, car son objectif est de faire face à une tragédie nationale majeure", s'est justifié le président de la République. "Sans un règlement de l'audit juricomptable, il ne peut y avoir d'accord, ni avec les pays désireux d'aider le Liban, ni avec le Fonds monétaire international (FMI) et les institutions financières", a encore prévenu Michel Aoun.
"Enjeu national par excellence"
"La question de l'audit juricomptable est un enjeu national par excellence, et c'est le meilleur moyen de sortir de la crise dans laquelle nous vivons" a poursuivi le chef de l'Etat. "J'appelle les médias à comprendre cette réalité et à répondre aux appels à traiter ce dossier sensible avec la responsabilité imposée par l'intérêt national suprême".
Michel Aoun a tenu ces propos lors d'un entretien au palais de Baabda avec la ministre sortante de la Justice, Marie-Claude Najm.
L’audit de la BDL, et plus précisément son volet juricomptable, vise à remonter à la source des transactions passées par l’institution bancaire pour détecter d’éventuelles fraudes. Il constitue l'une des principales réformes réclamées par les pays donateurs. Son lancement effectif est l'une des clés du déblocage de l’assistance financière que le pays a sollicitée du FMI en mai, sans succès pour l’instant, alors que le Liban traverse une très grave crise économique et financière, et a impérieusement besoin d'injection de fonds. La Banque centrale avait toutefois refusé d'envoyer certains des documents et des informations demandés par Alvarez & Marsal, en invoquant le secret bancaire. Le cabinet en avait conclu qu'il ne parviendrait jamais à mettre la main sur ces documents, même à l'issue du délai supplémentaire de trois mois convenu le 5 novembre dernier, et a rompu son contrat avec le ministère des Finances vendredi dernier.
Dans sa missive de mardi, le chef de l'Etat estimait que l'audit juricomptable est "nécessaire" pour ne pas faire du Liban un Etat "failli" aux yeux de la communauté internationale. Le président du Parlement, Nabih Berry, n'a pas tardé à réagir, en convoquant une séance plénière, vendredi au palais de l'Unesco, afin de débattre du contenu de cette missive. Certains observateurs ont vu dans cette initiative du président Aoun un nouvel épisode dans le bras de fer qui l'oppose au chef du Parlement.
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Pourquoi avoir mené une politique qui ne pouvait qu’aboutir à cette impasse pendant plus de quatre ans alors? Pourquoi continuer à permettre le piétinement de la constitution et de déléguer son pouvoir à Berry pour décider des négociations des délimitations de frontières maritimes et du sort des audits tour à tour bloqués par les mêmes sans broncher? Pourquoi sa réaction est toujours rétroactive alors qu’elle se devait immédiate et sans hésitation ni recours pour remettre chacun à sa place et sauver le pays? Tant de questions auxquelles il doit répondre et comme seule réponse il nous débite des excuses plus graves que les raisons pour lesquelles il s’est toujours distingué par son inaptitude à la tâche qui lui incombe et son incompétence avérée depuis les première semaines de son mandat pour se déclarer impuissant tout en s’accrochant à son poste. POUR QUELLES RAISONS? Que personne ne nous parle de chaos ou de vide car on n’en est plus là depuis belles lurettes et si les bombes ne tombent pas les victimes se comptent par millions. Tout un peuple anéanti et appauvri qui n’a plus que l’humiliation comme raison de vivre en se demandant ce que pire veut bien dire. Phrase chère aux vendus et que les libanais continuent de craindre.
Sissi zayyat
14 h 10, le 26 novembre 2020