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Société - Tragédie du 4 août

« Nous voulons vivre, unissons-nous » : un chant que dédient de petits écoliers aux enfants victimes

L’hymne à l’espérance, à l’amour et à la paix sera diffusé en boucle sur les chaînes de télévision à partir d’aujourd’hui, à l’occasion de la fête de l’Indépendance.

« Nous voulons vivre, unissons-nous » : un chant que dédient de petits écoliers aux enfants victimes

Sur les gradins de l’amphithéâtre romain de Zouk Mikaël, les petits écoliers extériorisent leurs appréhensions en chantant l’amour et l’espoir en mémoire des enfants victimes de la double explosion. Photo DR

Des enfants chantent en toute innocence et sincérité leurs rêves d’amour, de paix et d’unité après le traumatisme que leur a fait vivre le cataclysme de Beyrouth le 4 août dernier. À regarder cette vidéo qui sera diffusée dès aujourd’hui sur les chaînes de télévision à l’occasion de la date symbolique de la fête de l’Indépendance, on est envahi par l’émotion, souhaitant ardemment que le cri du cœur des petits chanteurs soit entendu par les hommes politiques. « Nous voulons vivre, unissons-nous », tel est le titre de cette mélodie qui exhorte les responsables à réveiller enfin leur conscience pour relever le pays.

L’idée de la chanson germe au lendemain de la tragédie du port. Sur les petits bancs de Bébé câlin, une garderie tenue par Rita Abboud, les bouts de chou de trois ans gribouillent des dessins en rouge et noir, symboles de sang et de deuil. En dépit de leur vocabulaire réduit, ils évoquent des mots troublants, comme « fumée » et « peur ». Les éducatrices signalent le fait à Mme Abboud en lui envoyant une vidéo de la scène. « J’ai tout de suite compris que les enfants cherchent à exprimer leurs émotions », indique à L’Orient-Le Jour la propriétaire de la nursery. C’est que certains ont entendu l’explosion, d’autres l’ont vue à la télévision, ou encore écouté leur entourage en parler. Rita Abboud décide alors de « mettre des mots sur leurs sentiments » afin que, dit-elle, « leurs voix puissent parvenir aux cœurs et aux consciences ». Pour concrétiser son idée, la jeune femme contacte aussitôt Johnny Awad, chanteur et musicien. Elle lui propose d’écrire les paroles et la musique d’une chanson dans laquelle seraient mis en exergue le désir de vivre en paix et en sécurité, ainsi que la volonté d’oublier le drame et de penser à un avenir riant. Les enfants qui fréquentent son institution n’étant pas tous déjà capables de bien articuler, seuls deux d’entre eux sont choisis pour interpréter la chanson, aux côtés de seize autres enfants de quatre à huit ans, sélectionnés dans un casting organisé de bouche à oreille auprès d’une centaine d’écoliers. Souad Habka Jabre, maman d’un des deux enfants choisis à Bébé câlin, est journaliste auprès de la chaîne de télévision panarabe MBC. Plutôt qu’un CD, elle propose la réalisation d’un vidéoclip dont elle serait la productrice, raconte-t-elle à L’OLJ. L’idée enchante. Une équipe se met à pied d’œuvre, composée aussi de Carl Haddad, réalisateur, ainsi que de Charles Chelala, Gabriel Sacy et Fares Abou Malhab, respectivement en charge du mixage des voix, des arrangements musicaux et des enregistrements. Au piano et à la guitare, Raphael Sacy et Yves Chelala. Tous sont bénévoles. Accompagnés par Mme Abboud, les entraînements des petits chanteurs se déroulent en studio, dans les locaux de la garderie, ainsi que dans l’amphithéâtre romain de Zouk Mikaël.

Anges du ciel

En quelques semaines, le film est fin prêt. Il débute par une page noire silencieuse, sur laquelle Souad Habka Jabre a écrit au nom des chanteurs des paroles laconiques, dédiées à leurs congénères tués dans la catastrophe. Elle s’adresse dans le même temps aux enfants dont les parents ont été emportés ou se sont expatriés pour tenter de trouver un travail qui puisse garantir leurs besoins minimaux. « L’explosion vous a trahis, vous avez dit adieu au rêve d’enfance. Vous êtes privés de la chaleur de vos parents. Dans nos cœurs, vous êtes les anges du ciel (…). » Puis l’écran se colore de têtes blondes, de voix angéliques et cristallines, de dessins patriotiques, de paroles d’amour et de paix, et de paysages et sites libanais. Sur les gradins de l’amphithéâtre, les enfants font virevolter des drapeaux nationaux, chantant en français, arabe et anglais leur « amour » pour « ce beau pays qui nous est très cher ». « Nous voulons réaliser nos rêves sans peur ni destruction (…). Unissons-nous pour mettre fin à nos divisions (…) », les écoute-t-on chanter, avant qu’ils ne s’adressent aux responsables : « Politiciens et hommes de religion, la paix est notre espoir (…). »

Étayant ce cri, Rita Abboud exhorte les responsables à faire sortir le pays du « cercle vicieux » dans lequel il se trouve. « Il faut instaurer une matière scolaire à travers laquelle les enfants apprendraient à exprimer leurs avis et à prendre leurs décisions en toute indépendance, ainsi qu’à faire preuve de tolérance envers les autres », préconise-t-elle. Une éducation civique qui permettrait aux adultes de demain d’établir ensemble « un projet patriotique à long terme », conclut l’éducatrice.

Des enfants chantent en toute innocence et sincérité leurs rêves d’amour, de paix et d’unité après le traumatisme que leur a fait vivre le cataclysme de Beyrouth le 4 août dernier. À regarder cette vidéo qui sera diffusée dès aujourd’hui sur les chaînes de télévision à l’occasion de la date symbolique de la fête de l’Indépendance, on est envahi par l’émotion,...

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Belle jeunesse, belles promesses!

Henry Fournier

13 h 11, le 21 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Belle jeunesse, belles promesses!

    Henry Fournier

    13 h 11, le 21 novembre 2020

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