Israël a accusé vendredi le Liban d'avoir "changé" sa position sur la démarcation de leur frontière en Méditerranée ce qui pourrait conduire leurs pourparlers à une "impasse" et ainsi freiner la prospection d'hydrocarbures offshore dans la région. Les deux voisins, officiellement toujours en guerre, avaient achevé la semaine dernière un troisième cycle de négociations sous l'égide de l'ONU et des États-Unis, avec à l'horizon un quatrième round prévu début décembre.
"Impasse"
"Le Liban a changé sa position à plusieurs reprises sur sa frontière maritime avec Israël. Sa position actuelle contredit non seulement sa position précédente, mais aussi la position du Liban quant à sa frontière maritime avec la Syrie qui prend en considération les îles libanaises près de la frontière", a tweeté vendredi matin le ministre israélien de l'Energie, Yuval Steinitz.
"Quiconque veut une prospérité régionale et développer de manière sûre les ressources naturelles doit maintenir le principe de stabilité et résoudre ce différend en se fondant sur les lignes (de démarcation) présentées par Israël et le Liban à l'ONU", a poursuivi le ministre israélien. Selon M. Steinitz, "toute déviation" de ce principe risque de mener "à une impasse", voire une "trahison" de l'objectif d'une paix régionale.
Démenti de Baabda
Réagissant aux propos du ministre israélien, la présidence libanaise a démenti les allégations de Yuval Steinitz selon lesquelles le Liban "a changé sept fois de position sur la question des frontières maritimes sud", jugeant celle-ci "sans fondements".
"La position du Liban est cohérente en ce qui concerne la question de la démarcation maritime des frontières méridionales conformément aux directives formulées par le président Aoun à la délégation libanaise, en particulier en ce qui concerne l'exercice par le Liban de son droit souverain" ajoute la présidence dans son communiqué de presse.
La question des îles côtières
Lors d'une rencontre avec le chef de la force de l'ONU au Liban (Finul), dont une des bases à Naqoura (sud) accueille les pourparlers, le président libanais Michel Aoun avait déclaré jeudi que la démarcation de la frontière maritime devait se faire "sur la base de la ligne partant du point de Ras Naqoura selon le principe général connu sous le nom de ligne médiane et sans tenir compte des îles côtières" israéliennes.
Le Liban et Israël ont entamé début octobre des négociations sur une zone maritime contestée de 860 kilomètres carrés, selon une carte enregistrée auprès de l'ONU en 2011 mais que le Liban juge aujourd'hui erronée. D'après l'analyste libanaise Laury Hayatan, le Liban avait demandé une zone supplémentaire de 1.430 km2 plus au sud, s'étendant dans une partie du champ gazier de Karish qu'Israël a confié à la société grecque Energean.
Les déclarations de Michel Aoun viennent ainsi pour la première fois confirmer publiquement ces affirmations alors que celles du ministre israélien Yuval Steinitz exposent la position d'Israël selon laquelle la présence d'îles côtières israéliennes devraient couper court aux ambitions du Liban sur cette zone supplémentaire.
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Qui dit la vérité ?
Eleni Caridopoulou
17 h 58, le 20 novembre 2020