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Culture - Livres

Apprécier Musso, Solé, Khadra et Pappé en langue arabe

Quatre ouvrages de véritables ténors de la littérature étrangère en devanture des librairies libanaises.

Apprécier Musso, Solé, Khadra et Pappé en langue arabe

Petite virée dans le monde des lettres du Vieux Continent, avec l’auteur à succès Guillaume Musso et son opus Hayat al-kateb al-sirriya (Hachette-Antoine-Naufal, 262 pages, traduction de Ranial al-Ghazal), paru dans sa version originale sous le titre La vie secrète des écrivains.

Guillaume Musso, sans être un auteur de roman de gare, bénéficie d’un lectorat populaire immense. Il est déjà traduit en plus de quarante langues étrangères, c’est dire son succès et l’engouement pour ses livres.

Avec ce récit policier diabolique, l’auteur de La jeune fille et la nuit (paru déjà aussi en langue arabe dans la même maison d’édition) déploie toutes les ressources d’un imaginaire sans frontière. Thriller absolu qui met face à face un écrivain célèbre, retiré dans une île paradisiaque en Méditerranée, et une jeune journaliste intrépide et éprise de vérité et de transparence. Entre eux se profile un crime, celui de la mort d’une femme. Mine de rien, par-delà le clash des sentiments et des personnalités bien trempées, Musso rend là un bel hommage à la littérature d’inspiration policière, avec son don et son talent de raconter, avec brio, une histoire. Il tire les ficelles avec doigté, dose savamment le suspense et accorde opacité et mystère aux protagonistes dans une trame palpitante. La langue arabe apporte une originalité et un grain de lumière de plus…

Khalil ou le profil d’un terroriste…

Yasmina Khadra n’est pas une auteure, comme on pourrait le croire, mais bien le nom de plume de Mohamed Moulessehoul (si révolutionnaire dans le monde arabo-musulman quand on emprunte le prénom de sa femme pour s’en servir), un écrivain francophone d’origine algérienne, ex-officier de l’armée. Lauréat du prix des Librairies en 2006 pour son roman Les sirènes de Bagdad, les causes et les remous sociaux arabes ne le laissent pas indifférent.

Il y a deux ans paraissait son ouvrage Khalil, aujourd’hui traduit en langue arabe par Dima Ali Fakih (chez Hachette-Antoine-Naufal, 235 pages). Un portrait sans complaisance ni apologie inutile d’un terroriste.

Tandis que les Bleus électrisent le Stade de France, que les cafés sont pleins à craquer de supporters et croulent sous les encouragements pour un match qu’on veut gagnant, Khalil, explosifs à la ceinture, se prépare à commettre un abominable carnage. Qui est ce kamikaze, comment a-t-il été endoctriné, où sont la sagesse et la mansuétude humaines, comment éviter le pire, comment s’éloigner de la folie, de l’extrémisme meurtrier ?

Autant de questions aux réponses bien difficiles devant tant de dérapages et d’idéologies suicidaires, sanglantes, radicales. Un livre toujours d’une brûlante actualité, très à propos pour le monde arabe. Et servi dans la langue des pays du soleil, parfaitement dans son écrin d’origine dans ces pages analysant avec lucidité un monde déboussolé…

L’Égypte et ses personnages illustres…

Qui pouvait mieux parler non seulement de l’Égypte profonde, mais aussi des hommes qui ont dessiné et façonné son histoire, que Robert Solé, le plus inspiré et le plus fidèle des écrivains du pays des pharaons ?

Paru en 2007, son livre Ils ont fait l’Égypte moderne sort aujourd’hui, traduit en langue arabe par Adonis Salem sous le titre Woujouh Masr al-Haditha (Antoine-Hachette-Naufal, 324 pages). Un ouvrage documentaire et analytique, composé d’une série de portraits de ceux qui ont fait la modernité, la gloire, la renaissance et parfois un peu les écarts et dérives de l’Égypte actuelle…

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Une brochette prestigieuse de personnages hauts en couleur, aussi bien du monde de la politique que de la littérature, de la religion ou des arts. Figures de proue ou phares des foules comme Napoléon, sultan français sur les rives du Nil ; Ismaïl Bacha pour une Égypte au tempo européen ; Lord Cromer pour une Égypte à l’heure du thé anglais ; Hassan el-Banna ou le jugement selon la charia coranique; le roi Farouk pour une monarchie sans prestige ; Taha Hussein, l’aveugle qui guide au droit chemin ; Gamal Abdel Nasser, l’adoré des foules ; Oum Koulsoum, astre de l’Orient et voix des Arabes ; Naguib Mahfouz, l’homme de l’avant qui haïssait les voyages ; Boutros Boutros-Ghali, un copte dans la diplomatie égyptienne ; Hosni Moubarak, le pharaon délogé ; Abdel Fattah al-Sissi et ses manières martiales ; et Houda Chaaraoui ou quand le féminisme enlève le voile…

Autant de facettes d’une Égypte fascinante et éternelle, avec sa poussière, ses mendiants, sa démographie explosive mais aussi sa riche civilisation ancestrale. Tout cela avec l’éclat de la plume de Robert Solé. À qui la langue arabe apporte, là aussi, par-delà ses accents gutturaux, un parfum nouveau et pénétrant qui se marie si bien à la terre de Néfertiti et Toutankhamon…

L’histoire des terres occupées…

Akbar Sejen Aala al-Ard d’Ilan Pappé (347 page, Hachette-Antoine-Naufal) est la traduction arabe (par Adonis Salem) de l’ouvrage initial paru en langue anglaise sous le titre The Biggest Prison on Earth. Innovation et audace éditoriaux de publier en langue arabe un auteur israélien, issu d’un pays voisin hostile. Même si cet auteur controversé est considéré comme un avant-gardiste dans ses idées d’ouverture entre l’État hébreu et les pays arabes. Les choses changent et évoluent pour une compréhension pacifique plus large et une plus grande élasticité des rapports. Le nouveau et soudain rapport d’entente entre les Émirats et Israël semble renverser les données qui ont longtemps prévalu…

À soixante-cinq ans, cet historien israélien né à Haïfa fait partie des nouveaux penseurs qui ont pris la lorgnette critique pour une meilleure objectivité envers le monde arabe, afin de parler de l’histoire d’Israël et du sionisme. Ilan Pappé s’est exilé en Grande-Bretagne à la suite de multiples polémiques dues à ses écrits contestés et controversés. L’auteur de L’histoire moderne de la Palestine : une terre, deux peuples jette ici la lumière, dans un esprit incisif et une volonté de justesse de ton, sur les territoires occupés.

Un regard autocritique pour appréhender et comprendre une situation qui prête le flanc à beaucoup d’approches, de critiques pas forcément positives du côté des déclarations incendiaires des officiels de l’État de David, que l’écrivain scanne en toute objectivité. Ne craignant ni l’ire ni les attaques des détracteurs, l’analyste dénonce un programme d’occupation froidement calculé et exécuté.

Un livre intéressant à découvrir pour les lecteurs en langue arabe. Pour une argumentation à débattre, à approfondir, afin d’entrevoir un avenir différent, fait davantage de justice, de clarté, de clairvoyance, d’explication et de compréhensibilité.

*Les quatre ouvrages cités ci-haut sont édités chez Hachette-Antoine-Naufal et disponibles en librairie.

Petite virée dans le monde des lettres du Vieux Continent, avec l’auteur à succès Guillaume Musso et son opus Hayat al-kateb al-sirriya (Hachette-Antoine-Naufal, 262 pages, traduction de Ranial al-Ghazal), paru dans sa version originale sous le titre La vie secrète des écrivains.Guillaume Musso, sans être un auteur de roman de gare, bénéficie d’un lectorat populaire immense. Il est...

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