Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, s'est entretenu, mardi, pour la troisième fois en quatre jours, avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, au sujet de la formation du gouvernement, dans une "ambiance d'entente sur les progrès enregistrés jusque-là", selon notre correspondante à Baabda Hoda Chedid.
M. Hariri a quitté le palais présidentiel sans faire de déclarations et sans présenter au président une première mouture du cabinet qu'il compte former, comme l'avaient laissé entendre certains médias locaux avant la réunion. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, le chef du courant du Futur a proposé une feuille de route qui contiendrait la répartition des portefeuilles entre les différentes communautés mais sans noms et sans la distribution usuelle des portefeuilles entre les principales formations politiques. Selon ses informations, le principe de rotation des portefeuilles est désormais acquis, exception faite pour celui des Finances qui devrait rester entre les mains de la communauté chiite, comme le réclame le tandem Amal-Hezbollah. Ainsi, d'après Mounir Rabih, le ministère de l'Intérieur ferait partie de la part des chrétiens, et donc du président de la République, tout comme celui celui de la Défense et la vice-présidence du Conseil. Quant au portefeuille des Affaires étrangères, qui était ces dernières années détenu par des ministres affiliés ou proches du Courant patriotique libre fondé par le président et dirigé par son gendre Gebran Bassil, il reviendrait aux sunnites et au Premier ministre désigné. Selon notre correspondant, Moustapha Adib ou Amal Mudallali seraient avancés par M. Hariri pour ce poste. Egalement dans la mouvance aouniste depuis des années, le portefeuille de l'Energie resterait aux mains du CPL, selon notre correspondant qui parle d'un compromis conclu entre MM. Hariri et Bassil. Cette question n'est toutefois pas tranchée car il est possible, selon Hoda Chedid, que ce portefeuille soit accordé à la communauté arménienne, en accord avec le président Aoun. Des sources bien informées ont en effet fait état d'une réunion loin des médias, dimanche au palais présidentiel, entre le Premier ministre désigné et le chef du CPL.
Plusieurs responsables et observateurs s'attendent à une formation du gouvernement dans les prochains jours. Un pronostic optimiste que ne partagent pas d'autres sources qui estiment que d'autres difficultés peuvent surgir. L'ambiance reste floue d'autant que, depuis sa désignation de M. Hariri le 22 octobre, le leader sunnite ainsi que le président Aoun tiennent à préserver le secret des discussions pour éviter que quiconque vienne faire obstacle au processus, d'après Hoda Chedid.
En matinée, le président s'était entretenu du dossier gouvernemental avec le chef du Parti démocratique libanais, le leader druze Talal Arslane, ainsi que le ministre sortant des Affaires sociales et du Tourisme, Ramzi Moucharrafiyé, et l'ancien ministre Saleh Gharib.
Le chef de l'Etat a également reçu à Baabda l'ancien ministre druze Wi'am Wahhab. "L'atmosphère est positive et la formation du gouvernement est facilitée. Mais nous avons réclamé au président que le nombre de ministres soit relevé à vingt", a fait savoir M. Wahhab. Une option qui semble pour le moment privilégiée, selon Hoda Chedid.
"Nous étions contre la démission de Hariri"
Pour sa part, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, qui a prononcé un discours à l'occasion de la fête de la naissance du Prophète, a rappelé que le parti chiite était contre la démission de Saad Hariri en octobre 2019. Le numéro deux du Hezbollah a également fait savoir que son parti "espère la formation rapide du gouvernement, et que celui-ci obtienne la confiance la plus large possible de la part des groupes parlementaires". "Nous sommes positifs et ouverts aux actions qui permettent de former le gouvernement sur la base d'un programme économique, financier et social de sauvetage (...)", a-t-il ajouté.
Le député Kassem Hachem, membre du bloc parlementaire affilié au mouvement chiite Amal dirigé par le président du Parlement, Nabih Berry, a quant à lui fait savoir à la radio Voix du Liban que des discussions "sont en cours" concernant le principe de rotation des portefeuilles ministériels entre les différentes communautés, "sauf en ce qui concerne le ministère des Finances".
Vendredi dernier, au lendemain de sa désignation et à l'issue de ses concertations avec les différents groupes parlementaires, M. Hariri avait annoncé qu'il allait former un cabinet d'experts en vertu de la feuille de route française, annoncée le 1er septembre à Beyrouth par le président français Emmanuel Macron, pour tenter de sortir le Liban de sa grave crise économique et sociale. Saad Hariri, qui a déjà dirigé trois gouvernements, avait été poussé à la démission le 29 octobre 2019 par un mouvement de contestation inédit, lancé le 17 octobre de la même année. Les protestataires réclamaient le départ d'une classe politique inchangée depuis des décennies, accusée d'incompétence et de corruption. Le gouvernement dirigé par Hassane Diab, qui lui avait succédé à la présidence du Conseil, avait démissionné six jours après la double explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Moustapha Adib avait été désigné Premier ministre pour lui succéder mais a fini par se récuser fin septembre n'étant pas parvenu à former un gouvernement de "mission" tel que préconisé par Paris.
commentaires (7)
LOIN DES MÉDIAS...LOIN..TRÈS LOIN À HUIS CLOS. C'EST NORMAL..LES GENS NE DOIVENT RIEN SAVOIR, ILS NE SONT PAS CONCERNÉS. DE QUOI ILS SE MÊLENT ? LE GATEAU EST RÉSERVÉ AUX ZAIIM. LES PETITS GAS QUI MANIFESTENT PEUVENT CREVER.
Gebran Eid
22 h 11, le 27 octobre 2020