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Agenda - Hommage

Pierre de Saab, le charisme rassembleur

Tu avais rejoint l’école en classe de seconde, venant d’Égypte. Mais malgré ta réserve naturelle, tu t’étais rapidement intégré. La solidité de ton caractère et la profondeur de tes convictions ont fortement surgi quand, en terminale de philosophie, tu remportas le prix d’honneur de langue française en faisant la meilleure dissertation philosophique sur le sujet proposé par le comité de l’Association de l’amicale, sujet encore d’actualité aujourd’hui, et qui avait pour titre « Pour être tolérant, il faut être convaincu de ses propres croyances ». Tu devançais même Fadel Sidarous, lui aussi venu d’Égypte, qui avait obtenu une mention honorable, lui qui se destinait au sacerdoce et qui deviendra provincial.

Cette solidité de caractère te permettra, par la suite, dans ta carrière, de surmonter la descente aux enfers et t’aidera à laisser passer l’orage et reprendre pied dans tes affaires immobilières dans la principauté de Monaco.

Fidèle dans l’amitié, c’est à toi que revient le mérite d’avoir organisé, en 2002, la réunion de la promotion 62 que tu appelais, probablement à juste titre, « Illustre ». Tu fis rassembler au collège, quarante ans après, nos camarades qui avaient quitté le pays et s’étaient éparpillés sous d’autres cieux peut-être plus cléments, et ceux qui s’étaient obstinés à y rester. Du Canada, des États-Unis d’Amérique et de toute l’Europe, ils répondirent « présent ».

Cette réunion tu la réitéreras en 2012, pour le cinquantenaire.

Depuis ces retrouvailles tu pris l’habitude de revenir au moins trois fois par an au Liban, et c’est au restaurant Le Phénicien que tu aimais nous rencontrer à 13h30, généralement André et moi-même, mais souvent aussi avec Gaby et Joe.

Tu nous mettais au courant de tes projets et je me rappelle, tu as envisagé même, il y a trois ans, de réaliser un projet immobilier à Mar Mikhaël.

Désormais le poisson grillé n’aura plus le même goût. Cher ami, toi qui abordais la vie avec un détachement philosophique, ces derniers mois t’ont été pénibles, et j’ai souvent ressenti les douleurs que tu éprouvais quand on s’appelait au téléphone.

Visiblement tu attendais la mort avec la même philosophie que tu avais accepté la vie et je constatais que tu en avais assez de vivre. L’adversaire était très fort, tu baissais les bras et tu déclarais que la maladie avait fini par te vaincre.

C’est drôle que, comme un chêne, tu n’as jamais perdu tes racines. Tu as parcouru l’Europe où tu as mené le meilleur de ta carrière. Et pourtant c’est au Liban, et précisément à Baabda, le village de tes aïeux, que tu as programmé de te reposer pour l’éternité. Avais-tu en tête le dicton libanais « Le foin de mon pays, meilleur que le blé de l’étranger ? ». Tu as donc, avec stoïcisme, préparé ta demeure éternelle dans ce village et c’est là que tu as demandé à André de te bâtir un palais où tu reposerais pour toujours. Les habitants de Baabda qui se rendent à l’église du village se rappellent toujours du Comte de Saab Bâtisseur d’églises. Ils auront un Prince de Saab qui reposera désormais auprès d’eux dans leur cimetière.

Tu seras beaucoup plus proche de nous. Je te rendrai visite souvent, toi cet ami et ce frère qui va me manquer pour toujours.

Repose en paix dans le Christ.

Jean B. ESTA

Tu avais rejoint l’école en classe de seconde, venant d’Égypte. Mais malgré ta réserve naturelle, tu t’étais rapidement intégré. La solidité de ton caractère et la profondeur de tes convictions ont fortement surgi quand, en terminale de philosophie, tu remportas le prix d’honneur de langue française en faisant la meilleure dissertation philosophique sur le sujet proposé par le...