Najm a demandé à Paris et Londres d'envoyer "sans tarder" leurs rapports d'expertise

La ministre libanaise sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, a affirmé vendredi, alors qu'elle recevait une délégation de familles des victimes des explosions du port de Beyrouth, qu'elle avait demandé à Paris et Londres d'envoyer "sans tarder" leurs rapports d'expertise concernant la déflagration au procureur général près la Cour de justice, le juge Fadi Sawan, chargé de cette affaire. 

"Le juge Sawan attend toujours des rapports d'expertise de la part d'équipes étrangères, notamment française et britannique, a précisé Mme Najm aux proches de victimes. Ces rapports pourraient pousser le juge à "prendre des mesures et des décisions supplémentaires", a-t-elle indiqué. Dans ce cadre, elle a annoncé "avoir demandé aux parties concernées en France et en Grande-Bretagne de fournir au juge Sawan les rapports techniques préparés par leurs experts". 

La ministre de la Justice a par ailleurs qualifié de "logique" le temps pris par le procureur général près la Cour de justice pour faire son enquête, "étant donné l'ampleur de la catastrophe". 

Deux mois après le drame causé par l'explosion de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont pris feu dans un hangar du port où elles étaient stockées depuis 2014 et fait 202 morts et 6.500 blessés, l'enquête n'a toujours pas abouti et aucun résultat n'a été rendu public, dans un pays où la justice est souvent soumise aux pressions politiques. Les autorités ont rejeté les appels à une enquête internationale, mais des équipes d'experts ont assisté les autorités libanaises dans leur travail. Dans ce cadre, les enquêteurs du Bureau fédéral d'investigations (FBI) américain avaient indiqué en début de semaine ne pas avoir d'informations lui permettant de confirmer ou d'infirmer que les explosions étaient "accidentelles". 

Dans le cadre de l'enquête locale, une vingtaine de personnes ont été arrêtées, tandis que les audiences et les interrogatoires de ministres, d'anciens ministres et de hauts responsables sécuritaires se succèdent. Parmi les détenus, trois hauts responsables, sont actuellement en détention dans le cadre de l'enquête. Il s'agit du directeur des douanes Badri Daher, du directeur général des transports maritimes et terrestres Abdel Hafiz el-Kaïssi, et du directeur général du port Hassan Koraytem.