Les rebelles houthis du Yémen critiquent le PAM

Les rebelles houthis, accusés un temps d'avoir détourné les aides au Yémen en guerre, s'en sont violemment pris au Programme alimentaire mondial (PAM), couronné vendredi par le Nobel de la paix pour sa lutte contre la faim.

Le gouvernement du Yémen, où des millions de personnes sont au bord de la famine, s'est au contraire réjoui de l'attribution du prix au PAM sous la "sage et courageuse direction de David Beasley".

Pour les rebelles, "le PAM a largement échoué dans la plus grande mission pour laquelle il a été choisi (pour le Nobel), celle de combattre la faim", a dit à l'AFP un porte-parole des houthis Talaat Al-Sharjabi. Il a accusé cette organisation humanitaire des Nations unies de "ne pas être neutre dans la distribution de l'aide".

Le PAM a des relations difficiles avec les rebelles houthis accusés fin 2018 de "comportement criminel" et d'avoir vendu des produits alimentaires destinés aux civils. L'organisation a ensuite arrêté la livraison des aides dans les zones sous contrôle rebelle pendant deux mois et encouragé un processus de reconnaissance biométrique, afin d'éviter le détournement des aides. En 2019, le PAM est parvenu à un accord avec les houthis qui ont fourni des garanties assurant que l'aide irait aux civils.

Le chef du haut comité national d'aide yéménite, Abdel Raqib Fateh, a, lui, salué le "rôle crucial du PAM dans l'aide au Yémen" et sa capacité "à imposer ses conditions aux houthis et à mener à bien différents programmes".

Avec l'objectif de nourrir 13 millions de personnes par mois, l'opération du PAM au Yémen est considérée comme la plus vaste intervention d'urgence au monde. Le pays d'environ 29 millions habitants traverse la pire crise humanitaire dans le monde, selon l'ONU.