
Le journaliste libanais Naoufal Daou. Photo d'archives ANI
Les journalistes libanais Naufal Daou et Assaad Béchara ont été entendus mardi par le bureau de lutte contre les crimes cybernétiques, dans une nouvelle mesure qui vient confirmer le durcissement de la répression des libertés au Liban, notamment dans les milieux des opposants à la classe dirigeante.
"J'ai été convoqué devant le bureau de lutte contre les crimes cybernétiques, sans que l'on m'informe des causes de cette convocation", avait écrit ce matin sur Twitter Assaad Béchara, conseiller presse de l'ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, farouche opposant au Hezbollah et au mandat du président de la République, Michel Aoun. Naoufal Daou, lui aussi opposant proclamé du parti chiite et du chef de l'Etat, avait également confirmé sa convocation dans un message vocal partagé sur les réseaux sociaux.
Le collectif "Journalistes pour la liberté" a dans ce contexte organisé un rassemblement devant le siège du bureau de lutte contre les crimes cybernétiques, situé sur le boulevard Camille Chamoun.
A sa sortie d'audience, Naoufal Daou a affirmé que la convocation porte sur l'affaire des navires-centrales et fait suite à une plainte déposée, selon lui, en 2017 par l'ancien ministre de l'Energie, César Abi Khalil, qui est affilié au Courant patriotique libre, fondé par le président Aoun et dirigé par le député Gebran Bassil. L'Etat libanais loue depuis plusieurs années deux navires-centrales turcs pour augmenter la production de courant électrique. Ces contrats sont régulièrement accusés d'être entachés de corruption. L'option des navires-centrales est défendue par le CPL.
"Je ne veux pas aborder ce sujet en détail, car je souhaite le faire devant le tribunal des Imprimés. Mais clarifions les choses : il y a aujourd'hui un pouvoir autoritaire (...) qui veut faire taire le peuple libanais (...)", a dénoncé Naoufal Daou. "Le système judiciaire juge au nom du peuple libanais, et nous, en tant que journalistes, parlons au nom du peuple libanais, et ce n'est pas en nous opposant qu'ils régleront le problème. Le pouvoir de la presse, la quatrième autorité, complète le pouvoir judiciaire. Nous menons la même bataille contre la corruption", a-t-il ajouté. Il a conclu sur une note d'espoir : "Votre alliance tombera et notre alliance triomphera : l'alliance de la souveraineté du peuple libanais, de la justice et de l'autorité de la presse".
"La bataille n'est pas finie !"
Son confrère, Assaad Béchara, a prononcé un vibrant plaidoyer pour la liberté de la presse : "Les accusations proférées à notre égard ne nous font pas peur car nous n'avons rien à craindre. Je voudrais saluer tous les militants présents, tous les médias et leur dire de ne pas avoir peur car ce sont les plus lâches qui nous intimident. Je salue le Syndicat des rédacteurs en chef qui a publié aujourd'hui une déclaration qui est une véritable introduction à la question de la défense des libertés des médias. La bataille n'est pas finie !".
Naoufal Daou avait déjà comparu il y a quelques jours devant la police criminelle pour avoir critiqué l’introduction de médicaments iraniens sur le marché libanais, dans un tweet en début d’année. Dans ce contexte de répression des libertés, la ministre de la Justice sortante Marie-Claude Najm s'est prononcée jeudi en faveur d'une limitation du rôle du tribunal militaire, après la convocation de trois militants anti-pouvoir devant cette instance. Deux d'entre eux avaient annoncé qu'ils n'avaient finalement pas été convoqués devant ce tribunal, attribuant ce revirement sur la pression exercée par leurs soutiens sur les réseaux sociaux.
Je ne suis pas Libanais, mais Français ! Il y a maintenant 36 ans de cela, je suis venu dans votre pays en tant que Sous-Lieutenant de l'armée Française, époque de la FINUL et de la relève Diodon 5. Le temps a passé, je suis maintenant Officier Général, et je constate grâce à mes lectures de vos journaux que les problèmes au Liban existent toujours. C'est vraiment pas ce que votre beau pays mérite. Courage à vous...
21 h 24, le 29 septembre 2020