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Politique - Récusation d’Adib

Les responsables libanais se renvoient la balle, Macron démonte les rouages de la crise

Le président français affirme qu’il « laisse place à un sursaut » et que le Liban dispose d’une dernière chance de s’engager dans les réformes.

Dans une conférence de presse tenue à l’Élysée hier soir, le président français Emmanuel Macron a mis à nu et démonté tous les rouages de la crise libanaise, hommes et institutions, aussi bien sur le plan politique qu’économique. Il l’a fait au lendemain de la décision prise samedi par le Premier ministre désigné Moustapha Adib de se récuser et de renoncer à mettre en place le « gouvernement de mission » préconisé par la France. Une conférence de presse lors de laquelle le président français a fustigé la « trahison collective » de la classe politique libanaise, ajoutant avoir « honte » pour les dirigeants libanais (voir par ailleurs). Une conférence de presse au cours de laquelle il a également eu des mots très durs à l’intention du Hezbollah, qui « ne doit pas se croire plus fort qu’il ne l’est ». Ce parti « ne peut en même temps être une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban. C’est à lui de démontrer qu’il respecte les Libanais dans leur ensemble. Il a, ces derniers jours, clairement montré le contraire », a-t-il encore martelé.

L'édito de Élie Fayad

Distribution de claques... et de vérités

Et si, au final, le président français a affirmé qu’il « laisse place à un sursaut », que l’initiative française lancée le 1er septembre est toujours sur la table et que le Liban dispose d’une dernière chance de s’engager dans les réformes, il n’en a pas moins été d’une lucidité implacable sur les mécanismes de blocage « par corruption ou terreur » qui ont fait échec à l’initiative française.Réagissant aux critiques du président Macron, l’analyste politique Ghassan Jawad a affirmé, sur la chaîne al-Mayadeen (proche du Hezbollah) : « Quand le Français s’exprime comme l’Américain, il perd sa spécificité qui lui permettait de jouer le rôle de médiateur... » M. Jawad a également dénoncé « la tromperie d’un Emmanuel Macron/cheval de Troie, qui s’est caché derrière des rencontres avec Mohammad Raad ».

Constat d’échec

Le constat d’échec déploré par le président Macron remonte à samedi, date à laquelle le Premier ministre désigné avait annoncé, après en avoir informé le chef de l’État, qu’il renonçait à former le gouvernement. « Lorsque le processus a atteint ses étapes finales, il s’est avéré que l’accord sur la base duquel j’avais accepté cette mission ne tenait plus », a affirmé M. Adib, qui avait été désigné pour former le nouveau gouvernement le 31 août.

Le « changement de la base » sur laquelle il avait accepté sa mission de Premier ministre désigné est venu du tandem chiite qui, en opposition à l’initiative française, a insisté d’abord pour que le portefeuille des Finances soit attribué à une personnalité chiite, avant de décider qu’il nommerait tous les ministres chiites au sein du futur cabinet. Le différend, le leader du courant du Futur, Saad Hariri, avait tenté de le régler en faisant une concession et en acceptant que la communauté chiite conserve le portefeuille des Finances pour ce gouvernement, à condition que le chef du gouvernement désigne son titulaire. Mais la balle n’a pas été saisie par les deux formations chiites majoritaires qui ont continué de faire monter les enchères, poussant M. Adib à rendre son tablier.

Une nouvelle phase politique

Avec le départ de M. Adib, c’est une nouvelle phase de la vie politique, s’apparentant à un saut dans l’inconnu dans un Liban qui n’en finit plus de s’enfoncer dans la crise, qui s’ouvre. Globalement, après la récusation de M. Adib, les divers responsables politiques se sont contentés de se renvoyer la responsabilité de l’échec.

Du côté de la présidence de la République, l’on assure attendre les réactions des protagonistes au retrait de M. Adib, avant de décider de la prochaine étape. Samedi, le président s’était contenté de dire qu’il avait accepté la récusation de Moustapha Adib et qu’il prendrait « les mesures nécessaires prévues par la Constitution ».

Le même attentisme se fait sentir du côté de Aïn el-Tiné où l’on fait assumer à Moustapha Adib la responsabilité de l’impasse, dans la mesure où il a insisté pour se récuser, « en dépit des efforts menés par le président de la Chambre Nabih Berry, en coordination avec le chef du PSP Walid Joumblatt », à en croire une source berryste. Désormais, les milieux du président de la Chambre renvoient la balle de la prochaine phase aussi bien à Baabda qu’aux quatre anciens Premiers ministres sunnites.

Mais les anciens Premiers ministres semblent ne pas vouloir se prononcer sur ce sujet, du moins dans un proche avenir. « Le problème ne porte pas sur la personne du chef du gouvernement, explique à L’Orient-Le Jour Fouad Siniora. Le problème fondamental réside dans le fait qu’une partie bien définie n’en finit pas de commettre des atteintes à la Constitution et d’exécuter les agendas extérieurs. »

Hariri pas candidat

Le leader du courant du Futur, l’ex-Premier ministre Saad Hariri, a affirmé hier qu’il n’était pas candidat pour la formation du prochain cabinet. « Au vu des informations qui circulent dans les médias, le bureau de presse de Saad Hariri affirme que ce dernier n’est pas candidat à la formation du nouveau gouvernement », indique un communiqué publié dans la journée. Par ailleurs, M. Hariri a prévenu, sans toutefois les nommer, ceux qui ont entravé l’initiative du président Emmanuel Macron qu’ils allaient « s’en mordre les doigts de remords ».

Berry se défend

Pointé du doigt dans l’échec de l’initiative française, Nabih Berry s’est défendu samedi contre ces accusations, affirmant qu’il restait attaché à l’initiative française pour une sortie de crise au Liban. « Personne n’est plus attaché que nous à l’initiative française, mais quelqu’un l’a torpillée », a affirmé le président de la Chambre, selon un communiqué de son bureau de presse. « Les réformes sont au cœur de l’initiative française et c’est le gouvernement qui doit mettre en place ces réformes, une fois adoptées », a-t-il rappelé. « Je pense que toutes les formations parlementaires sont en faveur de ces réformes et le Parlement est celui qui est le plus enthousiaste pour les adopter. Nous restons attachés à l’initiative française et son contenu », a conclu Nabih Berry. Lequel Nabih Berry a été mentionné hier par M. Macron à plusieurs reprises : « Le choix de la démocratie et de l’intérêt du Liban ou celui du pire est, aujourd’hui, entre les mains du Hezbollah et du président Berry », a ainsi déclaré hier le président français.

La chape iranienne

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a pour sa part salué Moustapha Adib, « premier responsable libanais à démissionner lorsqu’il a réalisé qu’il ne pouvait pas agir selon ses convictions ». « Dorénavant, on ne peut plus former de gouvernement en dehors des principes fixés par M. Adib et pour lesquels il s’est récusé », a conclu Samir Geagea. « Sans le positionnement du CPL, nous ne serions pas aujourd’hui sous la chape du système iranien », a-t-il dit. « Il n’y a pas de salut à l’ombre de ce système destructeur qui cède face à la volonté du Hezbollah et de ses armes, a écrit de son côté le chef des Kataëb Samy Gemayel sur son compte Twitter. J’appelle chaque député à prendre une décision courageuse et à démissionner du Parlement, afin que le peuple libanais puisse sauver son avenir. »

Bassil : « Pas de préalables »

Le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, gendre du président Michel Aoun qui a fondé la formation, a quant à lui affirmé être « attaché à l’initiative du président Macron », appelant le chef de l’État français à « la maintenir, en ayant comme priorité la formation d’un gouvernement de mission (…) sans lier la formation du cabinet à des conditions préalables concernant sa taille ou sa forme ».

Le mufti jaafarite cheikh Ahmad Kabalan a pour sa part estimé que « la récusation de M. Adib est une catastrophe ». « Une fois de plus, nous disons que nous sommes attachés à l’initiative française à travers un gouvernement inclusif dans lequel sont représentées toutes les forces qui veulent vraiment des réformes et luttent pour l’unité de ce pays et son intégrité territoriale », a ajouté le dignitaire chiite.

Sur le plan international, le coordonnateur spécial de l’ONU pour le Liban, Jan Kubis, connu pour son franc-parler, a qualifié les dirigeants politiques d’irresponsables. « Quel degré d’irresponsabilité lorsque l’avenir du Liban et de sa population est en jeu! » a-t-il posté sur son compte Twitter.

Dans une conférence de presse tenue à l’Élysée hier soir, le président français Emmanuel Macron a mis à nu et démonté tous les rouages de la crise libanaise, hommes et institutions, aussi bien sur le plan politique qu’économique. Il l’a fait au lendemain de la décision prise samedi par le Premier ministre désigné Moustapha Adib de se récuser et de renoncer à mettre en place...

commentaires (8)

kollon yaani kollon des....Salopards

IMB a SPO

19 h 35, le 28 septembre 2020

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Commentaires (8)

  • kollon yaani kollon des....Salopards

    IMB a SPO

    19 h 35, le 28 septembre 2020

  • "... Bacille : « Pas de préalables » ..." -.- La crainte des sanctions?

    Gros Gnon

    14 h 16, le 28 septembre 2020

  • Chapeau Mr. Macron et oui le peuple libanais a peur du Hezbollah , ils ont des armes et peuvent détruire tout le Liban et les libanais mahla les israéliens

    Eleni Caridopoulou

    12 h 57, le 28 septembre 2020

  • IL A PARLE D,UNE SECONDE OPTION DU PIRE PROPOSEE DE FAIRE LA GUERRE AU HEZBOLLAH ET LE DETRUIRE QU,IL PREFERAIT N,EN PAS PARLER POUR LE MOMENT. MAIS C,EST AU HEZBOLLAH DE CHOISIR L,OPTION DE SAUVETAGE DU PAYS DU PLAN MACRON OU CELLE DU PIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 39, le 28 septembre 2020

  • Le Président Macron a compris que les dirigeants libanais sont des menteurs, des corrompus et des voleurs sous prétexte confessionnel. Et certains sont maîtres dans l’art du mensonge et de l’hypocrisie, il faudrait même introduire un concours de l’hypocrisie entre eux. Le Président Macron a honte pour nos dirigeants, le peuple vomit ces dirigeants. Si les sanctions ne sont pas appliquées et l’argent volé n’est pas restitué et comme la BdL n’a pratiquement plus de réserves, la révolution de la faim appuyée cette fois par les forces armées libanaises (FSI et armée) va tout balayer sur son passage, les prisonniers de Roumieh seront libérés pour être remplacés par tous ces dirigeants politiques coupables de vol et homicide au premier degré suite à l’explosion dévastatrice du 4 août

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 02, le 28 septembre 2020

  • Extraordinaire, tous sont d'accord avec l'initiative Française, tous veulent le meilleur pour le Liban mais selon les conditions de chacun ... ils sont et seront incapables de laisser un gouvernement indépendant voir le jour. Le pompon sont les déclarations de Berry grand manipulateur et menteur devant l'éternel.

    Zeidan

    08 h 09, le 28 septembre 2020

  • Heureusement qu'ils se disent tous "attachés à l'initiative française".... Qu'est-ce que ça serait s'ils ne l'étaient pas...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 36, le 28 septembre 2020

  • UN VRAI CIRQUE J'ATTEND AVEC IMPATIENCE LE PROCHAIN ARTICLE DE Mm HADDAD POUR ELUCIDER LES RAISONS DE CET ECHEC QUE TOUT LE MONDE ATTRIBUE A LA POSITION DES CHIITTES DONC DE NASRALALH, BERRY ETANT UN PION PORTE PAROLE ENTRE SES MAINS , LA VERITE SI Mm HADDAD REUSSIE CETTE FOIS CI A NOUS EXPLIQUER QUE CE N'EST PAS LES CHIITES QUI ONT GATEES LA SAUCE , apres la concession des sunnites sur le poste des finances )JE LUI TIRERAI MON CHAPEAU

    LA VERITE

    02 h 10, le 28 septembre 2020

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