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La Consolidation de la paix au Liban - Septembre 2020

Le Covid-19 et l’explosion : une intervention dans un contexte de crises multiples

Le Covid-19 et l’explosion : une intervention dans un contexte de crises multiples

Crédits Photo UNDP Lebanon Crédits Photo UNDP Lebanon

La pandémie de Covid-19 a représenté un défi pour les secteurs de santé partout au monde, faisant pression particulièrement sur les systèmes dont les ressources sont limitées. Au Liban, alors même que le pays était sur le point d’appliquer un nouveau confinement afin de limiter le nombre de cas en hausse après la réouverture des frontières, Beyrouth a été le théâtre d’une explosion le 4 août, qui a fait plus de 190 tués, 6 000 blessés et près de 300 000 déplacés. Les conséquences de cette déflagration ont accentué le défi auquel le Liban faisait face dans sa lutte contre la pandémie.

Celle-ci est parvenue au Liban alors même qu’une crise économique et bancaire aiguë avait débouché sur la formation d’un nouveau gouvernement, qui a pris en charge la réponse au Covid-19. Les défis initiaux étaient similaires à ceux de tous les systèmes dotés de peu de ressources : le système de santé du pays est fragmenté et en grande partie privatisé, concentré surtout dans les zones urbaines ; les quartiers sont densément peuplés par des foyers multigénérationnels ; la chaîne d’approvisionnement est majoritairement dépendante de l’importation . L’explosion du 4 août a mis davantage de pressions sur le système : six hôpitaux majeurs ont été gravement endommagés ; le défi de la densité populaire s’est accru en raison des milliers de déplacés ; et, enfin, la démission du gouvernement a mis en péril la crédibilité des efforts d’intervention et la capacité à mobiliser les différents secteurs.

L’approche libanaise consistait initialement en un confinement agressif, visant à améliorer les capacités du secteur de santé à faire face à la pandémie. Le pays a mis à l’arrêt les écoles, les garderies, les pubs, les clubs de sport et les grands magasins, gardant ses frontières hermétiquement fermées et sommant les citoyens de rester chez eux, alors même qu’il n’y avait que 99 cas au compteur. En dépit du succès de ces mesures initiales, avec un taux de positivité de 1,5 % et seulement 251 cas par million avant la réouverture des frontières, des voyageurs contaminés ont bientôt provoqué la formation de clusters dans les communautés. Suite à l’explosion survenue durant une deuxième phase de confinement, le taux de positivité a bondi de 2,1 % le 25 juillet à 10,5 % le 22 août, surchargeant très rapidement les unités consacrées aux malades du coronavirus.

Le défi actuel consiste à encourager un secteur privé dominant à accueillir des patients du Covid-19, au prix d’un fardeau financier croissant pour les hôpitaux : les équipements nécessaires, l’application des normes relatives aux installations et les équipements de protection personnelle (PPE) pour le Covid-19 sont coûteux ; la plupart des tiers-payants continuent d’exclure la couverture des soins pour les patients du Covid-19 ; la perte de revenus, due à la propension des patients à éviter les hôpitaux chargés de traiter le Covid-19, sont autant d’arguments financiers dissuasifs supplémentaires. De ce fait, les soins aux patients du Covid-19 se concentrent dans les hôpitaux publics, malgré la place prépondérante du secteur de santé privé. Alors que l’explosion a endommagé un grand nombre d’hôpitaux assurant des traitements du Covid-19, devenus par-conséquent partiellement ou totalement inopérants, les autres établissements qui ont accepté cette mission sont soumis à des pressions supplémentaires. Repenser l’amélioration des ressources des hôpitaux publics est crucial dans l’optique de toute planification future, tout comme le sont les mesures de motivation et de soutien au secteur hospitalier privé, y compris les négociations avec les tiers-payants pour les convaincre de couvrir les cas de Covid-19.

L’explosion a par ailleurs accentué un défi supplémentaire : les pays à faibles ou moyens revenus comptent essentiellement sur une chaîne d’approvisionnement étrangère, ayant peu de chance de rivaliser en ce qui concerne les ressources de première nécessité . Avec les interruptions répétées qui ont affecté cette chaîne d’approvisionnement, de multiples initiatives ont été lancées localement, incluant certains efforts de conception et de production de respirateurs et de PPE de base . De plus, les établissements de santé ont dû recourir aux standards de crise, notamment la réutilisation d’équipements et de PPE. Après l’explosion, le Liban a connu une affluence de donations d’équipements, d’hôpitaux de campagne et de PPE. Toutefois, la majorité des donations n’ont pas pris en considération les besoins à long terme, au-delà des soins apportés aux traumatismes aigus. En plus de cela, le flux de donations, auquel il faut ajouter le défi logistique de faire correspondre les équipements aux différents besoins, a mis en relief la nécessité de la création d’une unité centrale de gestion des désastres naturels, qui aurait pour mission de coordonner les efforts. Une telle unité était inexistante au Liban avant l’explosion.

Enfin, alors que l’utilisation de la télémédecine s’est considérablement développée à travers le monde, obéissant à des standards de pratique précis, son absence au Liban a été vivement ressentie durant la pandémie, surtout suite à l’explosion, alors que le compteur des cas grimpait drastiquement et que la charge de travail des hôpitaux endommagés était assumée par d’autres. Dans les pays où elle est disponible, la télémédecine a non seulement réduit l’exposition du personnel et des patients au Covid-19 , mais elle a compensé aussi certaines pertes de revenus résultant de la baisse de fréquentation dans de nombreuses cliniques. Quelques centres de santé au Liban se sont lancés dans la télémédecine durant la pandémie. Mais les standards de pratique et le cadre légal restent flous. De plus, l’absence de couverture de la télémédecine par les tiers-payants constitue un obstacle majeur à la généralisation de son utilisation.

Le Covid-19 représente une opportunité de repenser un système de santé aux ressources limitées, dont les pratiques et les politiques bien ancrées ont exposé les vulnérabilités. Des solutions à celles-ci doivent être trouvées, en vue de permettre à ce système de survivre aux crises, actuelles et futures.

La pandémie de Covid-19 a représenté un défi pour les secteurs de santé partout au monde, faisant pression particulièrement sur les systèmes dont les ressources sont limitées. Au Liban, alors même que le pays était sur le point d’appliquer un nouveau confinement afin de limiter le nombre de cas en hausse après la réouverture des frontières, Beyrouth a été le théâtre d’une...

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