
Photo d'illustration © Atomic Energy Organization of Iran/AFP / HO
Les signataires de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien se retrouvent à Vienne mardi sur fond de bras de fer avec les Etats-Unis qui veulent réimposer les sanctions à l'encontre de Téhéran et accusent les Européens de "s'aligner sur les ayatollahs".
L'Iran, la Chine, la Russie, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni pourraient vouloir présenter un front uni alors que Washington souhaite également prolonger l'embargo sur les armes expirant en octobre.
Les Etats-Unis ont claqué la porte de l'accord en 2018 et en riposte au rétablissement des sanctions unilatérales, Téhéran poursuit sa production d'uranium qui dépasse désormais de presque huit fois le seuil autorisé, selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) datant du mois de juin.
Le 21 août, Washington a formellement activé à l'ONU une procédure controversée pour réclamer le rétablissement d'ici un mois des sanctions internationales contre l'Iran, mais s'est immédiatement heurté au refus de ses alliés européens.
Le ton est monté comme rarement entre les deux rives de l'Atlantique, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo allant jusqu'à accuser la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne d'avoir "choisi de s'aligner sur les ayatollahs" au pouvoir dans la République islamique.
Cohésion
Dans ce contexte tendu, la cohésion entre les Iraniens, les Européens, les Russes et les Chinois avait souffert d'un manque de coopération de Téhéran avec l'AIEA, l'organisme onusien chargé de contrôler les activités nucléaires de l'Iran.
Depuis des mois, ce dernier réclamait de pouvoir pénétrer au sein de deux sites iraniens pour y mener des contrôles et l'Iran refusait, ce qui rendait la position des Européens de plus en plus difficile à tenir face à leur allié américain
Mais mercredi, l'Iran a fini par donner son feu vert à l'AIEA, se plaçant "globalement en phase avec le reste du monde alors que les Etats-Unis paraissent isolés", estime Mark Fitzpatrick, de l'International Institute for Strategic Studies.
Les inspecteurs de l'AIEA devraient rapidement pouvoir procéder à des prélèvements sur place et, selon un diplomate interrogé par l'AFP, il faudra "trois mois pour avoir les résultats d'échantillons". "Cela risque à ce moment-là d'être problématique avec les Iraniens", a-t-il ajouté.
Engagements de Téhéran
Selon le média Bloomberg, l'Iran a en outre récemment transféré des centrifugeuses, utilisées pour enrichir de l'uranium, dans un nouveau hall de sa principale usine de combustible nucléaire de Natanz, visée par un sabotage en juillet.
"Les activités nucléaires de l'Iran restent une source de préoccupation majeure pour les Etats qui se consacrent à la non-prolifération", estime Mark Fitzpatrick, et les grandes puissances devraient à nouveau rappeler mardi Téhéran à ses engagements de 2015.
L'AIEA, qui informe régulièrement ses Etats membres sur les activités nucléaires de l'Iran, doit publier un nouveau rapport dans le courant du mois de septembre.
La rencontre de mardi, officiellement nommée "réunion de la commission conjointe du plan d'action global commun (PAGC/JCPoA) sur le nucléaire iranien", est présidée par Helga Schmid au nom du Service pour l'action extérieure de l'Union européenne.
Des représentants des différents ministères des Affaires étrangères des six pays concernés y participent.
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