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L'UE rejette le résultat de la présidentielle, Loukachenko promet d'empêcher les "troubles"

L'UE rejette le résultat de la présidentielle, Loukachenko promet d'empêcher les

Le président du Bélarus Alexandre Loukachenko. Photo Andrei Stasevich/BelTA/Handout via REUTERS

L'Union européenne s'est dite mercredi "aux côtés" des Bélarusses et a rejeté le résultat de l'élection présidentielle ayant donné la victoire à Alexandre Loukachenko, qui a pour sa part ordonné aux forces de sécurité d'empêcher les "troubles" de continuer.

La crise au Bélarus a fait l'objet d'un sommet extraordinaire de l'UE à l'issue duquel le président du Conseil européen, Charles Michel, a promis des sanctions supplémentaires contre un nombre "substantiel" de dirigeants du régime responsables de "violences, de répressions et de fraudes électorales". L'Union est "aux côtés" du peuple bélarusse, a ajouté Charles Michel, la chancelière allemande Angela Merkel précisant aux journalistes que les 27 ne reconnaissaient pas le résultat de l'élection du 9 août. Alexandre Loukachenko, qui dirige le Bélarus depuis 26 ans, fait face à des manifestations quotidiennes dans son pays depuis ce scrutin, qu'il clame avoir remporté avec 80% des voix.

Avant ce sommet la figure de proue de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, avait appelé les Européens à rejeter le résultat "falsifié" de la présidentielle. "Les gens, qui sont allés défendre leur vote dans les rues de leurs villes partout au Bélarus, ont été brutalement battus, emprisonnés et torturés par le régime qui s'accroche désespérément au pouvoir", a souligné l'opposante de 37 ans réfugiée en Lituanie, estimant que M. Loukachenko a "perdu toute légitimité". Mais celui-ci campe sur ses positions et exclut toujours cette idée. Pour la deuxième journée consécutive, il a réuni mercredi son Conseil de sécurité, ordonnant de faire en sorte qu'il n'y ait "plus aucun trouble à Minsk" car "les gens sont fatigués, demandent de la paix et de la tranquillité". Il a également ordonné le renforcement des contrôles aux frontières, assurant que "des militants, des armes, des munitions ou de l'argent provenant d'autres pays entrent au Bélarus pour financer les émeutes".

"Affaire intérieure"

Les dirigeants européens avaient déjà exhorté mardi Vladimir Poutine à faire pression sur Alexandre Loukachenko, dont il est un allié essentiel, afin de favoriser le dialogue. Mercredi, Mme Merkel a précisé que le président bélarusse avait refusé de s'entretenir avec elle au téléphone. Fidèle à sa position, le Kremlin a une nouvelle fois estimé mercredi que la crise politique chez son voisin était "une affaire intérieure" au Bélarus et condamné les "tentatives d'ingérence étrangères".

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui accusé les Européens de chercher à "s'ingérer" pour faire avancer leurs propres intérêts "géopolitiques", voyant dans la crise "un combat pour l'espace post-soviétique". L'attitude de la Russie, le plus proche partenaire politique, économique et militaire du Bélarus, sera cruciale pour l'issue de la crise. Leurs relations traversent souvent des turbulences, M. Loukachenko estimant que Moscou cherche à faire de son pays un vassal. Avant l'élection, il avait même accusé des mercenaires russes arrêtés près de Minsk d'avoir voulu déstabiliser son pays, mais s'est depuis significativement rapproché de M. Poutine, qu'il a appelé plusieurs fois au téléphone. Sa rivale Svetlana Tikhanovskaïa, novice en politique, a bouleversé la campagne présidentielle en rassemblant des foules inédites à ses meetings et en obtenant le soutien d'autres opposants. Elle avait remplacé au pied levé son mari Sergueï, vidéo-blogueur en vue arrêté en mai après avoir fait acte de candidature. Accusé notamment de "troubles à l'ordre public", il encourt plusieurs années de prison.

Les protestations ont fait un troisième mort mercredi, un manifestant de 43 ans blessé par balle à la tête, selon ses proches et les médias locaux. Il avait participé le 11 août à Brest, dans le sud-ouest, à un rassemblement pendant lequel la police avait reconnu avoir tiré à balles réelles.

"Transition pacifique"

L'opposition a organisé le week-end dernier la plus grande action de protestation de l'histoire du Bélarus, 100.000 personnes y ayant participé. Elle a aussi appelé à un mouvement de grève qui a touché plusieurs secteurs clés de l'industrie. De nombreuses informations faisaient toutefois état de menaces ou de pressions sur les ouvriers des usines concernées, entraînant une baisse du nombre des grévistes par rapport au début du mouvement lundi.

Après l'élection du 9 août, quatre soirées de manifestations avaient été matées par la force. Bilan : au moins trois morts, des dizaines de blessés et plus de 6.700 personnes arrêtées, dont beaucoup ont dénoncé des passages à tabac et des tortures. L'opposition a formé un "Conseil de coordination" destiné à "faciliter la transition pacifique du pouvoir par le dialogue". Selon Mme Tikhanovskaïa, il "appellera immédiatement à une nouvelle élection présidentielle équitable et démocratique sous supervision internationale".

Alexandre Loukachenko a de son côté refusé mardi toute légitimité à cette instance et dénoncé une "tentative de s'emparer du pouvoir". Ce "Conseil de coordination", qui s'est réuni mercredi pour la première fois, comprend notamment dans son présidium la lauréate du prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch.

L'Union européenne s'est dite mercredi "aux côtés" des Bélarusses et a rejeté le résultat de l'élection présidentielle ayant donné la victoire à Alexandre Loukachenko, qui a pour sa part ordonné aux forces de sécurité d'empêcher les "troubles" de continuer.La crise au Bélarus a fait l'objet d'un sommet extraordinaire de l'UE à l'issue duquel le président du Conseil européen,...