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Moyen-Orient - Israël

En reportant l'annexion, Netanyahu perd des plumes à droite

"Il est tragique que Netanyahu n'ait pas saisi le moment, ni eu le courage d'appliquer la souveraineté ne serait-ce que sur un centimètre de la Terre d'Israël, mais la souveraineté sur les territoires de notre patrie viendra", lance Naftali Bennet.

En reportant l'annexion, Netanyahu perd des plumes à droite

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le 13 août 2020 à Jérusalem. Photo AFP / POOL / Abir SULTAN

La normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis suspend le projet d'annexion de pans de la Cisjordanie occupée, provoquant la grogne de colons juifs et de vives critiques au sein de la droite nationaliste qui appelle à remplacer Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre a peut-être "gagné quelques points chez les électeurs de centre-gauche, qui aiment les accords avec les Arabes, mais il a perdu plusieurs points avec sa base de droite" pour laquelle le "rêve" (de l'annexion) a "disparu" , résume le commentateur politique Ben Caspit dans les colonnes du quotidien Maariv.

Des réactions acerbes proviennent de la droite nationaliste, dépitée par la perspective d'un accord avec les Emirats qui fait "pause" sur l'annexion et maintient ainsi en vie, selon des analystes, l'idée d'un futur Etat palestinien viable aux côtés d'Israël. "Il est tragique que Netanyahu n'ait pas saisi le moment, ni eu le courage d'appliquer la souveraineté ne serait-ce que sur un centimètre de la Terre d'Israël, mais la souveraineté sur les territoires de notre patrie viendra", a lancé Naftali Bennet, dirigeant du parti nationaliste de droite radicale Yamina, qui siège dans l'opposition et tente de fédérer les colons.

Au coude à coude avec ses rivaux politiques pendant trois campagnes électorales, Benjamin Netanyahu avait avancé la carte de l'annexion pour tenter de séduire les électeurs de la droite radicale et les colons opposés à la restitution des territoires palestiniens conquis en 1967. Le gouvernement d'union dirigé par M. Netanyahu devait annoncer à partir du 1er juillet sa stratégie pour rattacher à Israël la vallée du Jourdain et des colonies juives de Cisjordanie occupée, conformément au plan du président américain, Donald Trump, pour le règlement du conflit au Proche-Orient. Mais l'accord historique entre Israël et les Emirats, annoncé jeudi à la surprise générale, vient tout chambouler.

"Ce mythe a disparu"

Les réticences affichées de Benny Gantz et Gabi Ashkenazi -- deux dirigeants de la formation centriste Bleu-Blanc, membre de la coalition gouvernementale -- contre l'annexion, ont "contraint Netanyahu à recalculer son coup" tout en tentant de trouver une façon de faire avaler une "pilule amère" à ses supporters, explique M. Caspit. Certes, M. Netanyahu a déclaré que l'annexion de pans de la Cisjordanie occupée était seulement "reportée" et qu'Israël n'y avait "pas renoncé".

L'analyse d'Anthony Samrani

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Mais aux yeux de Yohanan Plesner, directeur de l'Institut démocratique d'Israël, un centre d'analyse à Jérusalem, l'accord avec les Emirats "pourrait mener à une crise entre le Premier ministre Netanyahu, et plusieurs colons et supporters de la droite israélienne". Benjamin Netanyahu a fait du rapprochement entre Israël et le monde arabe son autre cheval de bataille, et cet accord, le 3e avec un pays arabe après l'Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994, implique de renoncer, au moins temporairement, à ses velléités expansionnistes en Cisjordanie occupée.

A la tête du conseil municipal d'Efrat, une colonie israélienne située près de la ville palestinienne de Bethléem, Oded Revivi, tempère sa déception. "Toutes ces années, les gens ont pensé que la paix avec les pays arabes ne pouvait se faire tant qu'il y avait une présence juive en Judée Samarie (nom donné par Israël à la Cisjordanie, NDLR) nous voyons que ce mythe a disparu, a été effacé" dit-il à l'AFP.

Selon lui, l'annexion n'a pas disparue. "Elle a été mise sur pause, personne ne sait pour combien de temps. Ca fait peut être 53 ans qu'on attend ça, peut-être plus de 2.000 ans, je suis sûr que ça va revenir sur la table et beaucoup plus vite qu'on ne le pense", dit-il.

"On ne peut ignorer les grands dangers que représente la relance du discours sur un état palestinien", affirme pour sa part Bezalel Smotrich, un autre député de Yamina, ajoutant que "pour faire face au danger, la droite devait présenter ici et maintenant une alternative" au leadership de Benjamin Netanyahu.

La normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis suspend le projet d'annexion de pans de la Cisjordanie occupée, provoquant la grogne de colons juifs et de vives critiques au sein de la droite nationaliste qui appelle à remplacer Benjamin Netanyahu.Le Premier ministre a peut-être "gagné quelques points chez les électeurs de centre-gauche, qui aiment les accords avec...

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