
"Nous sommes en faillite". Photo prise à Tripoli, au Liban-Nord, le 29 juillet 2020. REUTERS/Mohamed Azakir
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé lundi l'incapacité des autorités libanaises à "résoudre la crise économique et politique aiguë" tout en passant en revue tous les domaines relatifs aux droits de l'Homme dans lesquels l'Etat a failli à son devoir et n'a pas tenu ses promesses.
"Les autorités libanaises ne parviennent pas à faire face à la crise économique et politique aiguë qui met en danger les droits fondamentaux du peuple, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui en soumettant un rapport au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies avant le prochain examen périodique de sa situation en matière de droits de l'Homme", peut-on lire dans un communiqué de l'ONG publié sur son site.
HRW souligne que le Liban, "dont l'examen périodique universel devrait avoir lieu en janvier 2021, n'a pas progressé sur un certain nombre de recommandations qu'il a acceptées à la suite de son précédent examen en 2015". Un cycle d’examen est une période de quatre ans et demi au cours de laquelle tous les États membres des Nations Unies sont examinés.
"Le peuple libanais est privé de ses droits fondamentaux chaque jour tandis que les politiciens se chamaillent sur l'ampleur des pertes financières du pays et entravent les efforts de réforme", a déclaré Aya Majzoub, chercheuse à HRW. "Le Liban doit s'engager à entreprendre les réformes difficiles mais attendues depuis longtemps qui remettront son économie sur les rails et garantiront à tous les habitants l'accès aux soins de santé et à l'éducation."
Dans son communiqué, HRW passe en revue différents domaines où l'Etat libanais a failli à son devoir.
"Le Liban a soutenu les précédentes recommandations pour la protection des manifestants pacifiques. Mais les forces de sécurité libanaises, y compris l'armée, les forces de sécurité intérieure et la police du Parlement, ont utilisé une force excessive à plusieurs reprises contre des manifestants, en particulier à la suite du soulèvement du pays le 17 octobre 2019 - souvent en toute impunité, dénonce l'ONG. Le Liban continue de criminaliser les discours pacifiques et les poursuites contre les personnes exerçant leur droit à la liberté d'expression ont fortement augmenté depuis 2015".
"Alors que le Liban a honoré sa promesse de criminaliser la torture, la torture des personnes en détention est toujours courante. Le Liban continue de juger des civils - y compris des enfants - devant des tribunaux militaires. Au moins deux civils ont comparu devant les tribunaux militaires pour des accusations liées à leur implication dans le soulèvement du 17 octobre", peut-on encore lire.
HRW rappelle qu'en 2015, le Liban a reçu de nombreuses recommandations relatives à des dispositions discriminatoires à l'égard des femmes dans ses lois sur le statut personnel, la loi sur la nationalité et le code pénal. "Malgré la participation active des femmes à tous les aspects de la société libanaise, nombre de ces dispositions discriminatoires subsistent", ajoute l'organisation.
"Le code pénal libanais est toujours appliqué pour criminaliser les relations entre personnes de même sexe et les forces de sécurité ont interféré avec des événements relatifs aux droits de l’homme liés au genre et à la sexualité sur la base de fausses allégations de +moralité+, ajoute HRW. Les femmes transgenres au Liban sont confrontées à la violence systémique et à la discrimination pour accéder aux services de base, notamment l'éducation, l'emploi, les soins de santé et le logement".
HRW rappelle aussi que "le Liban n'a pas encore ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, même s'il avait promis de le faire lors de son dernier examen". "La réponse du Liban au Covid-19 a négligé les personnes handicapées, et les enfants handicapés ne peuvent pas accéder à l’éducation à distance sur un pied d’égalité avec les autres".
"Bien qu'il soutienne les recommandations précédentes visant à améliorer la situation juridique des travailleurs migrants et à prendre en particulier en considération la situation vulnérable des migrants dans le pays, le Liban n'a pas tenu sa promesse et n'a pas étendu les protections du droit du travail aux travailleurs domestiques, note HRW. Les conditions des quelque 250 000 travailleurs domestiques migrants au Liban se sont détériorées au milieu de la crise économique".
Pour finir, l'ONG indique aussi que "le secteur de la santé libanais a du mal à fournir aux patients des soins médicaux urgents et nécessaires pour leur survie en raison de l’incapacité du gouvernement à fournir aux hôpitaux privés et publics les fonds qu’il leur doit". "En outre, une pénurie de dollars a restreint l'importation d'équipements médicaux vitaux et conduit les banques à réduire leurs lignes de crédit. Les fournitures médicales, y compris les gants et les masques, sont rares, ce qui compromet la capacité du Liban à faire face à l’épidémie de coronavirus", conclut le communiqué.
Puisque que HWR aime tant se préoccuper des droits des êtres humains... il serait alors logique de leur part d'aider les réfugiés syriens à se reconstruire et à reconstruire leur pays chez eux... mais non bien sûr. Ils font coup double en les maintenant au Liban. On coule ensemble.
23 h 25, le 03 août 2020