Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Un peu plus

Pactiser avec l’ennemi

Pactiser avec l’ennemi

Photo Bigstock

Dans ce chaos où nous vivons en ce moment et où les alliances véreuses sont légion, nous ne savons plus vraiment qui sont nos amis et, notamment, qui sont nos ennemis. Dis-moi qui est ton ennemi, je te dirai qui tu es. Mais qui sont nos ennemis ? Et surtout, comment agir avec eux ?

Il y a les ennemis notoires. Ceux contre qui on se bat. Ce régime qui nous écrase et ces zaïms qui nous flouent jour après jour. Ces politiciens qui jouent avec nous comme avec des marionnettes. Il y a le gendre, ersatz d’Iznogoud ; l’autre gendre qui veut évincer son beau-frère et également prendre la place du calife en surfant sur la vague de la révolution ; le président du Parlement ; le Premier ministre et son gouvernement ; les 128 députés élus par le peuple qu’ils ont trahi ; les anciens chefs de guerre ; le gouverneur de la Banque centrale et les banquiers. À chacun son rival ou ses rivaux. Certains courbent encore l’échine depuis le jour où ils ont fait allégeance et s’en prennent aux autres ; il y a ceux et celles qui refusent tout compromis et il y a ceux qui ne se prononcent pas et qui sont (pour le moment) la majorité silencieuse. Qui est contre qui ? Qui est avec qui ? Et si on est contre l’un, cela veut-il dire qu’on est pour l’autre ?

Mais dans ce magma d’adversité, il y a aussi les amis et/ou alliés de nos ennemis. S’il est facile après le soulèvement du 17 octobre de savoir à qui l’on s’oppose, il est plus compliqué de mettre certaines de nos connaissances dans le grand panier du Kellon, yaani kellon. Qu’en est-il des enfants des politiciens, des enfants des banquiers ? Qu’en est-il des partisans chez qui on avait l’habitude d’acheter sa viande ou de faire son supermarché ? Qu’en est-il de tous ces gens que l’on fréquente depuis des années et qui, maintenant que les projecteurs sont tournés vers leurs familles, sont devenus également nos adversaires? Quel comportement devrait-on adopter avec ces personnes qui ont profité du système, de l’argent volé par leurs pères, leurs conjoint(e)s ou n’importe quel membre de leur famille ? Ceux et celles-là se sont rangés avec l’ennemi depuis toujours. Ils ont fait un pacte avec le(s) diable(s). Ont fait sortir leurs dollars du pays, ont fait des affaires (florissantes), se sont installés dans de beaux appartements et jouent avec notre argent depuis des lustres. Et au final, à travers leur mutisme, sont devenus complices d’une petite mafia qui gangrène le Liban.

Alors, doit-on les rayer de notre répertoire ? Doit-on les boycotter ?

Doit-on leur sourire quand on les croise et les saluer quand on se retrouve à la même soirée ? La limite entre l’amitié et notre intégrité est dure à traverser. Ces gens-là, nous les fréquentons et les aimons depuis des années, tout en sachant pertinemment comment et pourquoi ils se sont assis confortablement sur une fortune douteuse ou se sont retrouvés à un poste non mérité. Ces fils et filles de politicien et de banquier ;

ces conseillers et partisans ont, en quelque sorte, trahi notre confiance. Ils se sont joués de nous, ont bénéficié de leurs privilèges et subissent désormais les dommages collatéraux de la mise en abîme de leurs proches. Doivent-ils donc payer pour leur complicité ? Et doit-on juger ceux et celles qui n’ont pas coupé les ponts avec ces profiteurs parce qu’ils ont décidé de faire passer leur amitié avant la cause pour laquelle ils se battent ?

Cette situation est intrinsèquement compliquée. Elle nous impose des sentiments ambivalents. Elle nous fait rager lorsque la banque qui prend en otage notre argent est la propriété d’amis de longue date. Elle nous fait douter de la sincérité de ces amis qui se sont sûrement sucrés sur notre dos et qui, s’ils voyagent en jet ou se sont offert un bel appartement, c’est parfois à cause de notre crédulité, de nos mauvaises décisions et particulièrement grâce à la saloperie dont ils ont fait preuve.

C’est donc une question de loyauté envers nous-mêmes qui s’impose. Envers notre pays qui s’écrase de plus belle. C’est une question de fidélité à nos principes. De fidélité au pacte que nous avons signé, nous, avec la liberté, l’honnêteté et la justice. Chacun ses choix.

Dans ce chaos où nous vivons en ce moment et où les alliances véreuses sont légion, nous ne savons plus vraiment qui sont nos amis et, notamment, qui sont nos ennemis. Dis-moi qui est ton ennemi, je te dirai qui tu es. Mais qui sont nos ennemis ? Et surtout, comment agir avec eux ? Il y a les ennemis notoires. Ceux contre qui on se bat. Ce régime qui nous écrase et ces zaïms qui nous...

commentaires (3)

Il existe des ennemis à nos ennemis...Il est temps de refaire le tri et revoir le sens du mot "ennemi". L'ennemi est celui qui fait du mal à l'origine..Celui par qui le mal arrive. Non celui par qui la réaction arrive. Si un résident dans notre maison passe ses journées à insulter, menacer, lancer des pierres sur le voisin d'à côté... Le jour où le voisin va lancer des pierres en réaction...Il faudra savoir reconnaitre "celui par qui le mal est arrivé" et qui en est la cause? Celui là? C'est l'ennemi. L'autre qui réagit ? On s'en tape. Une fois le gars chez nous calmé; L'autre nous oubliera et c'est tant mieux. Ca sera réciproque mais au moins, on pourra nous occuper de nos affaires internes à ce moment, dans le calme.

LE FRANCOPHONE

00 h 41, le 26 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Il existe des ennemis à nos ennemis...Il est temps de refaire le tri et revoir le sens du mot "ennemi". L'ennemi est celui qui fait du mal à l'origine..Celui par qui le mal arrive. Non celui par qui la réaction arrive. Si un résident dans notre maison passe ses journées à insulter, menacer, lancer des pierres sur le voisin d'à côté... Le jour où le voisin va lancer des pierres en réaction...Il faudra savoir reconnaitre "celui par qui le mal est arrivé" et qui en est la cause? Celui là? C'est l'ennemi. L'autre qui réagit ? On s'en tape. Une fois le gars chez nous calmé; L'autre nous oubliera et c'est tant mieux. Ca sera réciproque mais au moins, on pourra nous occuper de nos affaires internes à ce moment, dans le calme.

    LE FRANCOPHONE

    00 h 41, le 26 juillet 2020

  • Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Il est temps que les libanais tranchent dans le vif pour exterminer ses ennemis. Ils ne nous laissent pas d’autres choix.

    Sissi zayyat

    11 h 23, le 25 juillet 2020

  • Un ami qui trahit, trompe, ment ou triche est-il toujours digne d’être appelé “ami”?

    PS

    08 h 34, le 25 juillet 2020

Retour en haut