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Économie - Crise

Pénurie d’essence et de mazout dans certaines régions

Pénurie d’essence et de mazout dans certaines régions

Des automobilistes se pressant dans une station-service à Hazmieh pour faire le plein hier. Photo P.H.B.

La plupart des stations-service de la Békaa, dans l’est du pays, et de Nabatiyé et Tyr, dans le Sud, ont fermé leurs portes hier en raison d’une pénurie de mazout due à un rationnement de la distribution, alors que le Liban vit depuis plusieurs semaines avec des inquiétudes concernant son approvisionnement en carburant pour des raisons essentiellement liées à la crise économique et financière. Une situation qui s’est déjà répétée plusieurs fois depuis le début de la crise en août dernier.

Selon des informations relayées dans les médias et confirmées par nos sources, la situation a commencé à s’étendre dans le Mont-Liban où de nombreux automobilistes se sont empressés de converger vers les stations-service en fin de journée pour faire le plein. Un automobiliste contacté par L’Orient-Le Jour a, lui, indiqué avoir dû passer par quatre stations-service avant d’en trouver une qui n’était pas fermée dans le sud du pays, tandis que plusieurs stations ont commencé à rationner la quantité de carburant fournie par véhicule.

Selon la chaîne locale LBCI, la situation est particulièrement critique dans l’est du pays, où le mazout, utilisé notamment pour les générateurs privés qui donnent du courant pendant les heures de coupure imposées par Électricité du Liban, ne serait disponible que sur le marché noir. Dans la journée, un pompiste a été agressé dans la seule station-service de Tyr encore ouverte par un conducteur de scooter qui a réussi à s’enfuir. Les forces de sécurité, qui se sont rendues sur les lieux, ont saisi la moto. Le pompiste, touché à la tête, a dû être transporté à l’hôpital. Après cet incident, la station a fermé ses portes. La Sûreté générale a, elle, annoncé dans la journée l’arrestation du propriétaire d’une station-service à Zahlé, accusé de vendre du mazout à un tarif plus élevé que le tarif officiel. Il a été déféré auprès du parquet financier, a précisé la SG.

Retard des banques

Mardi, le syndicat des propriétaires de stations-service au Liban, présidé par Sami Brax, avait annoncé qu’une prochaine livraison d’essence était attendue « jeudi prochain », citant des promesses du gouvernement. Il a une nouvelle fois demandé aux autorités de contraindre les sociétés importatrices de carburant à approvisionner le marché local et les stations-service selon les quantités et les tarifs officiels fixés par leurs contrats commerciaux.

Sami Brax les accuse depuis fin juin de rationner le carburant et d’imposer des tarifs excessifs pour sa vente. Pourtant, dans la matinée, le ministère de l’Énergie a fait savoir que les prix du carburant ont été abaissés de 200 livres libanaises de moins pour les 20 litres d’essence (95 et 98 octanes) et de 100 livres pour le mazout. Également membre du syndicat, Georges Brax (parent du précédent) a indiqué de son côté sur la radio La Voix du Liban que les sociétés importatrices de carburant avaient rationné l’approvisionnement aux autres membres de la chaîne de distribution en raison des « retards des banques dans l’ouverture des crédits » devant régler les fournisseurs, et appelé les automobiles à ne pas se ruer sur les stations-service.

La crise qui frappe les secteurs financier et bancaire – et dont les banques essayent en vain de minimiser leur part de responsabilité, qui est au moins égale à celle de la classe dirigeante – est à l’origine de plus en plus de difficultés que rencontrent les établissements du pays avec leurs banques correspondantes. Une situation qui a déjà commencé à affecter les modalités et le rythme des transactions entre le Liban et l’étranger. S’agissant du carburant, les Libanais doivent aussi composer avec la contrebande d’essence ou de mazout vers la Syrie – et les comportements de certains agents qui cachent du carburant en misant sur une hausse de son prix. Le prix des 20 litres d’essence 98 octane était fixé à 24 700 livres hier, contre 24 100 livres pour l’ordinaire et 16 200 livres pour le mazout, en baisses respectives de 200 (essence) et 100 livres (mazout) par rapport à leur niveau une semaine plus tôt.

Les centres d’inspection mécanique fermés hier

Les centres d’inspection mécanique dans toutes les régions du pays ont fermé leurs portes dans la matinée, ce à l’appel de l’Union des syndicats du transport public, qui a ainsi repris ses actions revendicatives suspendues le 9 juillet. L’Union exige notamment que le contrôle mécanique soit confié à l’État et non plus à une société privée.

« Nous n’avons plus d’État. C’est pour cela que nous menons cette action aujourd’hui et avons fermé les centres qui fonctionnent sans cadre légal depuis 2015 », a déclaré le président de cette Union, Bassam Tleiss, devant le centre de Hadeth (Baabda). « Nous ne voulons plus de promesses », a-t-il ajouté, ajoutant que l’inspection mécanique est, sur le papier en tout cas, dans le giron de l’État depuis 2020. Mardi, Bassam Tleiss avait déjà annoncé ces mesures d’escalade en présence d’autres responsables syndicaux, menaçant de recourir à une grève ouverte à partir du 29 juillet. Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, a annoncé avoir transmis au Conseil des ministres un projet de loi exemptant l’ensemble des véhicules des frais de mécanique annuels pour les années 2020 et 2021 et des amendes attenantes, « au vu de la situation économique ». Ce projet devra être discuté par le gouvernement avant d’être transmis au Parlement et soumis au vote, a précisé le ministre sur Twitter.

Le président du syndicat a salué cette annonce, adressant ses remerciements au ministre dans un communiqué, sans manquer toutefois de rappeler son « espoir que cette initiative soit accompagnée du recouvrement par l’État de l’inspection mécanique en vertu des lois et régulations en vigueur ».

La plupart des stations-service de la Békaa, dans l’est du pays, et de Nabatiyé et Tyr, dans le Sud, ont fermé leurs portes hier en raison d’une pénurie de mazout due à un rationnement de la distribution, alors que le Liban vit depuis plusieurs semaines avec des inquiétudes concernant son approvisionnement en carburant pour des raisons essentiellement liées à la crise économique et...

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