L'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea, a été longuement reçue vendredi par le Premier ministre libanais, Hassane Diab, alors que la semaine dernière ce dernier avait critiqué les missions diplomatiques américaine et saoudienne au Liban les accusants, sans les nommer, de s'ingérer dans les affaires libanaises.
La réunion entre M. Diab et Mme Shea a été marquée par de longues discussions, qui se sont poursuivies au cours d'un déjeuner au Sérail. Ni la diplomate américaine ni le Premier ministre se sont exprimés à l'issue de la réunion. "L'entretien a porté sur la situation générale dans le pays, le travail du gouvernement et le soutien des Etats-Unis au Liban", s'est contenté d'indiquer le bureau de presse de Hassane Diab dans un bref communiqué.
Selon des sources gouvernementales citées par LBCI, la rencontre entre le Premier ministre et l'ambassadrice a été "plus que bonne". Selon ces sources, les discussions ont porté sur la situation financière, économique et sociale, ainsi que sur le plan de sauvetage du gouvernement et les négociations que ce dernier mène avec le Fonds monétaire international auprès duquel il a sollicité un soutien financier ainsi que sur l'aide que peuvent fournir les Etats-Unis sur ces dossiers. Ainsi, le Liban a demandé l'aide de Washington pour une accélération des discussions avec le Fonds monétaire international car le pays ne peut supporter longtemps la situation dans laquelle le pays se trouve, ajoutent-elles. Toujours selon ces sources, les autorités libanaises ont informé Mme Shea que le ministère des Affaires étrangères était en train de préparer une lettre concernant la mise en œuvre de loi César et les exemptions que réclame Beyrouth. Lors de son entretien avec l'ambassadrice US, M. Diab a assuré, toujours selon les mêmes sources, que le Liban resterait un pont entre l'Orient et l'Occident et qu'il était ouvert aux deux, ainsi qu'aux opportunités qu'ils pourraient offrir dans le cadre de projets, notamment dans le secteur de l'électricité.
Lors d'un Conseil des ministres, jeudi dernier, le président du Conseil avait dénoncé "des pratiques diplomatiques qui entraînent des violations majeures des normes internationales et de la diplomatie, qui ont pour but de préserver les relations fraternelles, l’appartenance, l’identité et les amitiés". "Le plus dangereux, c’est que certaines pratiques constituent une ingérence flagrante dans les affaires du Liban, avait affirmé M. Diab. Il y a eu des réunions secrètes et publiques, des lettres écrites à l’encre secrète, des messages cryptés, des messages WhatsApp, des plans et des opérations visant à bloquer les routes et à causer des problèmes", avait-il lancé, en allusion aux Etats-Unis et à l'Arabie.
Le chef du gouvernement faisait référence à la polémique autour des propos hostiles au Hezbollah de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea, après lesquels un juge de Tyr avait émis un jugement interdisant toute interview de la diplomate. A l'issue d'un entretien, avec le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, Mme Shea avait affirmé que la page avait été tournée.
Rassemblement anti-US à Awkar
Ces attaques interviennent alors que les tensions grandissent entre Washington et le Hezbollah. Mercredi, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, avait déclaré que "le Hezbollah est une organisation terroriste". "Nous appelons tous les États à le classer comme telle. Nous aiderons le Liban à sortir de sa crise s'il applique les réformes nécessaires et nous ne permettrons pas que ce pays soit dépendant de l’Iran", avait-il souligné. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait pour sa part longuement critiqué mardi la politique "de siège et d'étouffement" des Etats-Unis vis-à-vis du Liban ainsi que les "ingérences" de l'ambassadrice américaine à Beyrouth.
Ces tensions se traduisent également sur le terrain par des manifestations pro ou anti-américaine qui se multiplient ces derniers jours. C'est dans ce contexte qu'un groupe d'étudiants et de militants proches du Hezbollah se sont rassemblés vendredi à Awkar, sur la route menant vers l'ambassade des Etats-Unis. Les manifestants brandissaient des drapeaux du parti chiite et du Parti social national syrien. Des tensions ont éclaté entre les deux parties, les forces de l'ordre faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.
La semaine dernière, c'était un groupe de manifestants pro-américains qui s'était rassemblés sur la même route pour critiquer le Hezbollah et exprimer son soutien à Washington. Mercredi, un sit-in sous tension s'est tenu sur la route de l'aéroport de Beyrouth pour protester contre la visite du général américain Kenneth McKenzie, commandant du US Central Command.
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18 h 45, le 10 juillet 2020