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Société - Contestation

Partout dans le pays, des manifestations contre le gouvernement et l’effondrement de la livre

« La monnaie nationale a perdu toute sa valeur et les gens ont faim. Nous voulons la chute du gouvernement avant tout », lance un protestataire.

Partout dans le pays, des manifestations contre le gouvernement et l’effondrement de la livre

Plusieurs manifestations ont été organisées hier aux quatre coins du pays, à l’heure où la devise nationale continue sa chute spectaculaire. Hier, le site

lebaneselira.org indiquait que les acteurs illégaux achetaient des dollars à 4 400 livres en moyenne pour les revendre à 4 600 livres. Dénonçant la situation économique délétère et l’incurie du cabinet, les manifestants ont appelé à la chute du gouvernement de Hassane Diab. À la mi-journée, des dizaines de militants ont ainsi observé un sit-in place Riad el-Solh, à quelques pas du Grand Sérail, avant de se diriger vers le Parlement bunkerisé, dans le but de dénoncer les « échecs » du gouvernement qui tenait au même moment une réunion au cours de laquelle il a procédé à des nominations controversées. Le cabinet a nommé, entre autres, un nouveau directeur général du ministère de l’Économie. « Un gouvernement qui désigne un physiothérapeute à la direction générale du ministère de l’Économie est un gouvernement qui a échoué », pouvait-on lire sur une des pancartes brandies par les manifestants, en référence à la désignation de Mohammad Abou Haïdar à ce poste hier. D’autres manifestants scandaient des slogans déplorant la chute de la livre et appelant au départ du cabinet. « La livre s’est complètement effondrée face au dollar et les gens ont faim, c’est pour cela que nous manifestons. Nous voulons la chute du gouvernement avant tout », explique Tarek el-Charif, militant de 29 ans, à L’Orient-Le Jour. « Ce système politique est le berceau des fondamentalismes religieux chrétiens et musulmans. Nous voulons un gouvernement qui inspire confiance et qui respecte la loi », ajoute-t-il.

« Ce gouvernement perd son temps. Nous avons besoin de décisions rapides pour faire face à la situation. Or ils sont toujours dans le partage du gâteau politique », indique pour sa part une ingénieure âgée de 30 ans, sous le couvert de l’anonymat. « Nous avons aujourd’hui besoin d’un gouvernement doté de prérogatives exceptionnelles qui lui permettront de prendre des décisions rapides afin de sortir le pays de la crise. Il faudra ensuite mettre en place une nouvelle loi électorale et organiser des législatives anticipées. Notre but serait d’arriver un jour à un État laïc », explique-t-elle à L’OLJ. En fin d’après-midi, des manifestants se sont également rassemblés devant le siège de la Banque du Liban, à Beyrouth, pour dénoncer la politique monétaire du pays, au milieu d’un important déploiement des forces de l’ordre. Ils ont ensuite marché vers la place Riad el-Solh, pour y rejoindre d’autres manifestants. Des tensions ont alors opposé contestataire et forces de l’ordre.


Une manifestante, sur la place Riad el-Solh, hier soir à Beyrouth, dénonçant la chute de la livre libanaise. Photo João Sousa,


Devant le Palais de justice

Quelques dizaines de manifestants se sont, par ailleurs, rassemblés en matinée devant le palais de Justice de Beyrouth afin de réclamer la signature du projet de nominations et permutations judiciaires, renvoyées en début de semaine par le chef de l’État Michel Aoun devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Les protestataires ont appelé les juges à « se libérer de l’emprise des dirigeants corrompus ». Une porte-parole des manifestants a souligné, dans un communiqué lu au cours du sit-in, que « depuis le début de la révolution », le 17 octobre, les contestataires réclament l’indépendance de la justice, estimant que sans cette indépendance, il sera impossible de juger les affaires de corruption des responsables et de récupérer « les fonds publics pillés ». Elle a encore déclaré que le chef de l’État n’avait « pas la prérogative de commenter les permutations judiciaires ». Le président avait refusé lundi de signer le projet de nominations établi depuis plus de trois mois par le CSM, et parvenu au palais de Baabda vendredi dernier après plusieurs polémiques.

Saïda et Tripoli mobilisées

À Saïda, dans le Sud, des manifestants se sont de leur côté rassemblés en matinée dans la rue des banques ainsi que devant plusieurs bureaux de change, afin de protester contre la cherté de la vie et la dégringolade de la livre libanaise, selon notre correspondant sur place Mountasser Abdallah. Les contestataires ont brandi des pancartes condamnant les politiques financières et bancaires des responsables et « l’écroulement du taux de change de la livre face au dollar ». Les protestataires ont également observé un sit-in devant la branche locale de la BDL. Ils ont ensuite distribué aux passants des numéros du mensuel 17 Octobre, une publication qui suit de près les développements du mouvement de contestation.

À Tripoli, capitale du Liban-Nord, des manifestants se sont introduits au siège du ministère des Finances, réclamant le départ des fonctionnaires qui s’y trouvent, afin de protester contre la chute de la livre libanaise et l’effondrement économique. Les contestataires ont notamment reproché aux responsables politiques « de ne pas se soucier des droits les plus élémentaires » des citoyens, selon des propos rapportés par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle). « Coupures d’électricité, pénurie de mazout, inflation insensée... Les gens ne peuvent plus supporter cette pression et ont besoin de solutions immédiates », ont-ils déclaré.

Dans la localité voisine de Mina, des contestataires ont forcé la fermeture de la centrale téléphonique et le départ des employés, à coups de slogans réclamant la récupération des fonds pillés et la condamnation des responsables corrompus. Ils ont ensuite fait de même au siège d’Électricité du Liban à Kadicha, interdisant aux salariés de retourner à leurs bureaux.

Plusieurs manifestations ont été organisées hier aux quatre coins du pays, à l’heure où la devise nationale continue sa chute spectaculaire. Hier, le site lebaneselira.org indiquait que les acteurs illégaux achetaient des dollars à 4 400 livres en moyenne pour les revendre à 4 600 livres. Dénonçant la situation économique délétère et l’incurie du cabinet,...

commentaires (1)

Plus il y aura des manifestations , plus irréparable sera la situation économique . Halte , arrêtez donc !

Chucri Abboud

02 h 33, le 11 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Plus il y aura des manifestations , plus irréparable sera la situation économique . Halte , arrêtez donc !

    Chucri Abboud

    02 h 33, le 11 juin 2020

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