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Monde - Russie

Après le coronavirus, Poutine vise le retour à l’essentiel : son référendum

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 1er juin. Sputnik / Alexey Nikolsky/AFP

En organisant dès le 1er juillet son grand référendum constitutionnel, Vladimir Poutine veut signaler un retour rapide à la normalité, après la parenthèse du coronavirus, et couper l’herbe sous les pieds de ses critiques. « Nous revenons à la vie normale », a affirmé lundi le président russe, annonçant le calendrier du vote populaire sur les amendements à la Constitution, qui lui donneront notamment la possibilité de rester au pouvoir jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans.

Quelques jours plus tôt, il avait déjà ordonné la tenue le 24 juin d’un autre évènement lui tenant à cœur et cher aux Russes : le grand défilé militaire qui aurait dû se tenir le 9 mai pour célébrer la victoire soviétique sur les nazis.

Après deux mois de crise économique et sanitaire, « le Kremlin est pressé (...) il veut sortir au plus vite de cette période difficile, l’oublier et organiser enfin sa parade et son référendum », note Tatiana Stanovaïa, du centre d’analyse R. Politik.

Initiée par M. Poutine en janvier, validée dès mars par le Parlement, la réforme constitutionnelle aurait dû être soumise aux urnes en avril, mais le coronavirus est passé par là. Pour des analystes, Vladimir Poutine veut relancer son projet phare de 2020 tant qu’il peut surfer sur ce qu’il considère comme le succès de sa politique anti-Covid-19 : une mortalité qui se compte en milliers, et non en dizaines de milliers comme en Europe occidentale. Par ailleurs, il s’agit aussi d’amener les Russes aux urnes avant que les effets de la crise économique mondiale ne mordent trop dans leurs portefeuilles, une récession de 5 à 6 % étant attendue cette année, alors même que le pouvoir d’achat est déjà en berne depuis 2014.

Le Kremlin « a choisi le meilleur moment, quand l’enthousiasme sera fort du fait de la victoire sur le Covid-19 et du défilé » militaire du 24 juin, note le politologue Konstantin Kalatchev. « La fenêtre de tir est très réduite (et ne durera) que tant qu’il n’y a pas de prise de conscience concernant toutes les conséquences de l’épidémie », poursuit-il.

Quête d’enthousiasme

« Poutine ne doute pas du résultat (...) mais il veut que l’image (du référendum) soit celle d’une fête nationale, enthousiaste. Pour que l’opposition ne sorte pas dans la rue en criant à la falsification », relève encore Mme Stanovaïa.

Du coup, il n’a pas attendu. La Russie a commencé à se déconfiner prudemment le 12 mai. Moscou, la capitale et épicentre de l’épidémie, n’a même rouvert ses commerces que lundi, jour de l’annonce de la date du référendum.

Et le pays enregistre encore entre 8 000 et 9 000 nouveaux cas chaque jour et en compte au total plus de 400 000, le 3e total au monde. Et M. Poutine et les autorités sanitaires ont assuré ne pas avoir d’inquiétude car il reste « un mois pour améliorer » les choses. Les opposants au Kremlin se sont, eux, empressés de crier à la mise en danger des vies des Russes. « Au nom de ses mandats, Poutine est prêt à risquer la vie et la santé des gens. Qu’ils s’infectent du moment que pépé est content ? » a commenté, sur Twitter, Lioubov Sobol, une proche d’Alexeï Navalny, ennemi juré du Kremlin.

La commission électorale a assuré qu’entre masques, gants, possibilité de vote à domicile et distance de sécurité, le risque sera minime. Les autorités russes vont être confrontées par contre à un « problème, celui de légitimer les résultats » du vote, note M. Kalatchev. Car, selon lui, si le score du « oui » est trop élevé, « personne ne le croira et des protestations vont commencer ». D’après une étude d’opinion publiée hier par l’institut indépendant Levada, seuls deux Russes sur trois sont sûrs d’ailler aux urnes, et parmi eux les opinions sont mitigées : 44 % sont pour la réforme, 32 % sont contre. Et cela alors que la révision constitutionnelle comporte des mesures populaires : instauration d’un salaire minimum, indexation des retraites ou encore définition du mariage comme union hétérosexuelle. Quand à la popularité de Vladimir Poutine, elle reste élevée (63 % d’opinions favorables), mais elle a perdu 20 points en deux ans, selon Levada.

Olga ROTENBERG/AFP

En organisant dès le 1er juillet son grand référendum constitutionnel, Vladimir Poutine veut signaler un retour rapide à la normalité, après la parenthèse du coronavirus, et couper l’herbe sous les pieds de ses critiques. « Nous revenons à la vie normale », a affirmé lundi le président russe, annonçant le calendrier du vote populaire sur les amendements à la...

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