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Monde - Coronavirus

L'UE appelle Washington à reconsidérer sa rupture avec l'OMS, l'Europe se déconfine toujours plus

Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, dénonce une décision "folle et terrifiante", et accuse le gouvernement américain de "joue(r) au voyou en pleine urgence humanitaire".

Des fossoyeurs en combinaison de protection enterrant une victime du coronavirus, au cimetière San Franciso Xavier de Rio de Janeiro, au Brésil, le 29 mai 2020. Photo AFP / CARL DE SOUZA

L'Union européenne a appelé samedi Washington à reconsidérer sa décision de rompre avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à la solidarité face au coronavirus qui continue de faire des ravages même si le déconfinement se poursuit, surtout en Europe.

"La coopération et la solidarité mondiales par le biais d'efforts multilatéraux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner cette bataille à laquelle le monde est confronté", ont déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

Vendredi, le président américain Donald Trump, qui avait déjà suspendu la contribution financière accordée par son pays à l'OMS, a mis à exécution sa menace de rompre avec l'agence onusienne, qu'il accuse depuis le début de la pandémie de complaisance avec la Chine, où le coronavirus est apparu en décembre avant de se répandre à travers la planète. Les Etats-Unis, traditionnellement les premiers bailleurs de fonds de l'OMS, vont "rediriger ces fonds vers d'autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent", a-t-il déclaré.

Richard Horton, rédacteur en chef de la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet, a dénoncé une décision "folle et terrifiante", et accusé le gouvernement américain de "joue(r) au voyou en pleine urgence humanitaire".

Lawrence Gostin, professeur au O'Neill Institute for National and Global Health Law à l'université de Georgetown et collaborateur de l'OMS, a mis en doute sa légalité à deux titres: les Etats-Unis ont signé et ratifié un traité d'adhésion à l'OMS et les crédits sont votés par le Congrès américain.

Cinéma à Vienne, grand magasin à Paris

En Europe, avec l'amélioration de la situation sanitaire, les gouvernements continuent de lever les restrictions imposées à leurs populations. L'Italie a rouvert au public samedi la Tour de Pise, et la capitale ukrainienne Kiev a fait redémarrer ses centres commerciaux et hôtels. En France, la population a pu renouer avec ses parcs et jardins après plus deux mois de fermeture. L'heure de la réouverture a sonné également pour le grand magasin parisien des Galeries Lafayette devant lesquelles une queue de plusieurs dizaines de personnes s'était formée en matinée. "Nous sommes enchantés de pouvoir revivre", témoigne Martha, responsable au rayon maroquinerie.

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A Vienne, le public était au rendez-vous vendredi soir lors de la réouverture d'un de ses plus vieux cinémas, l'Admiral Kino, l'un des premiers d'Autriche à reprendre les projections, après la décision du gouvernement de rouvrir ses salles obscures dès le 29 mai, dans la limite de 100 spectateurs. "Voir des films ensemble, rencontrer ses amis, être dans l'obscurité d'une salle fermée, prendre un rendez-vous (...) ce n'est pas remplaçable par une tablette", juge Michaela Englert, sa gérante depuis douze ans.

L'Inde a également annoncé un assouplissement du confinement: à partir du 8 juin, édifices religieux, hôtels, restaurants et centres commerciaux pourront rouvrir, en dépit d'un nouveau record quotidien de contaminations dans ce pays qui compte 85.000 cas dont 5.000 mortels.

La situation, en revanche, s'aggrave au Brésil, qui avec 27.878 décès est devenu le cinquième pays le plus endeuillé au monde, derrière les Etats-Unis (102.836), le Royaume-Uni (38.161), l'Italie (33.229), la France (28.714), et devant l'Espagne (27.121) Des scientifiques estiment toutefois que les chiffres réels brésiliens sont vraisemblablement bien pires.

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Dans le monde, la pandémie a fait au moins 364.362 morts depuis son apparition en décembre en Chine, selon le dernier bilan établi samedi par l'AFP à partir de sources officielles. Près de six millions de cas ont été diagnostiqués dans 196 pays et territoires.

Face au risque de contamination, la chancelière allemande Angela Merkel a refusé de se rendre en personne à un sommet du G7 aux Etats-Unis en juin, comme l'a proposé Donald Trump. "A ce jour, compte tenu de la situation générale de la pandémie, elle ne peut accepter une participation en personne, un voyage à Washington", a déclaré un porte-parole. Le président américain souhaitait faire de cette réunion en chair et en os un symbole de normalisation, alors que la pandémie continue de plonger l'économie mondiale dans la crise.

Aux Etats-Unis, le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, a annoncé vendredi qu'il prévoyait une levée partielle du confinement pour la ville de New York la semaine du 8 juin, à condition que les indicateurs de santé publique soient satisfaisants. Cet assouplissement ne concernerait dans un premier temps qu'une partie de l'économie, principalement le bâtiment et l'activité manufacturière. New York est, de très loin, la ville la plus touchée au monde par le coronavirus, qui y a tué plus de 21.000 personnes.

Les restaurants et salons de coiffure de Los Angeles, principal foyer de Covid-19 en Californie, ont été autorisés vendredi à rouvrir à condition de mettre en oeuvre les précautions d'usage. Dans cet Etat, cinquième économie mondiale devant le Royaume-Uni et la France, le chômage, quasi inexistant avant la pandémie, frappe 24% des 40 millions d'habitants.

Anakinra

Le produit intérieur brut (PIB) de l'Italie a chuté de 5,3% au premier trimestre par rapport au précédent, de même que celui de la France, qui entre en récession. L'économie canadienne s'est contractée de 8,2% en rythme annuel au premier trimestre, la chute la plus brutale depuis début 2009. En Inde, le PIB a connu au 1er trimestre sa croissance la plus faible depuis 20 ans, tandis que celui du Brésil s'est contractée de 1,5% par rapport au trimestre précédent.

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En Espagne, la crise a aggravé la pauvreté et fait exploser la demande d'aide alimentaire, poussant le gouvernement à approuver vendredi la création d'un revenu minimum vital. Sur le front médical, un médicament, l'anakinra, initialement destiné à des maladies rhumatismales, donne des résultats "encourageants" pour les formes graves du Covid-19 en réduisant le risque de décès et le besoin d'être mis sous respirateur en réanimation, selon une étude française.

La chloroquine continue d'alimenter la polémique: des dizaines de scientifiques ont publié une lettre ouverte exprimant leurs "inquiétudes" sur les méthodes de la vaste étude parue le 22 mai dans le Lancet, ayant conduit à la suspension d'essais cliniques sur l'hydroxychloroquine. L'étude du Lancet concluait que le traitement ne semble pas être bénéfique aux malades du Covid-19 et pourrait même être néfaste.

L'Union européenne a appelé samedi Washington à reconsidérer sa décision de rompre avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à la solidarité face au coronavirus qui continue de faire des ravages même si le déconfinement se poursuit, surtout en Europe."La coopération et la solidarité mondiales par le biais d'efforts multilatéraux sont les seuls moyens efficaces et...

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