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Moyen-Orient - Arabie

Pétrole : quand Trump menace MBS de retirer les troupes US

« Nous défendons votre industrie pendant que vous détruisez la nôtre », a dit un haut responsable américain à un homologue saoudien.

Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, au G20 à Osaka, le 28 juin 2019. Kevin Lamarque/Reuters

Lors d’un appel téléphonique le 2 avril, le président américain Donald Trump a fait savoir au prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane que si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne commence pas à réduire sa production de pétrole, il ne pourrait empêcher les législateurs américains d’adopter une loi en faveur du retrait des troupes américaines stationnées dans le royaume, ont confié à Reuters quatre sources proches du dossier.

La menace de renverser une alliance stratégique de 75 ans, jusque-là inédite, était au cœur de la campagne de pression américaine qui a conduit à un accord mondial historique pour réduire l’offre de pétrole alors que la demande s’effondrait en pleine pandémie de coronavirus – marquant une victoire diplomatique pour la Maison-Blanche. Donald Trump a transmis le message au prince héritier 10 jours avant l’annonce de coupes dans la production. MBS aurait été tellement surpris par la menace qu’il a ordonné à ses collaborateurs de quitter la salle afin qu’il puisse poursuivre la discussion en privé, selon une source américaine qui a été informée de la discussion par de hauts responsables de l’administration.

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Cet effort illustre le fort désir de Trump de protéger l’industrie pétrolière américaine d’une chute historique des prix, alors que les mesures de confinement ont fait chuter la demande mondiale. Cela reflète également un changement de position de Donald Trump, critique de longue date des cartels du pétrole aux États-Unis à qui il reprochait d’être à l’origine de l’augmentation des coûts énergétiques pour les Américains en raison des coupures d’approvisionnement qui entraînent généralement une hausse des prix de l’essence.

« Je n’ai pas eu à le lui dire »

Un haut responsable américain a déclaré à Reuters que l’administration avait informé les dirigeants saoudiens que, sans réduction de la production, « il n’y aurait aucun moyen d’empêcher le Congrès américain d’imposer des restrictions qui pourraient conduire à un retrait des forces américaines ». Le haut responsable a résumé la situation, à travers divers canaux diplomatiques, en disant aux dirigeants saoudiens : « Nous défendons votre industrie pendant que vous détruisez la nôtre. »

Dans une interview mercredi soir à la Maison-Blanche, au cours de laquelle le président a abordé un éventail de sujets concernant la pandémie, Reuters a évoqué la question des pourparlers avec Donald Trump. A-t-il fait savoir à MBS que les États-Unis pourraient retirer leurs forces d’Arabie saoudite ? « Je n’ai pas eu à le lui dire », a rétorqué le milliardaire américain. « Je pensais que lui et le président Poutine étaient très raisonnables », a-t-il ajouté. Les deux interlocuteurs seraient parvenus à un accord lors de la conversation téléphonique.

Le bureau des médias du gouvernement saoudien n’a pas répondu à une demande de commentaires. Un responsable saoudien, qui a requis l’anonymat, a souligné que l’accord représentait la volonté de tous les pays de l’OPEP+, qui comprend l’OPEP plus une coalition dirigée par la Russie. « L’Arabie saoudite, les États-Unis et la Russie ont joué un rôle important dans l’accord OPEP+ sur les coupes pétrolières, mais sans la coopération des 23 pays qui ont pris part à l’accord, cela ne serait pas arrivé », a déclaré le responsable saoudien.

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Une semaine avant l’appel entre Donald Trump et MBS, les sénateurs républicains américains Kevin Cramer et Dan Sullivan ont déposé une loi visant à retirer du royaume toutes les troupes américaines, les missiles Patriot et les systèmes de défense antimissiles, à moins que l’Arabie saoudite ne réduise la production de pétrole. Kevin Cramer, le sénateur républicain du Dakota du Nord, a déclaré à Reuters qu’il avait parlé à Donald Trump de la législation en question concernant l’Arabie saoudite le 30 mars, trois jours avant que le président n’appelle MBS.

Le 12 avril, sous la pression de M.Trump, les plus grands pays producteurs de pétrole, en dehors des États-Unis, ont accepté la plus grande réduction de production jamais négociée. L’OPEP, la Russie et d’autres producteurs alliés ont réduit leur production de 9,7 millions de barils par jour, soit environ 10 % de la production mondiale. La moitié de ce volume provenait de coupes de 2,5 millions de barils par jour respectivement en Arabie saoudite et en Russie, dont les budgets dépendent de revenus pétroliers et gaziers élevés.

Malgré l’accord visant à réduire un dixième de la production mondiale, les prix du pétrole ont continué de chuter à des niveaux historiquement bas. Les contrats à terme sur le pétrole américain sont tombés en dessous de 0 $ la semaine dernière. Soixante-quinze ans après l’accord de Quincy, assurant la protection militaire américaine en échange de l’accès aux réserves de pétrole en Arabie saoudite, environ trois mille soldats américains sont stationnés dans le royaume.

Source : Reuters

La Ligue arabe condamne le projet israélien d’annexion en Cisjordanie

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe ont condamné hier, lors d’une réunion en visioconférence, le plan israélien d’annexer de facto des pans entiers de la Cisjordanie occupée, qualifiant ce projet de « nouveau crime de guerre » commis contre les Palestiniens. Un projet de cette nature « représente un nouveau crime de guerre qui s’ajoute au nombre record de crimes brutaux commis par Israël contre le peuple palestinien », peut-on lire dans un communiqué de l’organisation panarabe, basée au Caire. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fixé au 1er juillet le début des discussions sur l’annexion des colonies juives implantées en Cisjordanie, en particulier dans la vallée du Jourdain et sur la côte nord de la mer Morte. Le chef du gouvernement israélien s’est dit dimanche dernier confiant d’obtenir l’aval des États-Unis, qui ont présenté en janvier un plan de paix rejeté par les Palestiniens. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a fait savoir mercredi qu’il revenait à l’État hébreu de décider « en dernier ressort » de réaliser ou non ces projets.

Lors d’un appel téléphonique le 2 avril, le président américain Donald Trump a fait savoir au prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane que si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ne commence pas à réduire sa production de pétrole, il ne pourrait empêcher les législateurs américains d’adopter une loi en faveur du retrait des troupes américaines...

commentaires (2)

Reagan avait mis la pression avec succès sur l'Arabie S. pour ouvrir grand les vannes (8 dollars le baril) pour couler l'Union Soviétique. Maintenant La Russie et l'Arabie ouvrent les vannes pour couler les USA. J'espère que la Russie et les USA ne vont pas un jour avoir l'idée de fermer le détroit d'ormuz pour couler....

Shou fi

11 h 15, le 02 mai 2020

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Commentaires (2)

  • Reagan avait mis la pression avec succès sur l'Arabie S. pour ouvrir grand les vannes (8 dollars le baril) pour couler l'Union Soviétique. Maintenant La Russie et l'Arabie ouvrent les vannes pour couler les USA. J'espère que la Russie et les USA ne vont pas un jour avoir l'idée de fermer le détroit d'ormuz pour couler....

    Shou fi

    11 h 15, le 02 mai 2020

  • "... Trump menace MBS de retirer les troupes US ..." . Il n’y a rien à dire, Trump est un stratège de génie. Tout le monde le dit, c’est le plus grand stratège de tous les temps. Et lorsque l’Arabie Saoudite sera sous occupation Iranienne, il pourra toujours nier comme à son habitude et dire que c’est fake...

    Gros Gnon

    09 h 21, le 02 mai 2020

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