Ce que l’on craignait le plus est arrivé. Entachées d’erreurs mais aussi de plusieurs manœuvres frauduleuses, les listes des bénéficiaires établies dans le cadre du plan d’intervention d’urgence prévoyant le déblocage d’une aide de 400 000 livres libanaises pour les familles dans le besoin ont été momentanément suspendues afin d’être passées au crible. Et la distribution des aides, qui devait débuter hier, reportée.
Ayant suscité un tollé général dans les milieux politiques et fait l’objet de plaintes parmi les Libanais, la première phase de l’exécution de ce plan a donc été provisoirement arrêtée, sur décision du ministre des Affaires sociales Ramzi Moucharrafiyé, qui a reconnu l’existence d’« erreurs » dans l’établissement de ces listes. Dans un communiqué, le ministre a indiqué hier qu’il s’en remettait dès lors aux services de renseignements de l’armée libanaise pour « vérifier la crédibilité des informations fournies (pour l’élaboration des listes, NDLR) et préparer la logistique » requise pour l’opération de distribution. M. Moucharrafiyé a pris cette décision après avoir été alerté par les services de renseignements de l’armée chargés de vérifier en amont les données qui lui avaient été remises jeudi dernier. Une copie de ces listes a également atterri entre les mains de plusieurs responsables politiques et notables locaux.
Parmi les groupes de bénéficiaires, censés être exclusivement des personnes extrêmement précarisées, plusieurs « intrus » et de graves bévues.
Selon les deux anciens ministres des Affaires sociales, Waël Bou Faour (PSP) et son successeur Richard Kouyoumdjian (FL), qui sont montés hier au créneau, ces multiples failles seraient dues à l’absence de méthodologie dans l’opération de sélection suivie, mais aussi à des considérations clientélistes comme l’avaient craint certains analystes. « Deux types de manquements ont été constatés sur ces listes. Tout d’abord des erreurs dues à l’absence de critères bien définis, ensuite des manœuvres qui profitent à la clientèle de certains responsables politiques », dénonce M. Bou Faour, qui refuse toutefois de nommer ces responsables.
Parmi les erreurs flagrantes, « des listes comprennent les noms de fonctionnaires toujours sur les listes des employés de l’État, des personnes décédées, des retraités qui continuent pourtant de bénéficier de revenus réguliers et même certains propriétaires de biens-fonds bien connus dans leurs régions respectives », dénonce l’ancien ministre.
Autant d’informations qui ont été corroborées par une source autorisée proche du dossier ainsi que par l’ancien ministre Richard Kouyoumdjian qui a préconisé de suivre des critères et une méthodologie dignes de ce nom pour éviter « l’improvisation » et mettre un terme à « l’arbitraire » qui a prévalu.
Contacté par L’Orient-Le Jour, M. Kouyoumdjian s’est demandé pourquoi le ministère des Affaires sociales a ignoré le processus jadis adopté dans le cadre du «projet de soutien permanent aux familles les plus pauvres» ainsi que le mode d’emploi défini pour identifier les personnes réellement dans le besoin. « Les critères avaient été définis par la Banque mondiale et relèvent de standards internationaux. Quelles ques soient les lacunes que l’on peut y déceler, ils restent plus fiables et avec une marge d’erreur relativement réduite, sachant qu’ils peuvent toujours être mis à jour », note l’ancien ministre.
Il se demande par la même occasion pourquoi le personnel dont dispose le ministère, soit près de 400 fonctionnaires, dont des assistants sociaux répartis sur l’ensemble des régions libanaises et qui continuent de toucher leurs salaires, « n’ont pas été mis à profit dans cette opération ».
Éligibilité
La première phase du plan devait bénéficier en priorité à une partie des familles déjà inscrites, avant même la crise, auprès des Affaires sociales dans le cadre du projet de soutien « soit près de 47 000 personnes », selon un responsable du ministère. Or, affirme M. Bou Faour, parmi ces personnes, 15 000 n’étaient pas éligibles puisqu’elles bénéficiaient déjà d’une aide alimentaire. « Là aussi, des abus ont été observés », dénonce l’ancien ministre qui refuse toutefois de mettre en cause M. Moucharrafiyé lui-même, d’autres ministères ayant également contribué à l’opération, dit-il.
Aux familles les plus défavorisées devaient être rajoutées dans le cadre de ce plan d’autres catégories socio-professionnelles qui ont été lourdement touchées par la crise, à savoir les chauffeurs de taxi, les familles des enfants inscrits dans les écoles publiques et les victimes des explosions de mines, comme l’a précisé hier M. Moucharrafiyé.
Responsabilité conjointe
Lors d’une conférence de presse, ce dernier a voulu mettre au clair ce qui s’est passé, afin de faire taire les critiques. D’emblée, le ministre a reconnu les multiples erreurs apparues dans la confection des listes, précisant que celles-ci ne sont pas le produit du seul ministère des Affaires sociales mais également de l’Éducation, des Transports et de l’armée pour ce qui est des victimes des mines. « Les erreurs figurent dans l’ensemble des listes, y compris celle du ministère des Affaires sociales », admet M. Moucharrafiyé qui n’a évoqué à aucun moment des considérations clientélistes laissant croire à des erreurs humaines et logistiques.
Dénonçant ce qu’il a appelé une campagne de diffamation menée contre son ministère, il a expliqué que s’il a décidé de suspendre la poursuite de ce projet, c’est précisément parce qu’il a constaté les bévues qui entachaient le processus et qu’il a « aussitôt demandé à l’armée d’effectuer un contrôle plus rigoureux de ces listes ».
Dans ce qui est apparu comme une volonté de rectifier le tir, le ministre a affirmé que les critères adoptés à l’avenir seront ceux qui sont internationalement reconnus et connus sous l’appellation de « Proxy Means Testing Methogology ».
Le ministre et son équipe ont ainsi annoncé, présentation à l’appui, la mise sur pied prochaine d’une nouvelle plate-forme électronique prévoyant les formulaires à remplir pour les futurs bénéficiaires, précisant que ce « système de haute technologie assurera la transparence et mettra un terme à l’arbitraire », comprendre au clientélisme et aux pressions politiques. Une ligne verte au numéro 1766 sera également opérationnelle pour recueillir les plaintes et prodiguer les informations utiles aux citoyens.
À tous ceux qui reprochaient au gouvernement un plan d’aide ponctuel qui ne profitera aux plus pauvres que sur la courte durée, le ministre répond qu’il n’en est rien et que tant que la crise du coronavirus perdurera, l’État fera de son mieux avec les moyens à sa disposition pour poursuivre l’aide. À ce propos, Richard Kouyoumdjian rappelle qu’il existe déjà un plan d’aide que la Banque mondiale est disposée à financer par des prêts à des taux d’intérêt extrêmement réduits, un projet que le ministère devrait absolument remettre en chantier, selon lui.
meme pour 400000 livres , aujourdh'ui a peine 135 dollars, les politiciens ne peuvent pa ss'empecher de tricher LA VERITE C'EST DANS LEUR SANG ET RIEN NE CHANGERA AVANT DE LES DEPOSSEDDER DE LEURS FORTUNES , DE LEURS BIENS IMMOBILIERS DANS LE MONDE ENTIER ET MEME DE LA MAISON ( OU LES PALAIS ) QU'ILS OCCUPENT AUJOURDH'UI AU LIBAN 2EM VERITE M. Bou Faour, qui refuse toutefois de nommer ces responsables. NOMMER M BOU FAOUR OU TAISEZ VOUS CA SUFFIT DE CRIER EN L'AIR ET NE JAMAIS NOMMER OU APPORTER DES PREUVES AFIN QUE LES RESPONSABLES AILLENT UNE FOIS POUR TOUTE EN PRISON
16 h 36, le 15 avril 2020