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Moyen-Orient - Focus

Face à la pandémie, la solidarité réveille la « société » britannique

À Chessington, des soignants font passer des tests de coronavirus le 28 mars 2020. Peter Nicholls/File Photo/Reuters

Au Royaume-Uni, « la société n’existe pas », avait affirmé Margaret Thatcher, dans une phrase devenue célèbre. Mais la pandémie de nouveau coronavirus a provoqué un élan de solidarité nationale qui n’a plus été vu depuis la Seconde Guerre mondiale au Royaume-Uni, semblant donner tort à l’ex-dirigeante. Alors à la tête du pays depuis 11 ans, la Dame de fer avait déclaré en 1987 à un magazine qu’il n’y avait au contraire « que des individus, des hommes et des femmes, ainsi que des familles », dans un plaidoyer contre les dépenses publiques et pour le libéralisme politique et économique devenu depuis un marqueur pour son Parti conservateur.Aujourd’hui, si le Premier ministre Boris Johnson, lui aussi conservateur, reprend l’expression, c’est pour la contredire alors que les pouvoirs publics font appel à toutes les bonnes volontés pour faire face à la pandémie qui a tué près de 2 000 personnes au Royaume-Uni.

En quelques jours, quelque 750 000 Britanniques ont officiellement répondu à l’appel aux volontaires pour aider les travailleurs du service public de santé ou les personnes âges. À cela s’ajoutent plus de 20 000 docteurs, infirmières et autres professionnels de santé sortis de leur retraite pour remettre la main à la pâte. Et de manière moins formelle, une solidarité de proximité entre voisins confinés s’installe dans tout le pays. Hôtesses de l’air et stewards, pour la plupart privés de travail devant l’annulation des vols, en profitent pour prêter main forte au personnel médical dans les hôpitaux de campagne montés à la hâte pour faire face à la vague de patients. Loin de leurs activités habituelles, des entreprises entières se sont mobilisées pour produire en masse des respirateurs, masques et gels hydro-alcooliques.

Politique solidaire

« Je pense que cette crise liée du coronavirus nous a déjà prouvé quelque chose : la société existe », a déclaré Boris Johnson, testé lui-même positif la semaine dernière au Covid-19. Dans une vidéo postée dimanche sur Twitter, le Premier ministre expliquait que le virus serait vaincu par l’effort collectif, ajoutant : « Nous allons le faire ensemble. »

Pour le professeur en politique Ben Williams, de l’Université de Salford, la crise du coronavirus a donné au Premier ministre « la chance de remodeler et de reformuler fermement l’attitude des conservateurs vis-à-vis du concept de société », « débarrassant » enfin son parti de ce qu’il y avait de plus négatif dans l’héritage thatchérien.

Les déclarations de Boris Johnson ne constituent pas le premier coup porté à cet héritage. Son gouvernement a présenté le mois dernier un budget prévoyant une envolée des dépenses publiques, afin de répondre aux attentes des électeurs des ex-bastions ouvriers du nord de l’Angleterre, qui l’ont massivement soutenu lors des législatives de décembre, et de soutenir l’économie face au nouveau coronavirus.

Depuis, son ministre des Finances Rishi Sunak a accentué ce virage alors que le marasme s’aggravait, avec des mesures massives peu conformes aux principes de l’économie de marché : reports de taxes, aides pour les loyers et reprise par l’État à son compte de 80 % des salaires des entreprises en difficulté. Ces décisions constituent un changement spectaculaire, alors que M. Johnson attaquait et raillait quelques mois plus tôt, lors de la campagne législative, le programme très à gauche de l’opposition travailliste. Mais Richard Vinen, professeur d’histoire au King’s College de Londres, relativise la rupture avec la période thatchérienne, reconnaissant que le pouvoir actuel s’en « éloigne » mais rappelant que la Dame de fer n’hésitait pas à avoir recours à la puissance publique si besoin, par exemple au moment de la guerre des Malouines en 1982.

Phil HAZLEWOOD, David HARDING/AFP

Au Royaume-Uni, « la société n’existe pas », avait affirmé Margaret Thatcher, dans une phrase devenue célèbre. Mais la pandémie de nouveau coronavirus a provoqué un élan de solidarité nationale qui n’a plus été vu depuis la Seconde Guerre mondiale au Royaume-Uni, semblant donner tort à l’ex-dirigeante. Alors à la tête du pays depuis 11 ans, la Dame de fer avait...

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