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M. Fabriano n’est plus…

On savait que ce moment viendrait, ce moment fatal où même lui ne serait plus. On savait.

Et pourtant, Dieu que les mots semblent futiles devant une telle perte. Raymond Nahas n’est plus. Monsieur 100 000 volts est parti vers d’autres cieux. Il est parti vers d’autres aventures, d’autres défis, d’autres grands chantiers.

Celui qui aimait à se présenter comme un jeune homme de 90 ans gardera une empreinte indélébile auprès de tous les Libanais, de 7 à 97 ans. Qui n’a pas connu M. Fabriano ?…

Quel artiste en herbe n’a pas rêvé recevoir de ses mains le fameux diplôme Fabriano, récompense artistique des jeunes talents libanais depuis 1965 ?

Cinquante-cinq ans après le lancement du concours artistique le plus célèbre du Liban, le toujours fringant Raymond Nahas avait encore, jusqu’à il y a quelques jours à peine, des projets plein la tête. C’est qu’il s’y passait toujours quelque chose, dans sa tête ; un projet, une idée de génie, des souvenirs et des récits d’une vie bien remplie.

Raymond Nahas, c’est des centaines de milliers de jeunes talents qui ont pu s’exprimer, à travers leurs dessins, dans toutes les écoles du Liban, du nord au sud, d’est en ouest, en temps de guerre comme en temps de paix. Me revient en mémoire l’un de ses récits captivants : un soir de bombardements intenses, un soir sans lune où la ville alanguie, exsangue, cherchait un moment de trêve, une jeune personne insiste au téléphone. Elle veut parler au patron. L’œil amusé, Raymond nous raconte qu’il s’agit de la voix frêle d’une toute jeune fille qui s’enquérait des résultats du concours…

La fierté de Raymond, ce sont avant tout ces jeunes d’un peu partout qui, des décennies durant, ont fait leurs premiers pas artistiques à travers l’institution qu’il a créée, le fameux concours Fabriano. C’est aussi les dessins de ces jeunes artistes qui ont voyagé partout dans le monde, et porté haut les couleurs du Liban, de New York à Paris, au Mexique, et jusqu’à la chapelle Sixtine.

La fierté de Raymond, c’est aussi sa famille adorée, ses quatre enfants et ses bientôt douze petits-enfants qu’il a aimés et chéris un à un, à chaque anniversaire, à chaque Noël, à chaque fête de famille.

Dieu qu’elles seront tristes sans toi, mon cher Raymond, les prochaines fêtes de famille, sans l’esprit de joie que toi seul savais insuffler… La fin d’une époque…

Adieu Raymond, adieu mon ami, mon second père.


On savait que ce moment viendrait, ce moment fatal où même lui ne serait plus. On savait.Et pourtant, Dieu que les mots semblent futiles devant une telle perte. Raymond Nahas n’est plus. Monsieur 100 000 volts est parti vers d’autres cieux. Il est parti vers d’autres aventures, d’autres défis, d’autres grands chantiers.Celui qui aimait à se présenter comme un jeune homme de 90...