Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Crise

En Iran, le Nouvel An terni par le virus, mais les voyages continuent

149 patients supplémentaires sont morts du Covid-19 au cours des dernières 24 heures.


Les Iraniens faisant leur course à l’occasion du Nouvel An, hier. AFP/STR

Endeuillé par l’épidémie de nouveau coronavirus, l’Iran a passé hier un Nouvel An morose avec un bilan macabre qui ne cesse de s’alourdir sans pour autant dissuader des millions de gens de se déplacer. La République islamique est un des trois pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19 avec l’Italie et la Chine. La maladie n’épargne aucune de ses 31 provinces.

Pour limiter la propagation du virus, les autorités demandent depuis plusieurs semaines à la population de s’abstenir de tout voyage pendant les quinze jours du congé de Norouz, le Nouvel An persan, qui met traditionnellement le pays entier sur les routes. Peine perdue : selon le Croissant-Rouge iranien, quelque 3 millions de personnes sont sorties par voie routière des treize provinces les plus touchées par la maladie depuis le 17 mars. Jeudi, la télévision d’État avait diffusé des images de centaines de voitures dont les passagers étaient contrôlés pour une prise de température à distance à un péage.

Lors d’une conférence de presse hier, le vice-ministre de la Santé, Aliréza Raïssi, a déclaré, sans donner plus de précision, que des voyageurs malades du nouveau coronavirus avaient été « identifiés et renvoyés chez eux ». Le Croissant-Rouge parle de 2 400 cas. Dans leurs messages de vœux à la nation, le guide suprême Ali Khamenei et le président Hassan Rohani ont promis que la République islamique triompherait du nouveau coronavirus, comme elle dit avoir fait face aux sanctions américaines asphyxiant son économie et que Téhéran accuse d’entraver sa riposte à l’épidémie.

« Un peu en retard »

Mais 149 patients supplémentaires sont morts du Covid-19 au cours des dernières 24 heures, a indiqué M. Raïssi. Selon le bilan officiel, la maladie a tué 1 237 personnes sur près de 20 000 personnes infectées depuis le 19 février, date à laquelle les autorités ont reconnu la présence de l’épidémie en Iran. Un autre vice-ministre de la Santé, Réza Malekzadeh, a néanmoins reconnu il y a quelques jours que le nouveau virus était probablement présent en Iran depuis le mois de janvier. « Je pense que nous avons été un peu en retard dans l’annonce de la détection du virus », a-t-il déclaré à la télévision d’État.

Faisant spécifiquement référence à la France et à l’Italie, où les autorités ont imposé des mesures de confinement de la population, M. Raïssi a défendu pour sa part la décision de l’Iran de ne pas avoir recours au « pouvoir coercitif ». « Dans les treize provinces les plus touchées par la maladie, nous surveillons les abords des villes pour identifier et renvoyer » chez elles les personnes contaminées, a-t-il dit, tout en reconnaissant que cette méthode « ne fonctionne que dans une certaine mesure ». M. Raïssi a jugé que les voyages à l’intérieur de l’Iran avaient « considérablement baissé » par rapport à l’année dernière mais que les routes du sud du pays « étaient encore bondées ».

« Situation dangereuse »

« De nombreux voyageurs sont venus à Chiraz ces derniers jours, croyant probablement que la chaleur va éliminer le virus », témoigne Mehdi, habitant de cette ville méridionale, culturelle et touristique, où « tous les marchés sont fermés, sauf le secteur alimentaire et les pharmacies ». « Les hôtels aussi sont fermés et camper dans les parcs est interdit. Je ne sais pas où ces voyageurs veulent se loger. De toute façon, ils rendent la situation dangereuse pour tout le monde », ajoute ce vendeur de pièces détachées pour voitures françaises joint au téléphone depuis Téhéran.

Alors que Norouz est normalement l’occasion de retrouvailles familiales, Mehdi, qui dit avoir annulé un séjour qu’il prévoyait sur des îles touristiques du Golfe, se désole : « Je ne suis même pas allé voir mes parents pour Norouz. Je les ai félicités au téléphone. » Sur Twitter aussi, de nombreux internautes témoignent d’une fête « étrange », sans joie. « Bahar » dit ne pas avoir dérogé à la tradition. Elle a bien dressé la table des « haft sin », ces sept éléments commençant par la lettre « S » en persan et associés à Norouz, fête du printemps et de la vie qui renaît : de jeunes pousses de blé, le « samanou » (pâte sucrée à base de blé germé), des olives de Bohême, de l’ail, une pomme, du sumac et du vinaigre. Mais pour elle, il faudrait cette année un huitième « sin », « le plus important » : « salamati », la santé.

Ahmad PARHIZI/AFP

Endeuillé par l’épidémie de nouveau coronavirus, l’Iran a passé hier un Nouvel An morose avec un bilan macabre qui ne cesse de s’alourdir sans pour autant dissuader des millions de gens de se déplacer. La République islamique est un des trois pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19 avec l’Italie et la Chine. La maladie n’épargne aucune de ses 31 provinces.Pour limiter...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut