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Agenda - Opinion

Leçons des années 1975-1990 et aujourd’hui : les banques au Liban et leur capital de confiance

La confiance, complètement ébranlée aujourd’hui au Liban, nous incite en ce qui concerne les banques à une analyse comparative de deux périodes charnières : celle de la situation des banques dans les années des guerres multinationales en 1975-1990 ; et celle d’aujourd’hui. Il s’agit surtout de la sauvegarde des droits des déposants et de la confiance de tous les Libanais, du monde arabe et du monde entier dans les banques au Liban pour les vingt prochaines années.

1. L’expérience des années 1975-1990 : durant ces années de guerres multinationales au Liban, sanglantes et tumultueuses, le système bancaire libanais a prospéré, avec des succursales partout. Il a démantelé par son expansion toutes les lignes de démarcation, exemple concret de la survie du pacte national libanais face aux idéologies de partition, de fragmentation et de dénigrement des valeurs fondatrices du Liban.

Clement Henry Moore, dans une étude pertinente et qui devient aujourd’hui actuelle, décrit cela en détail, de la manière la plus concrète, avec un titre fort pertinent (Clément Henry Moore, « Le système bancaire libanais. Les substituts financiers d’un ordre politique », Paris, Maghreb-Machrek, nº 99, janv.-mars 1983, pp. 30-46).

2. Aujourd’hui : les banques au Liban durant les dernières années ont conclu des compromissions risquées, ont prêté de l’argent à un État qui ne dispose pas de tous les attributs régaliens de l’État, dont le monopole de la force organisée et qui constitue un client non crédible. Alors que le compromis (taswiya) se déploie avec des concessions mutuelles et dans un cadre de légalité, les compromissions (moussâwamât) sont engagées pour des intérêts privés et en violation des normes de gouvernance. Tous les déposants des banques sont aujourd’hui fort inquiets pour leur épargne et se ruent sur les banques, toutes harcelées.

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La leçon de tout un capital bancaire libanais de confiance est la suivante : la moindre violation des garanties en faveur des déposants, tous les déposants, fera perdre au système bancaire libanais un acquis séculaire de confiance, comme en témoignent la résistance et aussi la résilience du système bancaire au Liban durant les années 1975-1990. Risque de perte complète de confiance de la part de tous les Libanais, de tous les déposants arabes et du monde entier ! Le capital de confiance sera alors complétement détruit pour au moins les vingt prochaines années ! Aucun Libanais, aucun Arabe peu confiant dans la stabilité du régime politique de son pays, aucun émigré, aucun déposant étranger n’aura désormais recours à une banque au Liban que pour des formalités conjoncturelles.

Aussi, faudra-t-il, après des années de compromissions, que la Banque centrale et l’Association des banques du Liban, à la lumière de l’expérience antérieure, commencent, face à des politicards qui continuent à pratiquer le déni, par adopter publiquement des attitudes fermes et explicites qui sauvegardent et perpétuent le capital de confiance. Les banques décapitalisées, en termes financiers, ont besoin de sauvegarder pour demain leur capital ébranlé de confiance.

La classe dirigeante au sommet, ou plutôt non dirigeante, et les imposteurs ont perdu toute confiance. Quant au système bancaire libanais, il lui appartient aujourd’hui de demeurer « le substitut » de confiance qui ne sera pas seulement bancaire, mais aussi national.


La confiance, complètement ébranlée aujourd’hui au Liban, nous incite en ce qui concerne les banques à une analyse comparative de deux périodes charnières : celle de la situation des banques dans les années des guerres multinationales en 1975-1990 ; et celle d’aujourd’hui. Il s’agit surtout de la sauvegarde des droits des déposants et de la confiance de tous les Libanais, du...