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Culture - Exposition

Quand l’univers se raconte par l’art numérique...

Présentées sous l’intrigant intitulé « An Autobiography as the Universe », une série d’œuvres digitales signées Ralph Hage entraînent le visiteur de la galerie 392Rmeil393 (toujours ouverte) dans une sorte d’introspection cosmique.

Quelque chose qui évoque un célèbre détail d’une fresque de la chapelle Sixtine... Photo DR

Et si l’univers était une personne, comment se raconterait-il ? Partant de ce postulat pour le moins inédit, Ralph Hage, artiste plasticien et professeur d’histoire de l’art à l’Université libanaise, s’est lancé il y a cinq ans dans un exercice aussi ambitieux que singulier : un travail au long cours qui consiste à brosser une biographie de l’univers au moyen de l’art numérique.

« J’ai voulu faire en sorte que l’univers raconte lui-même son histoire à travers la subjectivité d’une personne. En l’occurrence, la mienne », indique-t-il. D’où le titre An Autobiography as the Universe (« Une autobiographie en tant qu’univers ») de l’exposition que lui consacre la galerie 392Rmeil393 jusqu’au 29 mars. « Il s’agit d’un travail d’art digital, à la fois philosophique et intuitif, dans lequel j’essaie de relier le subjectif et le personnel au cosmologique et à l’universel », souligne cet artiste « intellectuel », titulaire d’un doctorat en sémiologie et qui a à son actif des publications académiques en anthropologie culturelle et esthétique.

Une fois ces précisions établies, c’est avec un mélange de curiosité et d’imaginaire largement ouvert que le visiteur de la galerie sera amené à appréhender la série de compositions digitales qu’il y présente.


Baroques et inénarrables

Construites en superpositions d’images, tantôt géométriquement fragmentées, tantôt démultipliées – desquelles émergent parfois des silhouettes humaines (notamment ce couple qui s’affronte dans quasiment toutes les pièces accrochées), d’autres fois des figures fantomatiques d’êtres ou d’objets (une chaise qui revient également de manière récurrente) et plus fréquemment ce qui ressemble à un paysage rocheux, herbeux ou encore typographique et architectural –, ces œuvres sont d’une complexité assez déroutante. C’est donc par projections que le spectateur tentera de trouver le sens de ces images labyrinthico-géométriques, dont la palette de teintes foncées et à dominante verdâtre renforce le sentiment d’être face à une représentation d’un univers inénarrable. Un monde créé par l’artiste à partir de fragments de son propre univers intérieur et qui se veut l’expression du mélange hétéroclite de géométrie, de nature, de cosmos et d’une certaine spiritualité qui compose l’univers.

Pour sa première exposition solo à Beyrouth, Ralph Hage n’a pas choisi de présenter des œuvres faciles d’accès. Ni au niveau de la thématique, intrigante, ni même à celui du jugement esthétique. Exception faite de ces deux petites pièces représentant, chacune, une main tendue, l’une paume ouverte vers l’extérieur, la seconde repliée vers le bas, et qui semble inspirée de La Création d’Adam, détail sur la fresque de la voûte de la chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange.


Un art en temps long...

« Ce que je développe dans ce projet – qui est beaucoup plus étendu que ce qui en est exposé actuellement – n’est pas une idée narrative mais une intuition, une image fragmentée du grand tout », explique cet historien de l’art. Et, bien qu’utilisant le digital, « pour son efficacité dans la manipulation des formes et des motifs que ne permet pas la peinture », c’est surtout l’influence des grands maîtres du passé qu’il revendique dans ce travail : Vermeer, Rembrandt, le Bernin, Léonard de Vinci… et plus particulièrement Jean-Sébastien Bach, dont il dit s’être inspiré de L’Art de la fugue dans cette série. « J’ai repris de ce mouvement aux variations profondément géométriques pour créer des motifs décomposés, retravaillés, récurrents qui manifestent un choix esthétique baroque intuitif. »

« Je suis quelqu’un qui croit à la profondeur des choses. J’aime le regard lent. Rester dans le temps long. Et je m’inscris en totale rupture avec la rapidité des temps, cette tendance actuelle à tout créer et tout assimiler rapidement mais superficiellement, à laquelle je m’oppose », conclut Ralph Hage.

À signaler que la galerie maintient, en principe, l’exposition aux horaires normaux d’ouverture. Il est néamoins préférable d’appeler avant de s’y rendre au numéro suivant : 03/182614.

Galerie 392Rmeil393. Rue Gouraud, Gemmayzé. Du mardi au samedi de 11h à 19h, dimanche de 14h à 18h.


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