Après un léger répit, les manifestations et rassemblements populaires semblent reprendre de plus belle comme l’a démontré ces deux derniers jours la mobilisation qui a eu lieu dans plusieurs quartiers de Beyrouth et d’autres localités libanaises. Si certains lieux de rencontre sont devenus usuels, comme le Ring, Corniche Mazraa, Saïfi, Antélias, Zouk, Kfarremmane et Sofar notamment, des localités qui ont constitué le cœur battant de la révolte, d’autres quartiers, comme dans la banlieue sud de Beyrouth, où le soulèvement était relativement timide voire presque inexistant depuis plusieurs semaines, semblent avoir repris du poil de la bête pour faire écho à la relance de la contestation. C’est dans cette partie de Beyrouth, où la crainte d’éventuelles représailles du Hezbollah semble avoir dissuadé depuis un certain temps les contestataires, que plusieurs d’entre eux ont voulu vraisemblablement défier aussi bien les risques de contamination par le coronavirus que les intimidations exercées par le parti chiite contre les manifestants aux premiers temps de la révolte.
Une répression qui, à l’époque, avait toutefois fait l’objet d’un débat au sein du parti dont certains membres ont reproché au commandement d’avoir recouru à une mesure maladroite, préconisant un changement de méthode à l’égard des protestataires. Des mises en garde qui n’ont vraisemblablement pas empêché certains éléments, vraisemblablement issus du tandem Amal-Hezbollah, de tenter de dissuader les attroupements dans les quartiers à prépondérance chiite.
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Hier, une vidéo a circulé sur Facebook montrant un échange virulent entre une jeune manifestante et un civil partisan qui cherchait apparemment à déloger les protestataires de la localité à l’intersection de Chiyah et Kafa’at sans toutefois y parvenir.
Il y a une dizaine de jours, une tentative similaire avait eu lieu dans la même région alors que les contestataires s’étaient rendus à Moucharrafiyé pour protester contre l’annonce par les boulangeries de leur souhait de se mettre en grève, une décision sitôt annulée après l’intervention du président du Parlement, Nabih Berry.
Hier c’est une autre vidéo d’intimidation qui a circulé sur les réseaux sociaux, dans laquelle on voit un jeune homme en civil s’engouffrer au domicile de Roula Salman, la sœur de Hicham Salman, décédé en 2013 à Bir Hassan, alors qu’il manifestait devant l’ambassade d’Iran contre l’ingérence du Hezbollah en Syrie. Le crime avait été imputé à l’époque au Hezbollah, mais l’enquête menée pour élucider les circonstances de sa mort n’a toujours pas abouti à ce jour.
Le second frère de la jeune dame, Fadi Salman, a évoqué pour sa part l’intrusion d’éléments relevant de « services de renseignements relevant d’un parti politique », sans donner plus de détails.
La vidéo a suscité un grand tollé sur la Toile, bien que l’affaire n’ait pas encore été éclaircie. De nombreux internautes ont monté l’histoire en épingle, dénonçant des mesures d’intimidation qui s’inscrivent selon eux dans le prolongement de la politique de dissuasion visant les contestataires dans les régions chiites.
En soirée, l’armée a toutefois publié un communiqué dans lequel elle évoque la bande vidéo en circulation, précisant que ce sont des agents d’une unité relevant des services de renseignements de l’armée qui se sont introduits au domicile en question. Le communiqué précise que deux agents des SR militaires ont été dépêchés sur les lieux pour « régler un conflit entre plusieurs personnes dont le dénommé R.M., sur fond d’une affaire de barrières métalliques », vraisemblablement placées dans le quartier en question, précise le communiqué, qui ajoute que c’est R.M. qui a lui-même invité les deux agents à son domicile. « La mère s’est mise à filmer la scène. L’un des agents lui a demandé avec courtoisie d’arrêter comme le prévoit le règlement. » Les agents ont alors conseillé à R.M. de porter plainte devant les tribunaux compétents pour régler le conflit via la justice, précise encore l’armée. On ne saura pas toutefois si le domicile de R.M. est effectivement celui de Roula Salman.
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commentaires (8)
Week quits aillent tous au diable et qu'on en finisse.....
Tabet Karim
17 h 32, le 06 mars 2020