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Moyen-Orient - Nucléaire

L’AIEA demande des « clarifications » à Téhéran

Selon un rapport de l’agence, le stock d’uranium enrichi de l’Iran est cinq fois supérieur à la limite autorisée par l’accord de 2015.

Le siège de l’AIEA à Vienne. Leonhard Foeger/File Photo/Reuters

Téhéran doit fournir des « clarifications » : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a tiré « la sonnette d’alarme » hier, reprochant notamment à l’Iran son manque de transparence et l’impossibilité pour ses inspecteurs d’accéder à deux sites suspects.

À Paris, où il devait s’entretenir avec le président Emmanuel Macron, le directeur général de l’agence onusienne a réclamé de la transparence aux autorités iraniennes dans un contexte de crispations croissantes. « Je tire la sonnette d’alarme », a déclaré Rafael Mariano Grossi. « L’Iran doit se décider à coopérer de façon plus claire avec l’agence pour donner les clarifications nécessaires », a-t-il ajouté, en évoquant la découverte de « traces d’uranium anthropogénique » dans un entrepôt près de Téhéran en 2019.

Cette mise en garde à l’Iran est au cœur du dernier rapport de l’agence qui sera examiné la semaine prochaine lors du conseil des gouverneurs de l’AIEA. « C’est sérieux. Mon devoir est d’attirer l’attention », a ajouté le directeur général qui a pris ses fonctions à la tête de l’agence en fin d’année dernière.

L’AIEA communiquera également à cette occasion l’état des activités nucléaires actuelles de l’Iran. Selon le rapport consulté par l’AFP à Vienne, le stock d’uranium enrichi de l’Iran est cinq fois supérieur à la limite autorisée par l’accord de 2015 (JCPOA), dont Téhéran a commencé à s’affranchir en mai 2019.

D’après les inspecteurs onusiens, la quantité accumulée par Téhéran atteignait au 19 février 1 510 kilos d’uranium enrichi UF6, pour une limite autorisée à 300 kilos dans cet accord, signé entre l’Iran et les grandes puissances.

Avec les inspections, on ne joue pas

À rebours de ses obligations internationales, l’Iran produit aussi de l’uranium enrichi à un taux de 4,5 %, supérieur au seuil de 3,67 % fixé par l’accord, selon ce même rapport. Ce taux reste encore très loin du seuil requis pour la fabrication d’une bombe atomique (plus de 90 %).

Le document dénonce par ailleurs le fait que l’Iran ait refusé à l’AIEA l’accès à deux sites en janvier. Ces deux sites comptent parmi un total de trois positions identifiées par l’AIEA comme posant « un certain nombre de questions en lien avec la possibilité de matériel nucléaire et d’activités nucléaires non déclarées », indique le texte. Une source diplomatique a précisé qu’il s’agissait d’éventuelles activités de l’Iran antérieures au JCPOA.

Cet accord, longtemps considéré comme la pièce maîtresse des négociations internationales sur ce dossier, est menacé depuis que les États-Unis l’ont dénoncé unilatéralement en 2018. Téhéran, asphyxié par les sanctions, a riposté en s’affranchissant, depuis mai 2019, de plusieurs de ses engagements.

Mais M. Grossi a tenu à étendre le sujet, bien au-delà de cet accord. « L’Iran a d’autres obligations et d’autres inspections que celles liées au JCPOA », a-t-il martelé.

L’AIEA réclame en effet depuis plusieurs mois des éclaircissements sur la nature des activités menées sur le site non référencé de Téhéran, dénoncé par le gouvernement israélien. L’agence onusienne n’a jamais précisé sa localisation, mais des sources diplomatiques ont indiqué qu’il s’agissait d’un entrepôt du district de Turquzabad de la capitale. « Le fait qu’on ait retrouvé des traces est très important, ça veut dire qu’il y a la possibilité d’activités et de matériel nucléaires qui ne seraient pas sous contrôle international et dont on ne connaîtrait ni l’origine ni le destin, a poursuivi M. Grossi. C’est quelque chose qui me préoccupe. »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accuse l’Iran d’avoir menti à propos de ce site et d’y avoir conduit dans le passé des activités nucléaires illégales en violation de ses engagements internationaux. Cette découverte d’un site caché est de facto de nature à renforcer la position d’une ligne dure vis-à-vis de l’Iran, en particulier à Washington. « La politique, c’est une chose. Avec les inspections, on ne joue pas. Il faut respecter les responsabilités vis-à-vis des inspections, a insisté M. Grossi. Ce ne sont pas des questions académiques. Il y a des endroits, des indices, des informations de l’agence sur lesquelles nous devons arriver à plus de clarté et pour l’instant ce n’est pas possible. »

Source : AFP

Téhéran doit fournir des « clarifications » : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a tiré « la sonnette d’alarme » hier, reprochant notamment à l’Iran son manque de transparence et l’impossibilité pour ses inspecteurs d’accéder à deux sites suspects.À Paris, où il devait s’entretenir avec le président Emmanuel Macron, le...

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