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Les Afghans fatalistes après l'accord américano-taliban


Des enfants afghans à Jalalabad, le 28 février 2020, à la veille de la signature d'un accord entre les Etats-Unis et les talibans. Photo REUTERS/Parwiz

Fatalistes, les Afghans peinent à s'imaginer un avenir radieux après l'accord historique signé samedi en vue d'un retrait de toutes les troupes étrangères de leur pays dans les 14 mois en échange de garanties de sécurité de la part des talibans, beaucoup doutant des intentions de ces derniers.

"Je suis pessimiste sur cet accord et je m'inquiète de ce qui se passera après", déclare ainsi à l'AFP Najeeb Haleemi, un commerçant de Kaboul selon lequel "les Américains ont été bloqués ici" et "avec cet accord, ils cherchent un moyen de fuir le pays". Ce quinquagénaire fait écho aux inquiétudes exprimées par de nombreux autres Afghans, éprouvés par quatre décennies de guerre, dont 18 années de conflit entre les talibans, les forces de sécurité afghanes et les troupes internationales - qui ont chassé les insurgés du pouvoir en 2001.

Le texte signé par les Etats-Unis et les talibans samedi à Doha établit un calendrier pour le départ de tous les militaires étrangers. En échange, les insurgés s'engagent à agir pour que l'Afghanistan ne serve pas de refuge à des groupes extrémistes, dont el-Qaëda et l'EI (Etat islamique). Ils promettent aussi de mener des négociations avec le gouvernement de Kaboul, ce qu'ils avaient jusqu'ici toujours refusé.

"C'est une grande victoire des talibans car ils n'ont pas été battus (sur le terrain). Ils ont forcé les Etats-Unis à s'enfuir d'Afghanistan", observe Husain Ahmad, un autre commerçant de la capitale. S'il dit avoir "faim de paix", il déplore toutefois que "les Afghans ne sachent pas ce que contient cet accord".

La question des droits de l'Homme se pose particulièrement, les talibans ayant multiplié les atrocités pendant leur règne de 1996 à 2001, tandis que les femmes étaient confinées chez elles.

Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans, s'est à cet égard voulu rassurant, affirmant samedi que les Afghanes ne devaient "pas s'inquiéter pour leurs droits", notamment "à l'éducation et au travail". "Mais en tant que femmes musulmanes, nous voulons qu'elles portent le hijab, c'est tout".

Zahra Hussaini, une militante de la province de Bamiyan (centre), une région plutôt épargnée par le conflit, dit toutefois "ne pas faire confiance" aux talibans car elle se souvient de "la manière dont ils opprimaient les femmes". "Aujourd'hui est un jour noir. Alors que je regardais la signature de l'accord, j'avais le mauvais pressentiment que cela amènerait leur retour au pouvoir plutôt que la paix".

D'autres, en revanche, célèbrent l'accord, espérant qu'il mettra fin à la guerre et rendra possible d'unifier l'Afghanistan.

"Nous sommes très optimistes. (...) Nous attendons impatiemment que les envahisseurs étrangers quittent le pays", commente par exemple Arefullah Saad, un habitant de la province de Khost (est), largement aux mains des talibans.

En vertu de l'accord, les pourparlers entre Afghans doivent débuter le 10 mars. Mais beaucoup craignent que les désaccords entre le président réélu en septembre Ashraf Ghani et son principal rival Abdullah Abdullah ne donnent aux talibans l'ascendant dans ces négociations.

Ahmad Jawed, un diplômé de 24 ans, se dit "inquiet". "Les talibans ne doivent pas chercher des excuses et parler à notre gouvernement. (...) Notre pays ne doit pas redevenir un champ de bataille", lance-t-il. Et d'ajouter : "nous n'avons plus le choix si les troupes américaines s'en vont."

Fatalistes, les Afghans peinent à s'imaginer un avenir radieux après l'accord historique signé samedi en vue d'un retrait de toutes les troupes étrangères de leur pays dans les 14 mois en échange de garanties de sécurité de la part des talibans, beaucoup doutant des intentions de ces derniers."Je suis pessimiste sur cet accord et je m'inquiète de ce qui se passera après", déclare ainsi...