Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - Iran

Faible participation en perspective pour les législatives iraniennes

Les autorités ont repoussé à trois reprises l’heure de clôture du scrutin afin d’encourager les gens à voter.


Des Iraniennes votaient hier à Téhéran. Reuters

À l’heure de mettre sous presse le vote pour les législatives venait d’être clos après avoir été prolongé dans la nuit en Iran, où une faible participation devrait profiter aux conservateurs, après la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés et la déception exprimée par beaucoup face aux résultats du gouvernement. Les autorités de Téhéran ont annoncé en soirée une troisième et a priori ultime extension du scrutin afin de permettre à tous ceux qui le souhaitent d’accomplir ce que le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a qualifié avant l’élection de devoir non pas seulement civique, mais aussi « religieux ».

Les bureaux de vote, qui devaient initialement fermer à 18h00, sont restés ouverts jusqu’à minuit, a annoncé à la télévision d’État Esmaïl Moussavi, porte-parole du comité d’organisation des élections.

Les bureaux pouvaient néanmoins fermer et commencer le dépouillement là où plus aucun électeur ne se présente, a ajouté M. Moussavi. Après avoir ouvert symboliquement le scrutin, l’ayatollah Khamenei avait renouvelé le matin son appel aux quelque 58 millions d’électeurs à participer « avec enthousiasme » au scrutin afin de « garantir l’intérêt national ».

Selon l’agence Fars, proche des ultraconservateurs, la participation tournait autour de 40 % à 18h00 à l’échelle nationale.

Le ministère de l’Intérieur, qui selon Fars n’annoncera le taux de participation final que samedi, avait indiqué avant l’élection que, depuis 40 ans, celui-ci a toujours été supérieur à 50 % aux législatives.

Les résultats définitifs ne devraient pas être connus avant dimanche. À Téhéran, de longues queues ont été observées devant des bureaux des quartiers sud, acquis aux conservateurs, contrastant avec le nord de la ville -qui a voté majoritairement Hassan Rohani lors de la présidentielle de 2013 et 2017 – et où l’engouement était nettement moindre.

« Pas d’emplois »

Les élections ont lieu deux jours après l’annonce officielle de l’arrivée du nouveau coronavirus en Iran. La maladie a fait quatre morts, et 14 personnes sont infectées, selon les derniers chiffres officiels publiés pendant le scrutin.

Les 290 députés de la onzième législature à sortir des urnes depuis la révolution islamique de 1979 commenceront leur travail dans un contexte de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington, et alors que l’Iran traverse une violente récession. Les élections ont lieu près d’un mois et demi après que les forces armées iraniennes eurent annoncé avoir abattu « par erreur » un avion de ligne ukrainien.

L’aveu tardif des autorités de leur responsabilité dans ce drame avait provoqué des manifestations, limitées, faisant voler en éclats l’apparence d’unité nationale manifestée à l’occasion des funérailles du général iranien Kassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak le 3 janvier.

À Téhéran, Ahmid Bahador Marzpour, étudiant qui n’a pas été voter, dit qu’il n’y a « pas d’emplois pour les jeunes » et reproche aux politiciens de « faire des promesses qu’ils ne tiennent pas ». Mais dans un bureau de vote du nord de la capitale, Mohsen Jallali, employé de 37 ans, assure que sa participation permet de « montrer à l’Amérique que nous soutenons pleinement » l’ayatollah Khamenei. La disqualification de milliers de candidats réformateurs et modérés réduit pratiquement le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs.

En fonction des résultats, la plus ou moins grande représentation des ultras dans la future Assemblée, déterminera la marge de manœuvre qui restera au président Rohani jusqu’à la fin de son mandat en 2021, et pourrait influer sur la poursuite de sa politique extérieure d’ouverture. Car les ultraconservateurs sont opposés à toute négociation avec l’Occident et sont impatients de sortir de l’accord international sur le nucléaire Iranien, dénoncé unilatéralement par le président américain Donald Trump en 2018. Le président Rohani voyait dans cet pacte conclu en 2015 à Vienne l’espoir d’une ère de prospérité pour l’Iran.

« Tout s’est effondré »

Au lieu de cela, le retour des sanctions américaines a plongé son pays dans une violente récession. « Après l’élection de Rohani, tout s’est effondré. Il a signé un très mauvais accord » à Vienne, « sans garanties solides », déclare dans un bureau de vote Aliréza Hachémi, 25 ans. Dans la situation morose que traverse le pays, le Groupe d’action financière (GAFI) a administré hier un nouveau coup susceptible de nuire encore davantage à l’économie iranienne. Cet organisme coordonnant les efforts internationaux de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme a annoncé avoir rétabli toutes ses sanctions contre l’Iran en reprochant à la République islamique de ne pas avoir pris les mesures attendues d’elle dans ces domaines.

M. Rohani et son camp ont appelé les électeurs à voter même s’ils ne sont pas satisfaits du gouvernement. Les États-Unis ont accusé jeudi le Conseil des gardiens de la Constitution, institution chargée de valider les candidats et responsable des disqualifications massives, de « manipulation » du scrutin et ont annoncé des sanctions – essentiellement symboliques – contre cinq de ses membres responsables. Guère impressionné, le chef du Conseil, l’ayatollah nonagénaire Ahmad Jannati a ironisé : « Maintenant, nous ne pouvons même plus (...) fêter Noël » aux États-Unis.

Source : AFP


À l’heure de mettre sous presse le vote pour les législatives venait d’être clos après avoir été prolongé dans la nuit en Iran, où une faible participation devrait profiter aux conservateurs, après la disqualification massive de candidats réformateurs et modérés et la déception exprimée par beaucoup face aux résultats du gouvernement. Les autorités de Téhéran ont annoncé en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut