En ce 13 février, les associations Fondation SAJA, Myschoolpulse et Ateliers d’art D.a.d.a s’étaient dépassées, et la salle d’exposition était pleine. Il fallait se frayer un chemin jusqu’au corridor de lumières, tapissé de magnifiques dessins d’enfants où s’exprimaient tout à la fois la fraîcheur, la naïveté, le désir d’amour et le rêve. Mais ces enfants ne sont pas comme les autres : atteints de cancer, ils sont là avec leurs éducateurs pour désigner et expliquer fièrement leurs travaux affichés dans les locaux de la Fondation SAJA. Les bénévoles de cette association ont en effet réussi à obtenir de ces enfants la projection par le dessin des secrets de leur monde intérieur. Leurs autoportraits sont particulièrement frappants : on y découvre un visage enfermé dans un épais cadre noir, une bouche ouverte comme pour faire entendre une plainte indicible, des yeux tentant de percer le mystère d’une existence abîmée ; des figures faites de lignes brisées, symbole de leur espérance confiée au monde des adultes.

« Cette exposition est un havre de paix, de joie et d’espoir, un peu comme un voyage au cœur d’une souffrance surmontée. Je ne puis qu’exprimer ma reconnaissance à toutes celles et tous ceux qui m’ont ouvert les yeux sur ce monde des enfants cancéreux qu’on a peur de regarder en face, mais dont on reçoit sans doute plus que ce que l’on donne », commente un visiteur ému.

Créée en 2018 par son époux Karim Dada et sa sœur Saria Tourbah, la Fondation SAJA, une architecte et artiste trop tôt disparue, emportée par un cancer, a pour mission principale d’aider les patients atteints de cancer à surmonter leur maladie par l’art. Elle apporte son concours à son partenaire Myschoolpulse, dont la mission est d’introduire l’école à l’hôpital. Les cours quotidiens donnés par les enseignants de cette association aux enfants des hôpitaux Makassed et St-Georges alternent avec des activités aussi variées que le dessin, la peinture ou le bricolage, animées par une équipe de professionnels. Médecins, psychologues et infirmiers s’accordent pour constater combien cette pratique participe au bien-être des enfants et accompagne avec bonheur les lourds traitements médicaux.