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Politique - Politique

L’électricité risque de malmener les rapports au sein du 8 Mars

« L’option des navires-centrales est synonyme de corruption », avertit une source diplomatique occidentale.

Nabih Berry s’entretenant avec Gebran Bassil en présence du vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, le 31 juillet 2018. Photo tirée du site du Parlement

La majorité des protagonistes s’accorde sur l’urgence de résoudre la grave crise économique qui secoue le pays et de freiner l’effondrement. Ils accordent donc une chance au gouvernement de Hassane Diab pour accomplir cette tâche.

Il reste que de récentes prises de position ont suscité des craintes quant à une éventuelle implosion au sein des composantes du 8 Mars, perçues comme principaux parrains de l’équipe ministérielle. Il s’agit des divergences observées entre le Courant patriotique libre et le mouvement Amal autour de l’épineux dossier de l’électricité.

Depuis la mise sur pied du plan de production de l’électricité élaboré par César Abi Khalil et maintenu par Nada Boustani, tous deux anciens ministres de l’Énergie (CPL), le chef du législatif et son parti n’ont jamais caché leur opposition à toute solution axée sur les navires-centrales, comme le prévoit le plan. Mais c’est surtout ces deux derniers jours que M. Berry a multiplié les signes de son opposition à l’approche adoptée actuellement pour résoudre ce problème chronique.

Nabih Berry n’a pas mâché ses mots en évoquant le dossier de l’électricité. « La bataille durant la prochaine phase sera incontestablement celle de l’électricité », a déclaré le leader d’Amal devant ses visiteurs lundi dernier, dans ce qui semble être une flèche décochée en direction du courant aouniste et de son chef. M. Berry convergeait ainsi avec le point de vue européen. Une source diplomatique occidentale confie dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que l’Europe s’oppose également à l’option des navires-centrales, perçue comme synonyme de corruption. Une position que des diplomates ont clairement exprimée devant Gebran Bassil alors qu’il occupait le poste de ministre des Affaires étrangères, ajoute la même source.

Le 8 Mars fait-il donc sérieusement face à un risque d’implosion ? Et quel impact cela pourrait-il avoir sur le gouvernement Diab, jugé monochrome en faveur de ce camp ?


(Pour mémoire : Jan Kubis : C’est une honte que le Liban n’ait pas encore de courant 24h sur 24 !)


Bataille inopportune

Pour le moment, les milieux proches du président de la Chambre excluent cette possibilité, dans la mesure où l’heure n’est plus aux querelles relevant de la politique politicienne, mais à la résolution des problèmes chroniques des Libanais. Ce point de vue, Yassine Jaber, député Amal de Nabatiyé, le présente à L’OLJ : « Aujourd’hui, nous attendons que le gouvernement démarre une fois pour toutes, notamment en planchant sur l’épineuse question des réformes économiques et de l’électricité », déclare-t-il, estimant que le plan adopté par le cabinet de Saad Hariri (lors de sa dernière séance tenue le 21 octobre dernier à Baabda) et maintenu par l’équipe Diab « est entaché de gaspillage ». « Nous ne faisons qu’exprimer les demandes et droits des gens que nous représentons. Nous voulons donc un plan réaliste et réalisable », ajoute-t-il.

Même son de cloche chez Fadi Alamé, député Amal de Baabda. Selon lui, « il n’est pas nécessaire que tous les protagonistes s’accordent sur un sujet. Mais cela ne signifie pas que le 8 Mars pourrait s’effondrer ». « Pendant longtemps, on a refusé plusieurs projets de solution, préférant recourir aux navires-centrales, contrairement à l’avis de plusieurs partis », rappelle M. Alamé, assurant que la position de Nabih Berry à ce sujet ne devrait pas être interprétée comme un message politique adressé à une formation politique en soi.

Le député de Baabda tient toutefois à assurer que son parti manifestera son opposition à un retour aux navires-centrales en présentant des alternatives au lieu de se lancer dans des querelles politiques inopportunes.


(Lire aussi : L’Iran sous sanctions se dit prêt à aider le Liban)


En face, le CPL semble s’apprêter à se lancer dans une lutte sans merci en faveur du plan adopté par le cabinet Hariri. Une source parlementaire aouniste rappelle, via L’OLJ, que le dernier gouvernement Hariri regroupait tous les protagonistes en présence. « Le plan de l’électricité a été adopté à l’unanimité en Conseil des ministres. Pourquoi donc remettre la question sur le tapis aujourd’hui ? » s’interroge la source, faisant savoir que le CPL ne permettra à personne de le mettre au pied du mur. « Il divulguera prochainement la réalité devant l’opinion publique », poursuit-elle.

Entre-temps, le leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt s’est une fois de plus invité dans la partie pour critiquer tant le plan de l’électricité que le courant aouniste. « Le Fonds monétaire international a préconisé des réformes profondes pour sortir le Liban de la crise actuelle. La plus simple des choses est (de réformer) le secteur de l’électricité », a écrit M. Joumblatt sur son compte Twitter, ajoutant : « Soucieux de préserver la stabilité interne, (le secrétaire général du Hezbollah) Hassan Nasrallah a appelé à déployer des efforts pour résoudre la crise économique. Une question se pose : est-il possible de mettre de côté les alliances politiques, et en finir avec l’hégémonie exercée sur ce secteur ? »

Le leader druze s’est rapidement attiré les foudres de César Abi Khalil, qui lui a répondu via la même plateforme. « S’il y a une hégémonie à abolir, ce serait bien celle liée à la réduction du coût de l’électricité de la cimenterie de Sibline (appartenant à M. Joumblatt) que nous avons abolie, et celle née du commerce de fuel pour les générateurs pendant trente ans », a-t-il écrit à l’adresse du chef du PSP.



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commentaires (13)

Il y en a ici qui sont mûrs pour les plus viles compromissions.

Christine KHALIL

13 h 25, le 20 février 2020

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Commentaires (13)

  • Il y en a ici qui sont mûrs pour les plus viles compromissions.

    Christine KHALIL

    13 h 25, le 20 février 2020

  • Y a comme de l'electricité dans l'air ?

    LE FRANCOPHONE

    01 h 18, le 20 février 2020

  • ON PEUT PENSER QUE SI LE CPL A VOULU A TOUT PRIX GARDER L'ENERGIE DANS SON PAQUET DE MINISTERE , DEPUIS BASSIL JUSAU'A BOUSTANY ET MEME AUJOURDH'UI AVEC UN AUTRE CONSEILLE CPL, C'EST QU'IL Y A QUELQUE CHOSE DE LOUCHE DANS CE DOSSIER SI UNE LOI ETAIT VOTE QUI EMPECHERAIT LES POURSUITES CONTRE LES PERSONNES QUI S'AVANCENT ET DECLARENT QU'ILS ONT ETE CORROMPUS MAIS DENONCENT TOUS LEURS COMPLICES AUSSI BIEN POLITICIENS QUE COMMERCANTS ( CAR POUR ETRE CORROMPU, IL FAUT MALGRE TOUT TROUVER UN CORROMPEUR) LES LANGUES SE DELIERAIENT TRES VITE ALLEZ UN PEU D'IMAGINATION

    LA VERITE

    15 h 02, le 19 février 2020

  • Tant que les libanais ne se tiennent pas main dans la main et descendent UNIS dans la rue pour chasser cette bande de loosers cachés derrière leurs postes pour tout rafler parce que incompétents et sont incapables de faire autre chose que de voler. Nous subirons les pires atrocités et injustices et contribuerons à la mutilation de ce pays par ces cannibales qui ne feront qu'une bouchée des citoyens. Le désossement à commencer puisqu'il n'y a plus que le peuple qu'ils n'ont pas pu anéantir, nous devons faire quelque chose le temps est compté. Il serait criminel de continuer à penser que ces gens là oeuvrent pour le bien du pays. REVEILLEZ-VOUS IL Y VA DE NOTRE SUIVIE À TOUS ET DE CELLE DE NOTRE PAYS. LE PILLAGE, LE PARTAGE ET LES COMPLOTS CONTINUENT.

    Sissi zayyat

    13 h 58, le 19 février 2020

  • Vite , Larjani a proposé un super-plan pour arranger nos problèmes d'électricité . Je ne comprends pas pourqupi on hésite encore

    Chucri Abboud

    13 h 35, le 19 février 2020

  • In beau bouquet de trois couleurs complémentaires : - Nabih Berry, Les hydrocarbure offshore. - Gebran Bassil,Les bateaux-centrales. - Elie Ferzli, l'ami intime de Bachar el-Assad. Mais avec ça, tout va très mal, Madame la Marquise

    Un Libanais

    13 h 03, le 19 février 2020

  • Quelle belle image d' auto-satisfaction... -:((((((

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 03, le 19 février 2020

  • Nabih Berry, Gebran Bassil, Elie Ferzli éclatent de rire alors que le Liban sanglote et tombe dans la misère: scandaleux!

    Beauchard Jacques

    11 h 19, le 19 février 2020

  • POURQUOI AVOIR CENSURE MA REACTION MESDAMES ET MESSIEURS LES DEMOCRATES DE L,OLJ ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 55, le 19 février 2020

  • LES BARGES TURQUES C,EST LE SCANDALE GENDRISSIMAL DU SIECLE OU AVEC LA LATTA ON A CROQUE ET LA BATTA ! OU SONT CEUX QUI PRETENDENT CHASSER LA CORRUPTION POUR SE SAISIR DE CE DOSSIER QUI SENT LA CORRUPTION ET LE VOL A MILLE LIEUES ? POURQUOI ON L,A PAS FAIT ENCORE ? QUI S,Y CACHE ? QUI VEUT-ON MENAGER ? ET LES REPONSES VIENNENT D,ELLES-MEMES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 45, le 19 février 2020

  • Ras-le-bol de voir des photos, même si elles datent de juillet 2018, de ces inconscients corrompus riant... alors que notre pays est au fond du gouffre à cause d'eux, ainsi que le petit peuple dans une misère grandissante. Que quelqu'un leur enseigne la décence et le sens des responsabilités ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 50, le 19 février 2020

  • " L’option des navires-centrales est synonyme de corruption". C'est une évidence pour toute personne honnête et de bon sens. Ce plan a augmenté d'une façon spectaculaire le déficit de l'Etat, sans apporter une seule minute d'électricité supplémentaire aux citoyens. Vouloir continuer dans cette voie ne peut s'expliquer par une volonté, ni d'efficacité, ni d'économie, mais seulement par celle, pour certains, de continuer à se remplir les poches. Le problème, c'est que celui qui a donné ce conseil au ministre de l'époque, Bassil, ajustement hérité du portefeuille de l'Energie! Comment, alors sera-t-il possible de convaincre les éventuels donateurs que l'on veut vraiment lutter contre la corruption?

    Yves Prevost

    07 h 27, le 19 février 2020

  • Juillet 2018. On pouvait encore rire et sourire !

    PPZZ58

    01 h 14, le 19 février 2020

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