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Société - Prix L’Oréal-Unesco

La Libanaise Abla Sibai récompensée pour ses travaux en faveur d’un meilleur troisième âge

« C’est la première fois que cette récompense est attribuée pour des recherches qui ont trait à la santé de la société », se réjouit la lauréate pour la catégorie Afrique et États arabes qui recevra son prix, d’une valeur de 100 000 euros, le 12 mars au siège de l’Unesco à Paris.

Abla Sibai, l’une des cinq lauréates de l’édition 2020 du prix pour les femmes et la science de L’Oréal-Unesco. Photo tirée du site web de l’AUB

Abla Mehio Sibai, professeure d’épidémiologie à la faculté des sciences de la santé à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) est l’une des cinq lauréates du prix pour les femmes et la science de L’Oréal-Unesco pour l’an 2020.

Les résultats de cette 22e édition ont été annoncés mardi, à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, fixée au 11 février. Instauré par la Fondation L’Oréal et l’Unesco, ce prix distingue des scientifiques d’exception originaires de différentes régions du monde et les récompense pour l’excellence de leurs travaux dans le domaine des sciences de la vie : biotechnologie, écologie, épigénétique, épidémiologie et infectiologie.

Abla Mehio Sibai a remporté ce prix pour la catégorie Afrique et États arabes. Elle a été primée « pour ses travaux pionniers et son engagement en faveur de l’amélioration du vieillissement en bonne santé dans les pays à faible et moyen revenu et pour leur impact sur les politiques et programmes sanitaires et sociaux », souligne l’Unesco dans un communiqué.

Contactée par L’Orient-Le Jour, Mme Sibai confie « que c’est une bonne nouvelle au vu des circonstances par lesquelles passe le Liban ». « Nous sommes heureux, parce que c’est la deuxième année consécutive que le Liban remporte ce prix », ajoute-t-elle.

L’an dernier, c’est Najat Aoun Saliba, spécialiste dans la pollution de l’air et directrice du Centre de conservation de la nature à l’AUB, qui a remporté le prix pour ses travaux pionniers dans l’identification d’agents cancérigènes et autres substances toxiques présentes dans l’air des pays du Moyen-Orient et dans les nouveaux diffuseurs de nicotine et narguilés.

« C’est la première fois que cette récompense est attribuée pour des recherches qui ont trait à la santé de la société, précise Mme Sibai. Ce prix fait la lumière sur cette discipline qui me tient à cœur. » Elle explique dans ce cadre qu’à travers ses travaux, elle met l’accent sur les personnes âgées « qui restent une catégorie marginalisée dans les politiques de santé, les programmes ou les recherches ». « Lorsque je me suis intéressée à ce domaine, mes collègues m’avaient dit que je ne trouverais pas de fonds, confie-t-elle. Mais j’ai pris les choses à cœur parce que j’estimais qu’il s’agissait d’une cause. Il est tragi-comique de constater que la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) suspend la couverture médicale des personnes âgées dès que celles-ci se retrouvent à la retraite. Il est vrai que depuis quelques années, celles-ci continuent à bénéficier des prestations de la CNSS, moyennant une cotisation mensuelle, alors qu’elles devraient en bénéficier gratuitement. »


Un problème qui va s’aggraver

L’épidémiologiste explique en outre que le taux des personnes âgées est le plus élevé au Liban, en comparaison avec les pays de la région. Idem pour le taux des têtes blanches qui vivent seules, principalement dans les régions éloignées. En cause notamment « l’émigration des jeunes », avance-t-elle. « Le problème va s’aggraver encore plus, parce que l’émigration va augmenter, mais aussi en raison des personnes qui ont perdu leurs emplois avec la crise actuelle par laquelle passe le pays », constate-t-elle. Et de déplorer l’absence d’intérêt accordé à la gériatrie et la gérontologie au Liban, des disciplines qui restent encore à leurs premiers balbutiements.

« Nous percevons les personnes du troisième âge comme des individus qui ont besoin de soins, alors qu’une grande majorité de celles âgées entre 65 et 80 ans se portent bien », insiste Mme Sibai, qui souligne que cela l’a poussé il y a dix ans à fonder l’université pour les seniors à l’AUB. Il s’agit d’un espace où les personnes âgées peuvent suivre des cours et assister à des conférences culturelles, sociales… « Elles peuvent ainsi tisser des relations sociales dont elles ont grandement besoin, affirme-t-elle. Les personnes du troisième âge ont besoin d’opportunités pour rester actives sur le plan physique, intellectuel et social. » Et Mme Sibai de conclure en espérant que viendra le jour où les chercheurs seront distingués pour leurs travaux, qu’ils soient femmes ou hommes.

Outre Abla Sibai, ont également été récompensées Esperanza Martínez-Romero (Mexique) pour la catégorie Amérique latine, Kristi Anseth pour l’Amérique du Nord, Firdausi Qadri (Bangladesh) pour l’Asie-Pacifique et Édith Heard (France) pour l’Europe.

Chacune des cinq lauréates recevra 100 000 euros lors d’une cérémonie qui aura lieu le 12 mars au siège de l’Unesco à Paris. Elles seront distinguées aux côtés de quinze jeunes talents féminins, des scientifiques originaires du monde entier. Dans cette catégorie également, une Libanaise, Laura-Joy Boulos, spécialisée en neuroscience à l’Université Saint-Joseph, a été récompensée. Elle recevra sa distinction le 10 mars au cours d’une cérémonie qui aura lieu à l’Académie des sciences à Paris. L’OLJ a essayé d’entrer en contact avec Mme Boulos, mais n’a pas pu la joindre, cette dernière se trouvant à l’étranger.

Abla Mehio Sibai, professeure d’épidémiologie à la faculté des sciences de la santé à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) est l’une des cinq lauréates du prix pour les femmes et la science de L’Oréal-Unesco pour l’an 2020.Les résultats de cette 22e édition ont été annoncés mardi, à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science,...

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