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Nos Lecteurs ont la Parole - par Mario ABINADER

L’épopée des chevaliers immondes de la table moribonde...

Le roi Miaou, vieux matou à la patte folle, ne file pas droit. Entre sa rétinite diabétique et son cerveau suranné, sa vision à deux mètres et sa vision pour le pays sont d’une égale perspicacité. Il ne discerne plus un rat d’un chat. Pour preuve, il a béni le mariage de sa chatounette avec Basile le ragondin, une espèce de cerveau plat enflé par la vanité indélébile que procure l’ignorance. Harry la citrouille dispose de toutes les rondeurs, celle des joues et celle des poches. Grâce à sa stratégie filamenteuse et parfois visqueuse, il emmagasine les pépins qu’il avale épisode après épisode, pour les recracher en rafale à la première occasion. Mais il a toujours du jus, profitant souvent d’un arrosage extérieur. Berricadabra, lui, c’est le magicien d’Oz qui ose et qui dose. La preuve, c’est un rien qui est parti de rien, mais il a quand même tout raflé, alors qu’il ne comprend toujours rien. Maintenant que ça marche, il s’y croit et se paie le luxe de théoriser, dogmatiser et prophétiser, en voulant organiser la merde qu’il a lui-même répandue sur le peuple. Waliwalou la toupie a trouvé le moyen d’être philosophe et en même temps financier, prophète et en même temps esclavagiste, artiste et en même temps boucher. Charcutier dans les grandes occasions. Il change d’alliance comme de vêtements, il porte toujours le costume qui est à la mode. Javel veut laver plus blanc que blanc, mais peut-il convaincre de sa recette et nettoyer tout le sang issu des luttes fratricides qui a coulé à flots y a pas si longtemps? Mufasa est sage comme une image. L’image de la grande Perse assoiffée de grandeur et de pouvoir. Sa notion du Liban est floue, et comme on dit, quand c’est flou, il y a un loup, parfois féroce et injuste. C’est le genre de sage souriant qui peut se transformer en saj brûlant.

Et puis il y a les morpions, les fifrelins, les corrompus anonymes, les parasites, ceux qui vivent des miettes de leur maître et ceux qui ont vendu leur âme au diable pour pouvoir passer à la caisse.

Aujourd’hui, le président Miaou nous a proposé une nouvelle recette, dans le cadre d’un énième marché de dupes, où il nous invite à partager un gâteau à la citrouille, sur le thème toupie or not toupie, avec comme ingrédient de la javel au goût aigre, et comme décoration un biscuit jaune cuit au saj. Il ne nous étonnerait pas que le ragondin sorti de son égout ne surgisse une nouvelle fois sur le gâteau dans le désir de l’engloutir. Seul Berricadabra serait capable de détourner un petit morceau du gâteau tout en restant scotché sur sa chaise !

Mais aujourd’hui les choses ont changé. La pièce montée de tout ce beau monde est menacée, car la patte de la « corruption » ne lève plus. Il y a épuisement du stock de levure. La levure, ce sont ces petits Libanais, parsemés dans les rues et qui n’en peuvent plus d’être sacrifiés sur le four de la convoitise pour finir broyés dans la gueule des corrompus.

La levure veut se dissocier de la merde, elle veut ensemencer une pâte saine et universelle, elle veut donner des douceurs en abondance pour tous les Libanais.

La levure libanaise ne veut plus des chiures de la corruption.

Elle ne veut ni s’y mélanger ni les détruire, elle veut juste les remettre à leur place, en rétablissant le ramassage et le recyclage des ordures.

La levure pure se lève pour reconstruire, elle se mélange au sel de la liberté pour enfin redonner le goût aux dimensions symboliques du cèdre millénaire : grandeur, largeur et profondeur.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Le roi Miaou, vieux matou à la patte folle, ne file pas droit. Entre sa rétinite diabétique et son cerveau suranné, sa vision à deux mètres et sa vision pour le pays sont d’une égale perspicacité. Il ne discerne plus un rat d’un chat. Pour preuve, il a béni le mariage de sa chatounette avec Basile le ragondin, une espèce de cerveau plat enflé par la vanité indélébile que procure...

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