Le président de la République loge depuis la fin des années 60 au palais de Baabda. Le président du Parlement dispose depuis 1994 d’une résidence officielle dans le quartier de Aïn el-Tiné. Le chef de l’exécutif a son sanctuaire au Grand Sérail, depuis août 1998. Perché sur une petite colline surplombant le centre-ville, cet imposant édifice de style ottoman, détruit en partie lors de la guerre civile puis reconstruit dans les années quatre-vingt-dix par le bureau d’architecture Nabil Dada & Associates, abrite également les appartements privés du chef du gouvernement.
La résidence actuelle du Premier ministre Hassane Diab s’étend sur quelque 2000 mètres carrés. Elle est située dans l’aile nord du deuxième étage, où une porte en bois de cèdre s’ouvre sur un hall central communiquant avec un salon principal doté d’une vue sur mer. Cette pièce de réception se caractérise par une profusion de marbre polychrome de couleur blanche, bleue et jaune d’inspiration ottomane. À quelque pas, une salle à manger, un salon arabe dit « diwaniyyat » doté de colonnes à chapiteaux et d’un plafond en bois de noyer, somptueusement ouvragé de calligraphies fatimides. Le dallage au sol offre un ornement en marbre très riche. L’aile comprend également un bureau et un salon pour le Premier ministre, ainsi que cinq master bedrooms avec dressing. L’ensemble a été traité par Nabil Dada avec des matériaux luxueux, sans rien laisser au hasard.
Mais si le sol et les murs en carrare polychrome ainsi que les plafonds damasquinés rivalisent d’opulence, l’ameublement reste toutefois des plus simples. Hassane Diab devra donc s’atteler à aménager son lieu de vie.
Lors du conflit israélo-libanais des 33 jours, en juillet-août 2006, le Premier ministre Fouad Siniora s’était installé dans ces appartements et on raconte que son épouse Hoda avait alors entrepris de lui créer un « chez-soi » en ramenant tout un équipement de leur maison. Elle avait d’ailleurs refusé d’y habiter.En 2006-2007, suite à la série d’attentats visant politiciens et journalistes libanais, nombre de députés ont logé dans l’annexe de l’hôtel Phoenicia, alors que d’autres, comme Tarek Mitri, à l’époque ministre de la Culture et des Affaires étrangères par intérim, ainsi que Ahmad Fatfat, Jean Oghassabian, Jihad Azour et Nayla Moawad, ont habité le Grand Sérail. Pour égayer ces lieux quelque peu austères, M. Mitri avait orné les murs d’une vingtaine de toiles de peintres libanais appartenant au ministère de la Culture. On raconte également qu’il mettait le volume très fort en écoutant des chants grégoriens, pour ne pas entendre les cris des manifestants du 8 Mars qui occupaient à l’époque la place Riad el-Solh. « C’était une ambiance surréaliste », signale Éliane Mitri, ajoutant qu’à chaque fois qu’elle allait rendre visite à son mari, elle avait « l’impression de rentrer dans une prison ».
Aujourd’hui, c’est dans un Grand Sérail bunkerisé derrière de grands blocs de béton et au pied duquel se rassemblent régulièrement les manifestants qui rejettent, depuis trois mois, la classe politique dans son ensemble, dont M. Diab, que ce dernier s’est donc installé. De ses appartements, il entendra les slogans de la rue et le fracas des casseroles.
430 pièces et 603 arcades
Les travaux de réhabilitation du Grand Sérail avaient été décidés en 1995, au cours d’une période d’élan bâtisseur censée refléter la bonne santé nationale. La restauration des façades avait été confiée à Marwan Khayat, qui a également réalisé le travail ouvragé de la boiserie. Le bureau de Nabil Dada & Associates avait conçu l’architecture intérieure. À l’exception de l’aile ouest qui a gardé sa galerie de voûtes de pierre, l’intérieur a été totalement rasé pour sacrifier aux techniques modernes de construction, d’équipement et de confort ; mais toujours sous un déguisement stylistique d’allure traditionnelle.
À cette époque, la réhabilitation du Grand Sérail avait pesé 56 millions de dollars, dont sept assumés personnellement par le président du Conseil Rafic Hariri.
Outre les appartements privés prévus pour le chef du gouvernement, il abrite ceux des hôtes étrangers en visite au Liban, la salle du Conseil des ministres, les bureaux des fonctionnaires rattachés à la présidence du Conseil et les locaux des gardes de sécurité.
Sans compter le sous-sol et un étage technique sous les combles, il présente, selon l’architecte Nabil Dada, une superficie de 39 700m² de construction et comprend 430 pièces et 603 arcades, dont de nombreux arcs brisés formant 92 voûtes. Suivant le volume et la spécificité de chaque pièce, six figures d’arcades ont été utilisées. Même le plus profane en la matière relèvera l’ambitieux programme de cette profusion architecturale où toutes les combinaisons traditionnelles suivent le discours turco-libano-florentin. Il y en a d’ailleurs pour tous les goûts : jeux d’arêtes, voûtes, œil de bœuf, « mihrabs » (niches), colonnades, vitraux.
Tous les espaces de circulation sont en granit et présentent des arcades légères traitées par un dessin moderne.
La porte nord de la cour intérieure mesure d’autre part 11 mètres de haut sur sept mètres de large. Son design est inspiré d’un des portails du palais de Beiteddine.
Au rez-de-chaussée, sur un vaste hall (170 m²) tout en voûte, au sol pavé de granit incrusté de trois mosaïques, s’ouvrent deux immenses portes en bois de noyer donnant l’une sur un salon d’apparat de 720 m² avec une hauteur de 9 m sous-plafond ; et l’autre sur une salle de banquets, également de 720 m², dotée de quatre lustres et 14 appliques. Si certaines pièces ont des plafonds en poutres de bois, ici ils déclinent le style « ajami » (persan) en bois de noyer sculpté. Ils s’inscrivent dans un certain type de création qui n’est pas sans rappeler l’art des tapis. Aux murs, une véritable explosion de marbre Carrare décline une myriade de couleurs et se combinen pour former des motifs géométriques et des niches sculptées. La toiture, qui comporte des lucarnes appelées pigeonniers, a nécessité 8 650 m² de briques importées de France.
Voilà en gros les ingrédients du Grand Sérail : une foison de marbres, de granit et de pierres locales (« chemlané », « furni », « ahmar ») ; une boiserie qui se décline en bois de noyer, de cèdre et « qotrani » s’inspirant des XVIe et XVIIIe siècles. Une rénovation d’un patrimoine immobilier existant depuis les années 1840 et une organisation fonctionnelle avec tous les moyens de commodité modernes.
commentaires (4)
Ils pètent tous dans la soie dans un pays où le peuple n'a même pas l'essentiel et qui actuellement ne peut bénéficier de son argent bloque par l'état. Ils ne doivent pas avoir le souci des coupures du courant pour chauffer les 2000 mètres carrés et pas de pénurie d'eau potable ou pour se laver. Ils ont le culot d'aller faire l'aumône aux autres pays pour subvenir à leur train de vie en lissant le peuple ce er de froid de faim et de malheur de les voir encore sur leurs sièges agissant en toute indécence. On comprend mieux pourquoi ces racailles se bousculent au portillon pour accéder au poste de PM, president de la chambre et de president de la REPUBLIQUE. Çe sont des anciens crève-la faim qui veulent se nourrir de la chair du peuple. HONTE À TOUS LES MINISTRES, DPUTES ET AUTRES QUI PARTICIPENT À L'EFFONDREMENT DE NOTRE DEMOCRTIE CHÈREMENT ACQUISE, LE PEUPLE EST LA ET NE LÂCHERA PAS JUSQU'À AVOIR RÉCUPÉRER NOTRE DIGNITÉ ET NOTRE PAYS
Sissi zayyat
17 h 18, le 27 janvier 2020