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Campus - DISTINCTION

Professeure à la LAU, elle a tenté l’aventure spatiale

En plus d’une brillante carrière d’enseignante-chercheuse en physique, Rana Nicolas s’est fait remarquer en participant au programme télévisé « Astronaut », dont la diffusion sur la chaîne Dubai TV s’est achevée le mois dernier. Focus sur cette féministe libanaise, toute récente fondatrice de l’ONG She does science.

Rana Nicolas est un exemple vivant de ce qu’un système méritocratique peut offrir comme possibilités. Photo Rabih Maamary

Le 15 décembre dernier, le dernier épisode du programme Astronaut était diffusé sur Dubai TV. Financé par la chaîne émiratie et le Mohammed Bin Rashid Space center (MBRSC), une organisation gouvernementale dubaïote qui travaille sur le programme spatial des Émirats arabes unis, le concept de l’émission était de trouver parmi 500 participants le ou la futur(e) astronaute arabe qui sera envoyé(e) dans l’espace. Au total, pas moins de quatre mois et trente-trois épreuves mentales, intellectuelles et physiques entre mars et juin 2019 ont été nécessaires pour parvenir à l’élection du candidat idéal. Rana Nicolas, professeure de physique à la Lebanese American University (LAU), originaire de Ras Baalbeck et ayant grandi à Zahlé, est arrivée parmi les trois finalistes.

« J’ai été contactée au départ par le programme Astronaut qui cherchait des profils scientifiques pour les participants de l’émission. J’ai toujours eu la passion pour l’espace, et ils l’ont su sur les réseaux sociaux », explique cette jeune trentenaire. Mais une solide formation en sciences et une passion pour les planètes n’auraient pas suffi pour la sélectionner. Les recruteurs exigeaient aussi des participants une certaine force physique, ce qui tombait bien puisque Rana Nicolas est professeure de yoga à côté de son travail d’enseignante-chercheuse. Pour avoir une idée, parmi les 33 épreuves herculéennes que les candidats ont eu à accomplir, il y avait un combat contre le feu, qui a conduit la scientifique libanaise à être hospitalisée du fait des hautes températures auxquelles elle avait été exposée. « On a aussi effectué des exercices de simulations avec zéro gravité, des marches spatiales, et même des exercices de calculs oraux en pleine centrifugeuse (simulation de décollage). On a dû apprendre énormément de russe en une semaine… », se souvient-elle. Si les candidats ont dû apprendre cette langue, c’est parce que l’émission s’est déroulée en trois phases qui les ont conduits de Dubaï aux États-Unis, en passant par le centre d’entraînement des cosmonautes appelé Youri Gagarine à Moscou. De 500 ils passent à 24 candidats à Dubaï, puis 12, six sont envoyés à Moscou, puis enfin trois dans le centre de la NASA au Kennedy Space Center. « Aux États-Unis, nous étions trois finalistes, deux femmes et un homme, et le candidat émirati qui finira par gagner. Je suis fière d’avoir pu montrer que les Libanaises et les femmes arabes de manière générale sont fortes et capables d’être dans le domaine scientifique. »

Une physicienne qui a les pieds sur terre

Rana Nicolas est un exemple vivant de ce qu’un système méritocratique peut offrir comme possibilités. Elle qui a fait sa licence à l’UL puis a obtenu une bourse lui permettant d’effectuer un master en physique à l’AUB, elle est arrivée par son propre acharnement, obtenant des bourses pour ses résultats, s’extirpant à la fois de conditions sociales peu favorables et d’un pays dont les mentalités sont encore fortement imprégnées d’une morale patriarcale. « Je n’ai pas eu un parcours facile, j’ai commencé à travailler à l’âge de 18 ans. J’ai fait de l’événementiel, des cours particuliers... Je ne viens pas d’un milieu privilégié », insiste cette diplômée en nanotechnologie et photonique de l’université de Troyes, ayant fait deux ans en postdoctorat au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Paris. Elle dit aujourd’hui : « Toutes les femmes n’ont pas eu la chance que j’ai, et j’aimerais les aider. »

Joignant la parole aux actes, elle est actuellement en train de fonder She does science, une ONG qui vient tout juste d’être légalement immatriculée le mois dernier. « L’idée est d’encourager les femmes dans la science. On donne des bourses, on les aide à constituer des dossiers pour entrer aux universités. On se rend essentiellement dans les écoles publiques de filles dans le Akkar, la Békaa et le Nord. On organise des compétitions et des événements autour de la science, qui permettent d’octroyer des bourses aux gagnantes, pour l’égalité des chances ». En parallèle, elle fait de nombreuses interventions au sein des écoles et universités libanaises, toujours dans la même optique de pousser le sexe féminin à avoir plus de représentativité dans le domaine scientifique. « J’ai remarqué que beaucoup d’enfants et de jeunes étaient intéressés par le sujet de l’exploration spatiale. Quand je fais des conférences, je vois l’intérêt énorme que portent les filles pour la science. Pourtant, culturellement, les femmes sont encouragées à aller dans d’autres domaines que celui de la science. C’est ce qu’on essaye de changer », conclut-elle.



Le 15 décembre dernier, le dernier épisode du programme Astronaut était diffusé sur Dubai TV. Financé par la chaîne émiratie et le Mohammed Bin Rashid Space center (MBRSC), une organisation gouvernementale dubaïote qui travaille sur le programme spatial des Émirats arabes unis, le concept de l’émission était de trouver parmi 500 participants le ou la futur(e) astronaute arabe qui...

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