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Liban - Communautés

Le mandat du mufti de Tripoli vient à expiration dans quelques jours

Prorogation ou élection ? Dar el-Fatwa hésite.

Le mufti Malek Chaar. Photo Patricia Khoder/ Archives

À l’heure où les rapports entre le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, avec les candidats successifs au poste de Premier ministre désigné sont marqués du signe de l’ambiguïté, l’élection prochaine d’un nouveau mufti de Tripoli semble faire problème. Le mufti de la capitale du Liban-Nord, le cheikh Malek Chaar, a en effet atteint l’âge de la retraite (70 ans), et un remplaçant devrait légalement lui être désigné. Toutefois, le rôle joué par l’autorité religieuse dans les grandes villes sunnites étant politiquement qualifié, il est question de proroger son mandat, en attendant que le nouveau gouvernement soit formé et qu’une certaine stabilité politique s’installe dans le pays.

En fait, Malek Chaar a déjà atteint, depuis le 13 septembre 2018, l’âge de la retraite, et si son mandat était prorogé, ce serait pour la seconde fois. En effet, à la demande de Saad Hariri, aujourd’hui Premier ministre sortant, ce mandat avait été prorogé une première fois jusqu’au 31 décembre courant, c’est-à-dire dans quelques jours.



Trois options
Quelles options se présentent au mufti de la République, autorité de référence en la matière ? Il pourrait aller de l’avant, déclarer que le poste de mufti de Tripoli est vacant à compter du 1er janvier 2020 et fixer une date pour l’élection d’un successeur à Malek Chaar. Mais il pourrait aussi envisager de proroger son mandat de quelques mois, dans la perspective d’une stabilisation de la situation politique et de la formation d’un nouveau gouvernement. Enfin, il peut aussi déclarer le poste vacant et y désigner un intérimaire jusqu’à l’élection d’un nouveau mufti. Au stade actuel, cette fonction intérimaire serait en principe assumée par le cheikh Mohammad Iman, secrétaire général de l’instance sunnite à Tripoli, une personnalité respectée de tous et aimée, mais manquant de background politique. D’autres dignitaires religieux sont également pressentis pour ce poste, les cheikhs Bilal Baroudi et Abdel Rahman Ghazzaoui.

Notons à ce sujet que le député de Tripoli Nagib Mikati est en faveur de l’intérim de Mohammad Iman et qu’il s’en est ouvert tout récemment au mufti Deriane. Par contre, sondé par L’Orient-Le Jour, Moustapha Allouche (courant du Futur) penche en faveur d’un report momentané des élections. D’autres personnalités sunnites de Tripoli, comme Achraf Rifi, n’ont pas encore pris position, en attendant la décision finale de Dar el-Fatwa.



Collège électoral
Si certaines figures politiques ont leur mot à dire dans l’élection d’un mufti, les anciens ministres et députés, les fonctionnaires de première catégorie, les magistrats et les présidents d’ordres professionnels libéraux font partie d’office du corps électoral, au même titre que les hauts fonctionnaires et les responsables des prêches de l’institution. Or, dans les milieux concernés par l’élection, on s’interroge sur l’opportunité d’un vote et s’il n’est pas préférable d’ajouter aux figures politiques traditionnellement sondées celle du Premier ministre désigné, Hassane Diab.

On rappelle aussi dans ces milieux que par souci de correction politique, le mufti Abdellatif Deriane n’a toujours pas reçu à Dar el-Fatwa M. Diab pour éviter de heurter la sensibilité du chef du courant du Futur Saad Hariri, qu’il avait publiquement appuyé.

Plaide aussi en faveur d’une prorogation le fait que les mandats des muftis d’autres régions ( Zahlé-Békaa, Saïda, Rachaya, Hasbaya, Marjeyoun et Tyr) viennent également à expiration fin décembre et que beaucoup estiment que toutes ces élections pourraient se tenir le même jour.


De père sunnite et de mère grecque-orthodoxe
Élu le 27 décembre 2008, le mufti de Tripoli est considéré avant tout comme un homme de dialogue, qui prône un islam ouvert, tolérant et éclairé, dans une ville qui fut longtemps en proie à l’extrémisme.

Né de père sunnite de Tripoli et de mère grecque-orthodoxe originaire de Batroumine (Koura), le cheikh Malek Chaar est avant tout un rassembleur. À sa désignation, les cloches des églises du Koura ont sonné de joie.

Pourtant, le mufti de Tripoli a payé cher ses prises de position, surtout quand la ville était le théâtre de combats entre sunnites et alaouites. Doué du courage de la modération, il avait soutenu la décision du ministre de l’Intérieur d’enlever les banderoles noires plantées dans les diverses places de Tripoli frappées de l’inscription « La ilah ill’Allah » (Il n’y a de dieu que Dieu) et qui rappellent les drapeaux du groupe État islamique. Ses prises de position lui avaient valu dix mois et 23 jours d’exil à Paris entre 2014 et 2015.


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À l’heure où les rapports entre le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, avec les candidats successifs au poste de Premier ministre désigné sont marqués du signe de l’ambiguïté, l’élection prochaine d’un nouveau mufti de Tripoli semble faire problème. Le mufti de la capitale du Liban-Nord, le cheikh Malek Chaar, a en effet atteint l’âge de la retraite (70...

commentaires (2)

Kesrouanais de vieille souche qui remonte aux années 400 après J.-C., je souhaiterais du fond du coeur que le mandat du mufti de Tripoli cheikh Malek Chaar soit prorogé de quelques années. Le Liban a grand besoin d'hommes de religion de la trempe de cheikh Malek Chaar, champion de la modération et de la coexistence intercommunautaire dans notre cher et vieux pays. Chahine Bouez

Un Libanais

14 h 15, le 27 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • Kesrouanais de vieille souche qui remonte aux années 400 après J.-C., je souhaiterais du fond du coeur que le mandat du mufti de Tripoli cheikh Malek Chaar soit prorogé de quelques années. Le Liban a grand besoin d'hommes de religion de la trempe de cheikh Malek Chaar, champion de la modération et de la coexistence intercommunautaire dans notre cher et vieux pays. Chahine Bouez

    Un Libanais

    14 h 15, le 27 décembre 2019

  • FAUT PROROGER OU REELIRE LE MUFTI CHAAR. UN HOMME MODERE ET PATRIOTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 45, le 27 décembre 2019

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