Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Macron acte la fin du franc CFA

« L’éco verra le jour en 2020 », a déclaré le président français.


Le président français Emmanuel Macron hier à Niamey. Ludovic Marin/POOL/AFP

Emmanuel Macron s’est posé samedi à Abidjan en défenseur d’une relation « décomplexée » de la France avec l’Afrique en annonçant la fin prochaine du franc CFA, l’un des derniers vestiges de la « Françafrique », et appelant à « bâtir une nouvelle page » après le « colonialisme » qui fut « une faute de la République ».

« L’éco verra le jour en 2020, je m’en félicite », a déclaré le président français en citant le nom de la monnaie commune qui doit remplacer le franc CFA dans huit pays francophones de l’Afrique de l’Ouest. Il a acté cette « réforme historique majeure » avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara, qui a détaillé l’accord conclu entre les huit pays qu’il représentait (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), et la France. Prendra ainsi fin la longue histoire du « franc des colonies françaises d’Afrique », créé en 1945, qui est devenu le « franc de la Communauté financière africaine » après les indépendances des années 1960. Mais le franc CFA était « perçu comme l’un des vestiges de la Françafrique », a reconnu Emmanuel Macron, en indiquant avoir « entendu » les critiques ayant enflé ces dernières années au sujet de cette monnaie. Emmanuel Macron a dit « assumer » la nouvelle situation que ces changements créaient pour la France en Afrique de l’Ouest, son ancien précarré, avec laquelle Paris doit « bâtir une relation nouvelle, à la fois passionnée et décomplexée ». Il a ainsi repris les principaux axes du discours « fondateur » sur les relations franco-africaines qu’il avait prononcé à Ouagadougou quelques mois après son élection en 2017. L’abandon du CFA et cette relation nouvelle pourraient, selon lui, changer l’image de la France : « Trop souvent aujourd’hui la France est perçue “comme ayant” un regard d’hégémonie et des oripeaux d’un colonialisme qui a été une erreur profonde, une faute de la République », a-t-il déclaré. En 2017, alors candidat à la présidence, M. Macron avait créé une polémique en parlant de « crime contre l’humanité ».

« Un tournant »

Arrivé dans l’après-midi à Niamey, où il s’est recueilli devant les tombes des 71 soldats nigériens tués en décembre, Emmanuel Macron a déclaré que la lutte contre le jihadisme au Sahel était à « un tournant », appelant les pays de la zone à redéfinir « plus clairement les objectifs ».

« Les semaines qui viennent sont absolument décisives pour le combat que nous menons contre le terrorisme. Nous sommes à un tournant de cette guerre. Il nous faut (...) redéfinir plus clairement les objectifs à l’occasion du sommet de Pau le 13 janvier », a affirmé le président Macron aux côtés de son homologue nigérien Mahamadou Issoufou. « Il faut définir de manière beaucoup plus claire les objectifs militaires, politiques et de développement pour les 6, 12 et 18 prochains mois », a souligné M. Macron.

« Je ne suis pas là pour stigmatiser tel ou tel (pays) », a-t-il répondu, alors qu’il était interrogé sur sa phrase de la veille à Abidjan (« Si cette clarté politique n’est pas établie, la France dans certains pays en tirera toutes les conséquences »). « Je vois des mouvements d’opposition, des groupes qui dénoncent la présence française comme une présence impérialiste néocoloniale (...) Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments antifrançais. Je ne peux pas accepter d’envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande (de présence française) n’est pas clairement assumée », a-t-il poursuivi.

« Quand il parle de clarification, le président Macron vise IBK (Ibrahim Boubacar Keita, le président malien) et Kaboré (Roch Marc Christian Kaboré, le président burkinabè) », avait récemment précisé une source sécuritaire.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou, allié du président français Emmanuel Macron dans sa vision de la lutte contre le jihadisme, a dévoilé pour sa part que les pays du Sahel et la France lanceront « un appel à la solidarité internationale » lors du sommet de Pau. « Je pense qu’à Pau nous lancerons un appel à la solidarité internationale pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat, afin qu’on puisse mettre en place la coalition internationale la plus large possible contre ce fléau », a-t-il déclaré. Le président Issoufou a rappelé que le Niger consacrait « 19 % de ses ressources budgétaires dans le combat contre le terrorisme », soulignant aussi que la « France emploie beaucoup de ressources ». « La menace du terrorisme est une menace planétaire, elle nécessite une riposte à l’échelle de la planète », a-t-il poursuivi.

« Si les Européens ne s’engagent pas, ils auront à faire cette guerre sur leur territoire. Il faut endiguer le terrorisme au Sahel », a-t-il lancé, rappelant que le jihadisme avait aussi un impact sur les économies africaines alors que « 10 millions de jeunes Africains » arrivent sur le marché de l’emploi chaque année. Il a ainsi évoqué « l’immigration clandestine » et averti : « Ce qui se passe ici aura des conséquences en Europe. »

Source : AFP

Emmanuel Macron s’est posé samedi à Abidjan en défenseur d’une relation « décomplexée » de la France avec l’Afrique en annonçant la fin prochaine du franc CFA, l’un des derniers vestiges de la « Françafrique », et appelant à « bâtir une nouvelle page » après le « colonialisme » qui fut « une faute de la...

commentaires (2)

C'est encore très flou, attendons la fin de l'histoire pour comprendre ce que cache cet élan de douteuse " générosité " d'un pays colonial qui a escroqué ces pauvres pays africains qui voient leurs populations poussées à l'immigration. Ou alors voyant son influence se réduire en Afrique face à l'avancée des chinois, des russes des indiens des turcs des marocains etc... cette petite puissance a voulu lâcher du lest pour rattraper le coup. Un peu de patience. Never rush one hot soup.

FRIK-A-FRAK

18 h 04, le 23 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • C'est encore très flou, attendons la fin de l'histoire pour comprendre ce que cache cet élan de douteuse " générosité " d'un pays colonial qui a escroqué ces pauvres pays africains qui voient leurs populations poussées à l'immigration. Ou alors voyant son influence se réduire en Afrique face à l'avancée des chinois, des russes des indiens des turcs des marocains etc... cette petite puissance a voulu lâcher du lest pour rattraper le coup. Un peu de patience. Never rush one hot soup.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 04, le 23 décembre 2019

  • Une initiative louable et qui aurait dû être prise il y a bien longtemps!

    Wlek Sanferlou

    15 h 44, le 23 décembre 2019

Retour en haut