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Liban - Forum international sur les réfugiés

« Ce qui s’est passé en Syrie risque de se produire au Liban », avertit Bassil

Des Libanais interdits de manifester à Genève contre la venue du ministre sortant des Affaires étrangères.

Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Photo d’archives Reuters/Mohammad Azakir

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui participait mardi à Genève au premier Forum mondial sur les réfugiés, a mis en garde contre l’éclatement d’un conflit au Liban qui serait similaire à celui qui ravage la Syrie depuis 2011.

Des expatriés libanais, favorables à la révolte populaire et qui s’opposaient à la venue de M. Bassil à Genève, ont dans ce contexte été empêchés de manifester devant le siège où se déroule le forum.

Ce forum, qui se tient un an après l’adoption à New York d’un pacte sur les réfugiés aux Nations unies, est censé donner un nouvel élan à la gestion des déplacés, plus nombreux que jamais, mais a surtout permis, dès son ouverture, de mettre en évidence les fortes dissensions internationales sur ce sujet hautement inflammable.

Le prix politique

« Rarement une population qui accueille des déplacés devient elle-même menacée de déplacement. (...) Le Liban est le seul pays où ses habitants, au summum de leur colère et de leurs revendications, ne s’en sont pas pris aux déplacés qu’ils accueillent à bras ouverts, malgré le fait que la présence de ces déplacés est l’une des causes de la crise économique qui sévit dans le pays », a estimé M. Bassil, dans son allocution lors du forum, en rappelant que le Liban accueille plus de 1,5 million de réfugiés syriens.

S’adressant aux participants, le ministre libanais sortant a dit : « Je vous implore de vous tenir aux côtés du Liban et d’empêcher son effondrement, afin qu’il reste une nation exemplaire dans la lutte contre l’extrémisme et pour que les guerres économiques ne poussent pas sa population et ses invités (les réfugiés syriens) à sauter dans le premier bateau, en quête d’un nouvel asile au sein de vos pays (...). » Gebran Bassil a ensuite prévenu que « la catastrophe que représenterait un éventuel effondrement du Liban impliquerait qu’aucun pays de par le monde n’oserait plus accueillir de déplacés ».

« Je suis conscient que nous payons le prix politique de notre approche de la question de la migration, en nous opposant au principe de l’intégration qui mène à l’implantation. Nous avons toujours appelé à organiser un retour sécurisé, par étapes et digne, pour les déplacés syriens vers les régions sûres dans leur pays, et nous avons mis en garde contre le fait que nombre d’entre eux puissent se transformer en demandeurs d’emplois et non d’asile sûr », a en outre affirmé Gebran Bassil. « Aujourd’hui, nous observons un retour volontaire de plus en plus considérable, avec une moyenne de 1 000 retours par jour, en raison de la détérioration de la situation économique au Liban », a-t-il également souligné.

« Ce qui s’est passé en Syrie »

« (...) Toutes nos peurs se concrétisent, et le plus dangereux, c’est que les réfugiés, qui sont des victimes, soient instrumentalisés au service des guerres des autres sur notre territoire », a déploré Gebran Bassil. « Mon avertissement aujourd’hui est le suivant : des centaines de milliers de Libanais, de Syriens et de Palestiniens pourraient quitter le Liban et se rendre chez vous, en raison de ce qui se trame contre nous », a insisté le ministre libanais. « J’espère avoir tort, afin que nous puissions ensemble échapper aux dangers des réfugiés et du poids de l’intégration dont l’Europe paie le prix (...). »

Et M. Bassil de conclure : « La situation ne présage rien de bon. Ce qui s’est passé en Syrie risque de se produire au Liban et cela prouve qu’on veut détruire un pays et chasser un peuple, car on le force à accepter des remèdes politiques préfabriqués. Est-cela que l’on cherche à appliquer au Liban ? La question des migrants et des réfugiés est une responsabilité partagée. Soit vous assumez son fardeau, soit vous assumez ses conséquences. Préservez le Liban et laissez son peuple vivre, car il mérite la vie. »

Manifestation interdite

Des membres du regroupement Meghterbin Mejtemiin, proche de la révolte populaire et qui avait organisé la venue au Liban d’expatriés pour participer aux célébrations de la fête de l’Indépendance, ont voulu manifester mardi contre la venue de M. Bassil. Ils ont toutefois été interdits de manifester devant le Palais des nations où se déroulent les travaux du forum.

« La police cantonale ne leur a pas accordé le permis de manifester, invoquant des mesures sécuritaires liées à la conférence », précise à L’Orient-Le Jour Zeina, une Libanaise résidant en Suisse. Les militants ont été ensuite empêchés, « toujours pour des mesures sécuritaires » de se regrouper devant l’Hôtel intercontinental de Genève pour y attendre Gebran Bassil.

Le regroupement Meghterbin Mejtemiin de Genève avait envoyé plus tôt une lettre au chef du département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse, Ignazio Cassis, et au haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, leur demandant « de reconsidérer » la participation de M. Bassil au forum. Au cœur des raisons invoquées dans la lettre, les propos du ministre sortant sur « la supériorité de la libanité » et sur la transmission de la nationalité libanaise « par les femmes libanaises mariées à des étrangers, à condition que leurs maris ne soient ni syriens ni palestiniens, autrement dit des réfugiés ».

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui participait mardi à Genève au premier Forum mondial sur les réfugiés, a mis en garde contre l’éclatement d’un conflit au Liban qui serait similaire à celui qui ravage la Syrie depuis 2011.Des expatriés libanais, favorables à la révolte populaire et qui s’opposaient à la venue de M. Bassil à Genève, ont dans ce...

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