Forum mondial sur les réfugiés : des Libanais interdits de manifester à Genève contre Bassil

Des expatriés libanais en Suisse hostiles à la participation du ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil au Forum mondial sur les réfugiés, qui entame ses travaux ce 17 décembre à Genève, ont été interdits de manifester contre la venue du responsable libanais.

Membres du regroupement Meghterbin Mejtemiin, proche de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre contre la classe politique, et qui avait organisé la venue au Liban d’expatriés pour participer aux célébrations de la fête de l’Indépendance, ces Libanais ont été interdits de manifester sur la place des Nations, devant le Palais des nations où se déroulent les travaux du premier Forum international sur les réfugiés.

"La police cantonale ne leur a pas accordé le permis de manifester, invoquant des mesures sécuritaires liées à la conférence", précise à L’Orient-Le Jour Zeina, une Libanaise résidant en Suisse, qui "soutient la révolte populaire pour une nouvelle classe politique intègre et professionnelle". Les militants libanais ont alors tenté de trouver une solution de repli.  "Ils ont fait part de leur intention de se regrouper devant l’Hôtel Intercontinental de Genève, où les délégations libanaises logent d’habitude, pour y attendre Gebran Bassil. Mais leur initiative a une nouvelle fois été refusée par les autorités genevoises, toujours pour cause de mesures sécuritaires", rapporte encore l’expatriée.

Le regroupement Meghterbin Mejtemiin de Genève avait envoyé plus tôt une lettre au Chef du département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse, Ignazio Cassis et au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, leur demandant "de reconsidérer" la participation de Gebran Bassil au premier Forum mondial sur les réfugiés. Au cœur des raisons invoquées dans la lettre, les propos du ministre libanais sortant sur "la supériorité de la libanité", et sur la transmission de la nationalité libanaise "par les femmes libanaises mariées à des étrangers, à condition que leurs maris ne soient ni Syriens ni Palestiniens, autrement dit, des réfugiés". "Comment est-il possible que les hôtes de ce Forum international puissent accepter que le Liban soit représenté par un ministre qui viole le principe fondamental de la déclaration des droits humains… ?", demandait encore la lettre signée par le regroupement.

Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, est l'une des figures les plus conspuées par la rue qui réclame la formation d'un nouveau gouvernement entièrement composé de figures indépendantes politiquement, après la démission du cabinet de Saad Hariri, le 29 octobre, sous la pression de la rue.