Maroc : Mohammed VI désigne les membres d'une commission pour le développement

Le roi du Maroc Mohammed VI a désigné les membres d'une commission spéciale chargée de repenser le modèle de développement et de réduire les disparités sociales dans le royaume, agité ces dernières années par plusieurs mouvements de contestation.

Présidée par Chakib Benmoussa, actuel ambassadeur du Maroc en France, et composée de 35 membres dont dix femmes, la commission doit soumettre au roi un rapport "d'ici l'été prochain" contenant les "inflexions souhaitables et des initiatives concrètes" pour "adapter le modèle de développement" marocain, est-il indiqué dans un communiqué du cabinet royal publié jeudi. Dotée d'un statut consultatif, elle compte de hauts responsables, comme l'actuel président de la Cour des comptes Driss Jettou, mais aussi certaines personnalités connues pour leur opinions critiques, comme l'homme d'affaires Karim Tazi.

Plusieurs rapports marocains et internationaux ont récemment alerté sur le creusement des disparités sociales dans le pays, touchant en particulier les jeunes de 15 à 24 ans dont un quart ne font pas d'études et sont au chômage, selon des données officielles.

En octobre 2017, le roi Mohammed VI avait appelé dans un discours à repenser le modèle de développement du pays, l'estimant incapable de répondre "aux besoins croissants des citoyens et de réduire les disparités". Cet appel s'inscrivait dans le contexte de mouvements de contestation aux revendications socio-économiques.

Après des protestations ayant secoué la région du Rif (nord) en 2016-2017, des manifestations contre la pénurie d'emplois ont eu lieu à Jerada (nord-est), suivies d'une vaste campagne de boycott économique contre la "cherté de la vie" en 2018.

"Le Maroc est un des pays les plus inégalitaires du nord de l'Afrique", a souligné l'ONG Oxfam dans un rapport publié en avril.

Selon l'ONG, en 2018, "les trois milliardaires marocains les plus riches détenaient à eux seuls 4,5 milliards de dollars, tandis qu'à l'extrême opposé, 1,6 million de personnes" sur 35 millions d'habitants étaient en "situation de pauvreté".