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La Consolidation de la paix au Liban - Décembre 2019

«Qudwa» Un Programme de l’UNICEF pour Protéger les Femmes et les Enfants

Grâce aux ONG locales, des filles sont sauvées du mariage précoce et des garçons reprennent le chemin des instituts techniques.

© UNICEF

«Mon père a voulu que je me fiance. Il y avait un jeune homme originaire d’Alep dont la famille vit au Liban depuis plusieurs années qui voulait m’épouser. J’ai réussi avec l’aide de ma mère à dissuader mon père. Je ne veux pas me marier avant l’âge de 18 ans », raconte Farah, 15 ans, originaire d’Idleb, qui vit depuis huit ans au Liban. Farah est l’aînée d’une famille composée de sept filles. Elle habite le village de Kleïate dans le Akkar et elle a bénéficié tout comme sa mère Fatima d’une formation dispensée par l’ONG « Akkar Network for Development » (AND) sur la base d’un programme de l’Unicef baptisé « Qudwa ». Ce programme est mis en place en coopération avec le Ministère Libanais des Affaires Sociales et a pour but, entre autres, de prévenir le travail des enfants, le mariage des adolescentes et la violence à l’égard des femmes au foyer.

« J’ai eu surtout peur des responsabilités à assumer si je me mariais, des complications en cas d’accouchement. J’ai eu peur aussi de tomber sur un mari violent », rapporte Farah qui a quitté l’école l’année dernière et rêve de devenir coiffeuse. Elle répète ainsi ce qu’elle a appris lors de la session dispensée par l’AND.

« Je ne veux pas que ma fille se marie avant l’âge de 18 ans », renchérit Fatima, « Je me battrai jusqu’au bout pour mes sept enfants. Je veux que mes filles aient malgré tout une enfance normale », estime-t-elle.

Dans la Békaa, un jeune adolescent bénéficie du même programme, mis en place par l’ONG « Himaya ». Ahmed, 14 ans, a quitté à l’âge de 11 ans le district de Serghaya en Syrie pour s’installer avec sa mère son jeune frère et ses sœurs à Baalbeck. Il a sa famille à charge, dont une sœur divorcée avec un nourrisson.

Ahmed avoue n’avoir jamais aimé l’école, même quand il était en Syrie. Quand il s’est installé au Liban, il s’est mis à travailler dans un café Internet, tous les jours de 9h à 1h du matin soit (16 heures par jour) pour 5000 livres la journée. « C’était très fatigant, en plus, les clients me frappaient, me donnaient des tapes très fortes dans le dos et le cou. Je n’avais que 11 ans », se souvient-il.

Aujourd’hui, grâce à l’intervention de « Himaya », Ahmed a pu suivre un module de remise à niveau, où il réapprend à nouveau à lire et à écrire. Il devrait ensuite effectuer une formation technique. Il compte devenir mécanicien. « C’est un métier qui me permettra de bien gagner ma vie », espère-t-il.

« Le programme « Qudwa » a pour but de développer un environnement favorable à l’adoption de comportements protecteurs relatifs aux femmes, aux filles et aux garçons, de promouvoir des attitudes individuelles positives vis-à-vis de la promotion des soins, des comportements non violents et de l'autonomisation des filles et des femmes », souligne l’Unicef. « Ce sont les communautés ciblées qui sont habilitées à agir et à diriger le changement. Ce programme comprend environ 38 activités axées sur le divertissement éducatif, l’engagement communautaire, la mobilisation sociale et le renforcement des capacités », ajoute-t-on de même source.

Il n’en demeure pas moins que le changement dans les comportements sociaux prend du temps pour se faire sentir. Il faudra des années pour le quantifier. Et pourtant déjà dans la Békaa et au Liban-Nord, où le programme est mis en place, de petites modifications sociales se font ressentir, notamment en ce qui concerne la violence conjugale, la protection des enfants ou encore le rôle de la femme dans la famille.

Patricia Khoder est Journaliste à L'Orient-Le Jour



Les articles, enquêtes, entrevues et autres, rapportés dans ce supplément n’expriment pas nécessairement l’avis du Programme des Nations Unies pour le développement, ni celui de L'Orient-Le Jour, et ne reflètent pas le point de vue du Pnud ou de L'Orient-Le Jour. Les auteurs des articles assument seuls la responsabilité de la teneur de leur contribution.

«Mon père a voulu que je me fiance. Il y avait un jeune homme originaire d’Alep dont la famille vit au Liban depuis plusieurs années qui voulait m’épouser. J’ai réussi avec l’aide de ma mère à dissuader mon père. Je ne veux pas me marier avant l’âge de 18 ans », raconte Farah, 15 ans, originaire d’Idleb, qui vit depuis huit ans au Liban. Farah est l’aînée d’une...

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