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Liban - Hommage

Gebran Tuéni, cette révolution aurait été tienne

Gebran Tuéni. Archives L’Orient-Le Jour

Mon cher Gebran,

Voici quatorze ans que tu es parti et c’est tous les jours comme si c’était hier.

Quatorze ans que j’assiste inlassablement à la triste commémoration de ton départ, et je me demande toujours si j’ai vraiment besoin d’être là, moi qui tous les jours te parle, te raconte ce que probablement tu sais déjà et qui te tue de nouveau, tous les jours.

Comme tu disais si bien en citant Jean Gabin, « je ne sais rien », mais moi je sais que si tu étais encore là, tu aurais courageusement exposé toutes leurs exactions, leurs vols, leurs magouilles, leurs disputes, leurs luttes fratricides, leurs coups fourrés, leurs entourloupes. D’une manière ou d’une autre, tu y aurais veillé, au risque de le payer de ta vie tous les jours.

Tu aurais aussi veillé à ce que les libertés soient préservées, toi LE défenseur entre tous, qui, malgré vos différends et vos différences, t’étais solidarisé avec le Hezbollah quand, en 2005, la France avait interdit al-Manar d’antenne.

Tu aurais inlassablement, toutes les semaines, de ta tribune du Nahar, fustigé et stigmatisé les arrestations arbitraires de journalistes, artistes, étudiants et autres révolutionnaires !

Les révolutionnaires… La révolution…

Oui, cette révolution, cette fête presque sans précédent dans l’histoire du Liban aurait été tienne, je sais aussi que tu l’avais longtemps rêvée…

Révolution. Thaoura …

Député ou pas, tu l’aurais adoptée, sinon provoquée.

Les « kellon yaané kellon » t’auraient-ils visé ? Peu importe. Tu l’aurais quand même applaudie, encouragée, soutenue.

Comme en 2005, tu aurais inconditionnellement ouvert le Nahar aux révolutionnaires.

Tes filles, qui ne sont pas étrangères au mouvement, tu les aurais exhortées à faire plus, à aller plus loin, tu aurais été fier d’elles…

Tu aurais affirmé et mille fois confirmé que la révolution est FEMME !

Oui Gebran, quatorze ans plus tard, cette révolution donne enfin un sens à ton martyre. C’est la première fois qu’à la messe annuelle pour commémorer ton assassinat, l’on ne tenait plus en place, l’on se chuchotait des histoires, l’on s’impatientait, l’on bouillonnait, l’on parlait de toi, un peu gaiement, comme si l’on savait que de là où tu es, tu aimes, tu approuves. D’ailleurs, parler de révolution lors d’une messe à ta mémoire, n’est-ce pas une messe en soi ?

Non Gebran, ce « kellon yaané kellon » ne t’aurait pas inclus… Tu as toujours été différent. C’est d’ailleurs pour ça que tu n’es plus là, qu’ils t’ont arraché aux tiens. Parce que tu aurais refusé de te vautrer dans les compromis lâches et visqueux qui ont débouché sur ce monstre tentaculaire que tu as toujours combattu de toutes tes forces.

Notre victoire sera la tienne. C’est une promesse.

Shirine ABDALLAH

Ancienne chef de cabinet de Gebran Tuéni

Mon cher Gebran, Voici quatorze ans que tu es parti et c’est tous les jours comme si c’était hier. Quatorze ans que j’assiste inlassablement à la triste commémoration de ton départ, et je me demande toujours si j’ai vraiment besoin d’être là, moi qui tous les jours te parle, te raconte ce que probablement tu sais déjà et qui te tue de nouveau, tous les jours. Comme tu disais si...

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