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Pétrole : l'Opep en quête d'un accord pour accentuer ses quotas

Photo d'illustration Alexander Klein/AFP

Une vingtaine de pays producteurs de pétrole, qui pompent environ la moitié du brut mondial, tentent vendredi d'arracher un accord pour accentuer leur baisse de production destinée à soutenir les cours, malgré des tiraillements sur la répartition de l'effort à accomplir.

"Il est extrêmement important, dans les conditions actuelles, d'envoyer un message très clair au marché", a déclaré en ouverture de session le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak.

Revenant sur les discussions de la veille qui se sont terminées tard dans la soirée, le nouveau ministre saoudien de l'Energie, Abdel Aziz ben Salmane, demi-frère du puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, a souligné les efforts intenses déployés pour "essayer de trouver un bon accord".

Un premier marathon de réunions jeudi à Vienne n'a pas permis aux 14 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie Saoudite, de trancher toutes les questions sur la prolongation du pacte qui les lie depuis fin 2016 à un groupe de partenaires, dont la Russie.

Après s'être quittés dans la nuit, les ministres saoudien et vénézuélien s'étaient montrés confiants qu'une entente puisse être trouvée lors d'une nouveau cycle de rencontres qui a démarré vendredi au siège de l'organisation.

Rarement les ministres du cartel sont restés aussi mystérieux sur leurs intentions, annulant plusieurs rendez-vous avec la presse. "Il n'y a pas de problème du tout, juste une discussion", a voulu rassurer le représentant libyen, à la reprise des négociations, en fin de matinée.

Pris en étau entre une croissance mondiale morose, des stocks de pétrole abondants et des cours toujours fragiles, l'Opep et ses partenaires ont fait le choix il y a un an de brider leur production, amputée de 1,2 million de barils par jour (mbj) par rapport au niveau d'octobre 2018. Cet accord arrive à échéance en mars 2020.

Alors qu'une simple prolongation de l'accord était l'option initialement privilégiée, les ministres peaufinent, selon plusieurs sources, une réduction supplémentaire d'environ 500.000 barils au premier trimestre de 2020. Ce quota serait réévalué en mars, selon M. Novak. Cette option plus radicale n'a guère fait réagir les marchés qui y voit une forme de trompe-l'oeil.

La baisse de 500.000 barils "semble une bonne chose mais se contente de refléter la réalité" puisque l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, produit déjà en-dessous de son quota, observe Neil Wilson, analyste chez Market.com. Et "à ce stade l'accord ne vaut que pour le premier trimestre 2020", ajoute-t-il, pointant le risque que la décision ne soit "pas à la hauteur des attentes".

L'Arabie saoudite supporte déjà l'essentiel des baisses de production, incitée à la discipline par l'enjeu que représente l'ouverture du capital de sa compagnie nationale Aramco.

Bonne nouvelle pour Riyad: le géant pétrolier, qui produit environ 10% du brut mondial, a annoncé jeudi être parvenu parvenu à lever 25,6 milliards de dollars pour ce qui va devenir la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire. Mais Abdel Aziz ben Salmane s'agace du non-respect des objectifs de production par plusieurs pays, comme l'Irak et le Nigeria, qui pompent au-delà de leur quota. La Russie, deuxième producteur mondial, dépasse aussi régulièrement le plafond fixé.

Si l'Opep et ses alliés s'entendent pour resserrer les vannes, encore faut-il "clarifier les détails et voir comment cela sera réparti", a expliqué à l'AFP David Fyfe, analyste chez Argus Media.

Le contexte économique mondial laisse peu de marge au cartel: la guerre commerciale pèse sur la croissance chinoise, très gourmande en pétrole, tandis que celle de l'Europe, autre zone de forte demande, reste faible. Les niveaux de production des pays non membres de l'Opep battent des records: les États-Unis, premier producteur mondial depuis 2018, extraient de grandes quantités de pétrole de schiste, le Brésil et le Canada ont également augmenté leur production et d'autres, comme la Norvège, projettent de le faire.

Les cours sont relativement stables depuis la précédente réunion, en juillet, tournant autour des 60 dollars le baril pour le Brent - la référence européenne.

L'alliance scellée il y a trois ans entre l'Opep et une dizaine de partenaires, connue sous le nom d'"Opep+", vise à leur permettre de peser d'avantage sur les marchés face au boom de la production américaine. Après une rencontre inédite jeudi entre des militants pro-climat et le secrétaire général de l'Opep Mohammed Barkindo, une manifestation contre la pollution des énergies fossiles comme le pétrole est prévue vendredi après-midi près du siège de l'organisation.

Une vingtaine de pays producteurs de pétrole, qui pompent environ la moitié du brut mondial, tentent vendredi d'arracher un accord pour accentuer leur baisse de production destinée à soutenir les cours, malgré des tiraillements sur la répartition de l'effort à accomplir."Il est extrêmement important, dans les conditions actuelles, d'envoyer un message très clair au marché", a déclaré...